Le « K » de l’abbé Boudet
Dans son ouvrage de référence, consacré à un certain volet de l’affaire des Deux-Rennes et intitulé : « Rennes-le-Château - Voyage au centre de l’affaire » (Éditions Pégase - 2014), le chercheur-auteur Michel Azens aborde une série de thématiques, aussi novatrices que probantes, et propose au lecteur une hypothèse que je considère, à titre tout à fait personnel, comme déterminante.
Pourtant, bien que recommandant vivement la lecture de cet ouvrage passionnant aux chercheurs désireux de travailler sérieusement sur notre belle affaire, ce n’est pas aux hypothèses et propositions brillamment développées par Michel Azens que cette étude est consacrée, mais, plus précisément, à l’un des documents qui y figure. Un document qui, au travers d’une singularité orthographique, pourrait apporter un éclairage nouveau sur le prétendu message qu’aurait souhaité faire passer à la postérité l’abbé Henri Boudet, curé de Rennes-les-Bains de 1872 à 1914.
Procédons par étapes. À la page 16 de son livre, Michel Azens met à notre disposition le fac-similé photographique d’une lettre adressée par l’abbé Boudet au savant et linguiste basque Antoine d’Abbadie d’Arrast. Le courrier, daté du 26 janvier 1887, accompagnait l’envoi d’un exemplaire dédicacé de « La Vraie Langue Celtique » à Antoine d’Abbadie qui résidait, à l’époque, en son château-observatoire situé à Hendaye, au Pays Basque.
Il me semble intéressant de préciser que le livre et le courrier de l’abbé Boudet furent confiés aux bons soins d’une éminente personnalité toulousaine... Joseph du Bourg. Marie Gabriel Joseph Du Bourg (1842-1936) fut l’un des membres les plus « emblématiques » du courant royaliste-légitimiste du Languedoc et, insigne honneur, fit partie de l’entourage proche du Comte de Chambord, pressenti un temps afin de devenir roi sous le nom de Henri V. Joseph Du Bourg fut, à ce titre, institué en 1875 représentant de l’héritier légitime du trône de France dans les onze départements du Sud-Ouest.
Joseph Du Bourg fut l’un des rares « légitimistes » qui assista aux entrevues du Comte de Chambord et du Comte de Paris au château de Frohsdorf, en Autriche. Il publiera, en 1910, un livre qui créera la polémique « Les entrevues des princes à Frohsdorf, 1873 et 1883, la vérité et la légende ».
En effet, bien que faisant partie de ce qui fut appelé « la petite église de Frohsdorf », il avait érigé la succession du Comte de Chambord en une mission quasi-divine. Selon lui, l’affaire était entendue, quel que soit le gouvernement en place : « pas de ralliement aux Orléans… pas de ralliement à la République ». Il fut de ceux qui, en 1883, au décès du Comte de Chambord, crièrent : « Vive le Roi… quand même ».
Le Comte de Chambord… Henri V
Don Carlos, nommé Charles XI, successeur légitime du Comte de Chambord chargera, le 11 juin 1889, Joseph Du Bourg d’aller déposer à Paray le Monial un document solennel consacrant sa personne et la France au Sacré Cœur. Joseph du Bourg et les derniers légitimistes furent surnommés : « les Courtisans de l’impossible » ce qui résumait, d’une manière impitoyable, le caractère tragique et vain de leur démarche.
Il me paraissait important, avant de reprendre le droit fil de cette étude, de mettre en évidence l’intéressante proximité de l’abbé Henri Boudet, petit curé d’un village de 492 âmes, avec un membre de la haute noblesse occitane... figurant parmi les proches d’un potentiel Roi de France.
Le courrier du curé de Rennes-les-Bains au savant basque Antoine d’Abbadie, tel que mis à notre disposition par Michel Azens, nous permet donc de déceler une particularité d’écriture qui ne laisse pas d’interroger.
En effet, à la cinquième ligne, pour peu que l’on se munisse d’une bonne loupe, on peut remarquer une étrange correction scripturaire du curé de Rennes-les-Bains. D’ailleurs, plus qu’une simple correction, il semble que l’abbé Boudet ait plutôt procédé à une modification... la transformation d’un « h » en « k ».
Comme, deux lignes plus haut, le mot « honneur » est employé par Henri Boudet, il nous est loisible de comparer sa manière de calligraphier la lettre « h » en minuscule. Le résultat me semble éloquent... même façon de rédiger les « h » et ajout manifeste d’une barre pour le transformer en « k ».
Pourquoi donc, un an après la publication de son livre : « La Vraie langue Celtique et le Cromleck de Rennes-les Bains », l’abbé Henri Boudet aura t-il tenu à corriger le mot « cromlech » en « cromleck », dans le corps d’un courrier personnel ?
Un mot qui constitue, en outre, le principal marqueur de son ouvrage.
D’autant que, si l’on se réfère à un autre extrait manuscrit de l’abbé Boudet, tiré cette fois de son « (Étymologie) du nom de Narbonne », nous pouvons nous rendre compte que ce dernier utilisait une graphie on ne peut plus « classique » pour former la lettre « k », que ce soit en lettres minuscules ou majuscules.
Certes, on pourra m’objecter, à juste titre, qu’au XIXe siècle il était, parfois, d’usage d’employer le mot « cromlek » pour désigner les cercles de pierres de l’époque mégalithique. D’ailleurs, l’abbé Auguste Voisin, en 1852 dans son ouvrage : « Les Cénomans anciens et modernes, histoire du département de la Sarthe» indique : « Homère, en décrivant le bouclier d’Achille, parle du conseil des vieillards assis sur les pierres d’un cromlek ». De la même manière, dans le Bulletin des Amis de Montluçon, en 1912, on peut lire : « La cime du Ré de Sol présente au milieu d’un cromlek une sorte de grotte où s’abritait un dragon monstrueux » et « Tout autour de ces Mégalithes un grand nombre de pierres coniques forment un cromlek limitant une enceinte circulaire ».
Je prends acte de ces éléments étymologiques de première importance, mais, dans le cas qui nous occupe, ils ne constituent, en aucune façon, une explication plausible à l’étrange « correction » de l’abbé Boudet.
En effet, il est définitivement établi que l’autre orthographe « autorisée », pour ce qui relève du terme relatif aux cercles de pierre mégalithiques, était bien « cromlek »... sans « c » avant le « k ».
Hors... le mot employé par l’auteur de «La Vraie Langue Celtique », que ce soit dans le titre du livre ou dans le corps de texte est bien : « cromleck »... avec les deux lettres « c » et « k » à la fin. Un mot que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans la littérature spécialisée. C’est donc bien un néologisme qui figure, en titre, sur la couverture du livre de l’abbé Henri Boudet.
Pourquoi donc celui-ci se sentira t-il donc obligé, un an après publication de son ouvrage, de corriger le mot « cromlech », afin de lui substituer une orthographe fautive ? Mystère !
Je ne doute pas un instant que les mystagogues et autres exégètes ésotérisants de « La Vraie Langue Celtique », fervents adeptes d’une « cryptographie » du livre de l’abbé Boudet ainsi que de la présence obligatoire d’un mystérieux message caché, m’objecteront que cette faute d’orthographe était voulue... et qu’elle en constitue, bien évidemment, une « clé ».
Après tout, les deux mots « ménirs » qui figurent dans la légende de la carte de Rennes les Bains, en fin d’ouvrage, ne sont-ils pas exempts de « h »... alors que le terme en comporte un à la page 163 ? Et puis, à la page 25 du livre, le mot « Neimheid » n’est-il pas orthographié cinq fois avec un « h » central... alors qu’il n’en possède point les 32 autres fois où il apparait dans « La Vraie Langue Celtique » ?
Je reconnais, bien volontiers, que ce « jeu de haches » est à la fois fort sympathique et très romanesque... cela ressemble presque à du Maurice Leblanc. Mais, une fois que l’on a dit cela... quoi de nouveau sous le soleil ?
À titre personnel, je pense que l’explication relative à la correction du mot « cromlech », par l’abbé Boudet dans son courrier à Antoine d’Abbadie d’Arrast, doit être recherchée dans un domaine beaucoup plus pragmatique et logique.
Si le livre de l’abbé Boudet était bien terminé dès 1880, il ne fut définitivement imprimé et édité qu’en 1886. Six années de corrections et de pénibles tractations avec l’imprimeur François Pomiès semblent en avoir régulièrement retardé la parution. D’ailleurs, lorsque l’ouvrage sera enfin disponible en librairie, Victor Bonnafous aura succédé à François Pomiès, au 50 rue de la mairie à Carcassonne.
Ce que je pense - et ne suis pas le seul dans ce cas -, c’est que ce brave Pomiès , en bon Occitan pur jus de la fin du XIXe siècle, ne devait guère être familiarisé avec la terminologie celtique. « Cromlek » ou « Cromlech »... les deux orthographes étaient admises par les érudits de l’époque. Pour François Pomiès et Victor Bonnafous, ce mot barbare et inconnu fut opportunément doté, à la fois d’un « c » et d’un « k »... et les rotatives tournèrent à fond. Nul doute que l’abbé Boudet, lorsqu’il se rendit compte qu’un néologisme venait d’apparaitre dans son œuvre fraichement imprimée, dût aller chanter la messe en latin à Victor Bonnafous et à ses imprimeurs.
Quiconque aura écrit un livre, sait combien il est déplaisant d’y relever des coquilles et autres malfaçons.
La procédure habituelle, dans de tels cas, consiste à apporter toutes les rectifications et corrections utiles lors des réimpressions des ouvrages. Las... sur les 500 exemplaires tirés à compte d’auteur par Henri Boudet, seuls 98 furent vendus. Il en offrit 300 à diverses personnes et détruisit les 102 exemplaires restants, peu avant sa mort.
Le curé de Rennes-les-Bains fit contre mauvaise fortune, bon cœur et, d’un trait de plume, transforma le « h » final du mot « cromlech », correctement orthographié par réflexe, afin de le transformer en « k »... et ainsi se conformer à la « coquille » du titre de son livre.
D’ailleurs, cet artifice graphique ne fut pas unique... puisqu’Henri Boudet procéda à l’identique dans le courrier d’accompagnement adressé au recteur de l’université d’Oxford, le 11 décembre 1886.
Aronnax, 22 février 2023
ANALYSE DE L'ACTE de DECES
DE A. BIGOU à COLLIOURE
La situation de Collioure fin 1793-début 1794
Pendant la Révolution française, le Roussillon est envahi par les troupes espagnoles en avril 1793. Fin mai, la ville d'Argelès tombe entraînant ainsi la séparation de Collioure du reste de la République. Pourtant, Collioure, résiste au siège espagnol jusqu'à la fin de l'année, moment où, après une attaque à Port-Vendres, l'armée espagnole écrase les troupes françaises. En déroute, ces dernières se réfugient au Fort Saint-Elme puis capitulent. Le 27 décembre 1793, 12 000 militaires espagnols prennent d'assaut Collioure, les troupes républicaines qui y étaient postées sous le commandement du général Delattre, se rendent à leur tour à l'ennemi. Collioure tombe sous l'emprise espagnole.
Les conséquences sur l'état-civil
L'envahissement de Collioure par les troupes espagnoles a stoppé net le fonctionnement de l'état-civil. Entre la mi-décembre 1793 et juillet 1794, plus aucun acte n'est établi par les officiers de l'état-civil de la ville.
Mention du tribunal civil du 2è arrondissement de Collioure d'avril 1806 suite à une réclamation pour inscription dans les registres de la commune d'un décès survenu en avril 1794
...Secundo du déffaut de l'existance des registres en la dite année à cause de l'envahissement de Collioure par les espagnols en la dite année. »
Pourtant, comme nous allons le voir, des actes de naissance-mariage et sépulture vont néanmoins être enregistrés durant cette période de six mois dans l'enclave espagnole...
Le décès d'Antoine Bigou à Collioure
C'est dans ce contexte très particulier qu'intervient, à Collioure, le 20 mars 1794, le décès d'Antoine Bigou. Si, on sait qu'après avoir prêté serment avec restriction à la constitution en février 1791, il avait été destitué de sa cure et remplacé par le curé constitutionnel Camps, en août de la même année. Qu'a-t-il fait après avoir quitté RlC ? L'abbé Baichère évoque un probable passage par Quillan où l'abbé Bigou avait, selon lui, quelques biens et de la famille. Est-il passé en Espagne voir même à Sabadell ou est-il resté sur le territoire français ? Rien ne permet, encore aujourd'hui, de connaître l'itinéraire parcouru par l'ancien curé de Rennes-le-Château, entre 1792 et 1794, et qui l'a amené à finir sa vie à Collioure, ville côtière des Pyrénées Orientales.
Analyse de l'acte de sépulture
L'acte de décès de Bigou a été fait en 2 exemplaires réunis dans le même registre d'état civil (côte 9NUM 44EDT136) de la ville de Collioure.
Extrait acte de décès p 125 |
Extrait acte de décès p 157 |
Dans les deux exemplaires, il est mentionné :
« Ce jourdhui vingt et un mars de mil sept cent quatre vingt quatorze a été donné sépulture ecclesiastique au cadavre du révérend antoine bigou pretre Curé de la paroisse de Rennes diocese daleth, agé de soixante et quinze ans décedé le jour d'hier : ont assisté temoins à l'enterrement les Révérends Bernard frere, et joseph Berge pretres benneficiers de l'église de Collioure qui ont signé avec nous en foi de ce. Berge pretre, frere pretre, Satgé Prieur Curé »
1er constat : l'identité, l'état et l'âge d'Antoine Bigou est reconnu dans l'acte sans erreur ce qui indique que soit l'ancien curé de RlC était connu de la personne rédigeant l'acte ou l'un des témoins, soit par une personne proche présente au moment de l'inhumation.
2ème constat :
Non seulement, A. Bigou a bénéficié d'une sépulture ecclésiastique mais de plus, son acte de décès est rédigé par un religieux en présence de deux témoins prêtres de leur état.
Or , depuis le décret du 20 septembre 1792, l'Assemblée législative a défini un nouveau moyen de constater l'état-civil des citoyens, la tenue des registres a été retirée des mains des curés et remise entre celles des maires qui peuvent nommés des officiers d'état-civil pour remplir la tache.
Alors, comment est-ce possible que des prêtres tiennent des registres en 1794 ?
Comme cela a pu se passer ailleurs, notamment en Bretagne, pendant les événements particuliers de la Révolution, des prêtres ont pris le relais et ont rédigé, parfois clandestinement, leurs propres registres. Ici, nous en connaissons la cause exacte : avec l'invasion des troupes espagnoles à Collioure, plus aucun acte n'est rédigé par l'autorité républicaine compétente qui a, sans doute, fuit la ville. Les prêtres de Collioure ont pris soin d'inventorier les décès qui font l'objet d'une sépulture ecclésiastique mais aussi les baptêmes et les mariages.
3ème constat :
La terminologie employée sur l'acte de sépulture de Bigou à savoir « donné sépulture ecclésiastique au cadavre de... » est visiblement commune à beaucoup d'actes sur le même registre, à la même période comme on le voit sur celui-ci :
4ème constat :
Un détail doit attirer notre attention : ces ecclésiastiques ont conservé le calendrier grégorien dans la rédaction des actes et n'ont donc pas adopté le calendrier républicain pourtant en vigueur depuis qu'il a été institué par la convention le 5 octobre 1793 avant d'être supprimé par napoléon en 1806. Ce détail nous incite à nous interroger sur ces prêtres Bernard Frere, Joseph Berge et le prieur curé Satgé.
Notons qu'autour d'eux, d'autres ecclésiastiques signent dans le registre dont : Jean-Jacques Berge curé, Antoine Millet abbé, L. Clareto curé d'Estagel et aumônier au Port Vendres, Compristo vicaire prêtre, fr. Baretja dominicain, Thurier curé schismatique de Saint-André.
A y regarder de près, leur nombre semble important pour une ville comme Collioure.
Arrivée à ce stade, je me suis donc évertuée à en savoir un peu plus sur ces ecclésiastiques et, plus particulièrement, ceux qui sont mentionnés sur l'acte de décès de A. Bigou.
Qui sont ces ecclésiastiques ?
La recherche de ces religieux ne fut pas aisée, les Pyrénées Orientales n'ayant pas eu une contribution nominative comme celle de l'abbé Sabarthès sur le clergé de l'Aude mais la patience dans l'investigation donne de beaux fruits. J'ai réussi à trouver deux passages intéressants dans le volume 60 de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées Orientales de 1938 :
p 100-101
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5738557h/f105.image.r=satg%C3%A9
p 123
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5738557h/f129.image.r=satg%C3%A9
Dans ces extraits, on nous parle de l'abbé insermenté Satgé (Jean-Baptiste), mentionné sur l'acte de décès de Bigou comme prieur curé, qui prit l'exil en 1792 et se réfugia avec ses vicaires en Espagne emportant avec lui une bonne partie des objets de culte (dont l'argenterie de l'église), qui seront ramenés à Collioure en 1803 par un pêcheur du lieu. Pendant ce temps, les frères Berge mirent dans une barque quantité de reliques du couvent et de l'église que l'un d'eux convoya par mer jusqu'en Espagne tandis que le second continua à célébrer la messe illégalement dans sa maison sans être inquiété. On ne nous dit pas s'il s'agit de Jean-Jacques ou de Joseph mais ce qui est sûr c'est qu'on les retrouve présent tous les deux, aux côtés de l'abbé Satgé, en 1794 à Collioure, ville qu'ils ont fui 2 ans plus tôt.
Extrait d'un acte de 1794 avec comme signataires les frères Berge et l'abbé Satgé
Dans l'ouvrage de l'abbé Philippe Torreilles « Histoire du clergé du département des Pyrénées-orientales pendant la Révolution » de 1890, on retrouvera la piste d'Antoine Millet et L. Clareto, prêtres réfractaires, qui ont eux aussi quitté Collioure puis sont revenus :
L'exil en Espagne près de la frontière :
Le retour de Millet à Collioure :
Après l'éviction des troupes espagnoles, nouveau départ pour Millet vers l'Espagne :
Comme nous le voyons, un certain nombre de prêtres réfractaires de Collioure, contraints de partir en exil en Espagne en 1792, sont retournés sur le territoire français à la suite des armées espagnoles en 1793, puis après leur départ, ont pu repartir à nouveau. Notons que l'abbé Millet a même tenu un journal de son exil qui serait certainement intéressant de consulter. Le cas de Collioure et de ces ecclésiastiques est donc significatif puisqu'ils ont emporté avec eux leurs trésors en Espagne, trésors ramenés ensuite en France et rendus à leurs églises. De plus, on peut aussi supposer que Collioure était un lieu de passage clandestin franco-espagnol (et inversement) des prêtres réfractaires et cette filière passait essentiellement par la voie maritime, plus rapide et moins physique que la voie terrestre à travers les montagnes des Pyrénées.
Conclusion
Cette petite étude a permis de démontrer qu'à l'heure de la Révolution, des prêtres ont quitté leurs paroisses en emportant quelques-uns de leurs biens mais surtout les trésors les plus précieux de l'Eglise. L'exemple des prêtres de Collioure est, en ce sens, instructif puisqu'on suit leur parcours qui alterne entre la France et l'Espagne. Dans cette optique, si Antoine Bigou est dépositaire d'un secret relatif à un trésor sur le territoire des 2 Rennes, il y a tout lieu de penser qu'il l'a communiqué à ses compagnons d'exil avant de décéder à Collioure.
Léa rosi
Le 22 août 2019
LA CURE DES BAINS DE RENNES AU XVIIIe SIECLE :
UNE SAGA FAMILIALE
Six ans après la mort de son oncle connu pour être l'auteur du fameux mémoire sur les antiquités des Bains-de-Rennes, Antoine Delmas, à la tête de la cure depuis novembre 1719, meurt à son tour le 27 juillet 1737. Va lui succéder François Palauqui qui était jusqu'alors archiprêtre et curé de Fenouillet (actuel dép. 66).
A cette époque et jusqu'à la Révolution, le diocèse d'Alet était divisé en 2 archiprêtrés : celui de Saint André d'Alet qui comptait 54 paroisses situées dans le Haut-Razès et celui de Caudiès-Fenouillet composé de 33 cures, à cela s'ajoutait 37 succursales.
Les archiprêtres aidés par leurs vicaires forains ou curés-doyens veillaient sur le clergé de leur territoire et tenaient les conférences ecclésiastiques. Sous l'Ancien régime, le titre d'archiprêtre n'était pas qu'honorifique. Non seulement, ils représentaient l'évêque en son absence mais avaient la responsabilité de maintenir la discipline et de superviser les jeunes prêtres nouvellement en charge. Parmi les paroisses relevant de l'archiprêtre de Fenouillet, François Palauqui, il y avait celle de Rabouillet, cure qui était occupée depuis juin 1728 par le tout jeune prêtre vicaire Jean Bigou. Celui-ci quittera cette paroisse en octobre 1734 certainement pour rejoindre celle de Rennes-le-Château où le seigneur du lieu, François d'Hautpoul venait de célébrer en novembre 1732 son mariage avec Marie de Nègre d'Ables, jeune seigneuresse de Niort et de Roquefeuil.
Comme l'indique René Descadeillas dans son ouvrage « Rennes et ses derniers seigneurs », en 1737, François Palauqui « venait de résigner ce titre et cette cure (archiprêtre et curé de Fenouillet) au profit de Jean Caussou, bachelier en théologie, prébendé du chapitre cathédrale d'Alet » afin de prendre la tête de sa nouvelle cure : les Bains-de-Rennes avec son annexe de Saint-Etienne à Sougraigne. Ce choix est d'ailleurs fort curieux puisque, comme le mentionne R. Descadeillas, « la cure (de Fenouillet) rapportait beaucoup plus que celle de Rennes. » (RlB) et cela même si la cure des « Bains-de-Rennes produisaient 1000 livres de revenu ».
Qu'est-ce qui a motivé ce changement de fonction et de lieu de l'archiprêtre que rien ne laissait présager, aucun document ne nous permet de le savoir. Une chose est néanmoins certaine, c'est que sa destination se trouvait qu'à quelques kilomètres de celle de l'abbé Jean Bigou, parti juste avant lui...
De son service au sein de la paroisse des Bains, on ne sait que peu de chose. On notera cependant que c'est F. Palauqui qui inhumera sur la commune Bertrand, le frère et le père des 2 Antoine Delmas, le 26 mars 1743 à l'âge de 96 ans.
Deux ans et demi après son arrivée, il n'hésite pas à envoyer son neveu, autre François Palauqui, à l'université de Toulouse en payant son cautionnement. Et comme le dit R. Descadeillas « Ce faisant, il pensait à sa succession. Il était bien inspiré. Neuf ans plus tard, en février 1749, il prêchait à l'office du dimanche, quand la chaire de l'église Saint-Nazaire s'effondra ; dans sa chute, le vieillard se brisa le col du fémur. Il appela aussitôt son neveu, qui fut immédiatement pourvu de la cure sous réserve du tiers de tous les bénéfices des Bains et de Sougraigne. François Palauqui succédait donc à François Palauqui ».
Voici des extraits de l'acte rédigé par Félix Siau, notaire royal et apostolique de Couiza en date du 29 mai 1750 sur la prise en possession de la cure et rectorie des Bains-de-Rennes et de son annexe Saint-Etienne de Sougraigne par François Palauqui (neveu), jusqu'alors prébendé du Chapitre Cathédrale dAlet, que j'ai consulté aux Archives départementales de l'Aude :
Ce que R. Descadeillas résuma comme un exemple de népotisme si fréquent dans le clergé du XVIIIe siècle est en fait une pratique très courante sous l'Ancien Régime, il s'agit de la resignatio in favorum ou permutation des bénéfices qui consistait à des familles à transmettre un bénéfice ecclésiastique d'oncle à neveu sur plusieurs générations. Le titulaire du bénéfice, ici l'oncle François Palauqui s'en démettait en faveur d'un tiers ou d'un parent, ici son neveu F. Palauqui. Cette pratique privait donc le patron du bénéfice (ici l'évêque d'Alet) de son droit de nomination. Effectuée devant notaire, cette résignation obligeait le bénéficiaire à verser une pension à l'ancien titulaire, qui correspondait le plus souvent, et comme c'est le cas ici, à un tiers des revenus du bénéfice. Cette procédure consolidait les dynasties cléricales au grand dam de l'évêque ou du collateur du bénéfice.
L'anecdote de la chute de la chaire à prêcher de l'église de l'oncle Palauqui est relatée un peu plus loin dans le même acte :
Suite à cette chute, François Palauqui aurait eu la cuisse cassée et démise, le rendant inapte à servir la cure. Qu'est-il advenu du vieillard devenu impotent ? Nous n'en savons rien, pas plus de ses origines bien qu'un document nous laisse entrevoir une hypothèse prometteuse.
Alors qu'il est curé des Bains, il célèbre, avec l'autorisation du curé Bonnaure (prédécesseur d' Antoine Bigou), le 30 mai 1741 à Marsa, le mariage de Jean Palauqui, fils de Pierre et Toinette Surjous, et de Marie-Anne Uteza.
Il marie visiblement un membre de sa famille qui est originaire de Marsa.
Ceci nous sera confirmé plus tard avec son neveu pour qui R. Descadeillas, poursuivant son récit sur la cure des Bains, nous dit «Il vivait en compagnie de sa sœur. Quand il mourut, en 1780, la vieille fille continua de demeurer aux Bains-de-Rennes, où elle tenait un petit bien. François-Pierre Cauneille, originaire de Marsa, au pays de Sault, le remplaça ».
En réalité, le neveu Palauqui décède aux Bains-de-Rennes le 20 février 1782 à l'âge de 86 ans. Son inhumation a été réalisée par le curé Cabanié du Bézu en présence du curé François Cauneille :
Cet acte est instructif, on y apprend qu'il est né en 1696 à Marsa, ce qui va se révéler très important. La sœur du neveu Palauqui s'appelle Mariette, elle mourra, peu de temps après son frère le 24 mars 1788 à l'âge d'environ soixante ans. Elle a été ensevelie dans le cimetière des Bains par le curé de Serres Henri Pugens, en présence du curé François Cauneille.
En consultant les registres paroissiaux de la région, j'ai retrouvé l'acte de baptême du neveu Palauqui qui est né en réalité à Coudons près de Marsa le 3 juillet 1696. Il est le fils de François Palauqui (1650-1710) et de Françoise Sarda qui ont eu plusieurs enfants dont Antoine (1674), Pierre (1687-1757) marié à Toinette Surjous, Jean (1691).
Mais d'autres éléments, de taille, doivent retenir notre attention. Tout d'abord, Marsa, c'est la commune native de François Cauneille baptisé le 17 février 1754 enfant issu du mariage de Jean-Jacques Cauneille et Toinette Palauqui. Les registres de Marsa ayant des lacunes importantes entre 1719 et 1740, il n'a pas été possible de vérifier les actes relatifs à la mère de François Cauneille mais en faisant des recoupements, il est évident que Toinette Palauqui (1724-1781), sans doute fille de Jean, était la nièce du curé des Bains-de-Rennes. On remarque un vif attachement de celui-ci à sa famille, tant Palauqui que Cauneille, lorsqu'on étudie les registres paroissiaux et d'état civil et qu'on découvre la migration de plusieurs membres de ces familles originaires de Marsa vers les Bains-de-Rennes durant tout le 18e siècle.
Hormis les curés Palauqui et Cauneille, on ne restera pas insensible au lieu de Marsa qui nous renvoie implacablement à Antoine Bigou qui a été à la tête de cette cure dès 1760 jusqu'en 1773 pour ensuite rejoindre son frère Jean à Rennes-le-Château. A n'en pas douter, celui-ci connaissait bien les familles Palauqui et Cauneille. Le père de François, Jean-Jacques Cauneille était très souvent témoin dans les actes rédigés par Antoine Bigou sur la paroisse de Marsa. S'il n'a pas baptisé François, à qui néanmoins il a dû faire le catéchisme, A. Bigou a baptisé, le 6 juin 1762, Marie-Cécile, une des jeunes sœurs du futur curé de Rennes-les-Bains. Il était suffisamment proche de cette famille pour venir assister au mariage d'une autre des sœurs Cauneille, Angélique avec Augustin Delmas, le 31 janvier 1786 :
Notons que ce mariage fut célébré à Rennes-les-Bains par M. Delmas, curé d'Aunat (certainement de la famille du jeune marié) en présence de F. Cauneille, d'Antoine Bigou, d'Henri Pugens, curé de Serres, ami d'A. Bigou qui, selon Descadeillas, avait passé la frontière pour rejoindre l'Espagne en même temps que ce dernier. Il est aussi fait mention sur l'acte du curé de Marsa, un dénommé Pézilla (Baptiste), parent des frères Bigou du côté maternel. Cet acte est donc édifiant puisqu'il montre concrètement l'existence d'un « clan Bigou » qui rayonne à la fois sur la baronnie de Rennes mais aussi sur le territoire de Roquefeuil, seigneurie qui, pour rappel, a appartenu à la famille de Marie de Nègre.
Antoine Bigou semble avoir bien connu Palauqui. A partir de 1774, Palauqui, semble affaibli, peut-être est-il aussi affecté par la mort récente de parents proches sur la commune (Vincent Palauqui en 1774 et Jeanne en 1775). Désormais, il est régulièrement absent et remplacé par d'autres desservants comme Cauneille (sans doute Dominique, curé de Belvis) Gaiché, curé de Sougraigne, Guilhot prébendé d'Alet et Antoine Bigou. Entre 1778 et 1779, celui-ci se rend plusieurs fois aux Bains et y célèbre des mariages, en présence de Palauqui, comme celui-ci :
Et à partir de 1780, François Palauqui ne semble plus desservir la cure et l'on voit A. Bigou officier deux fois au mois de juin, durant la vacance de la cure, juste avant l'arrivée à la fin juin, du prêtre François Cauneille. Il y a tout lieu de croire que François Palauqui suivant l'exemple de son oncle, voyant sa mort proche, a sans doute résigné sa cure des Bains en faveur de son petit-neveu François Cauneille qui vient d'occuper, de janvier 1779 au 21 juin 1780, la cure de Marsa.
Nous sommes, alors, 6 mois avant le décès de Marie de Blanchefort avec deux curés de paroisses voisines RlB et RlC, l'un tout juste âgé de 26 ans, fraîchement ordonné et l'autre, âgé de 61 ans, ancien curé de la paroisse du premier.
Mais, même si François Palauqui vient de mourir, nous n'en n'avons pourtant pas fini avec cette famille puisqu'on découvre un autre ecclésiastique Palauqui sur l'acte de mariage de Mariette Cauneille, sœur de François et de Nazaire Jaffus, mariage qui a eu lieu à RlB le 17 janvier 1787 par Henri Pugens, curé de Serres en présence de Cauneille curé des Bains, Belon curé de Coustaussa et de « M. Palauquy prébandé d'Alet ».
Mais qui est donc, ce nouveau venu sur la commune des Bains ? Ce parent Palauqui, bénéficier de l'église d'Alet, était suffisamment proche des familles Palauqui et Cauneille pour devenir, en 1776, le parrain d'Antoinette Palauqui fille de François Palauqui dit Ferré et de Laurence Cauneille (sœur du curé des Bains). Il y a tout lieu de supposer que ce Palauqui est le frère de Toinette Palauqui, elle-même marraine au baptême de sa petite-fille. Ce Palauqui est donc le neveu de François Palauqui, curé de RLB et l'oncle de François Cauneille.
Petit aparté, on notera qu'il y eut plusieurs alliances nuptiales de ce type entre les familles Cauneille et les Palauqui.
Dans le livre de Théodore Lasserre, « Recherches historiques sur la ville d'Alet », on retrouve bien un Palauqui parmi les dix-huit prébendés d'Alet :
T. Lasserre précise un peu plus loin « nous ne connaissons pas tous les noms des vénérables Chanoines et Prébendés qui composaient le chapitre d'Alet en 1792 lorsqu'ils partirent pour l'exil, à la suite de leur saint prélat (Mgr Cropte de Chanterac). Nous savons seulement que le chapitre en corps accompagna son illustre chef ».
Peut-onsupposer qu'il suivit son évêque dans son exil ? Rien ne permet de l'affirmer. Mais un document émanant des Archives Départementales de l'Aude en date du 16 Messidor, an 6 (04/07/1798), précise que « Palauqui, Prébendé du Chapitre d'Alet, possédait des biens à Alet où il résidait en dernier lieu ; n'ayant pas prêté le serment prescrit par la loi, il fut déclaré absent depuis le 15 août 1792 et inscrit sur la liste des émigrés ». Mais, Antoine Sabarthès, dans son ouvrage « Histoire du clergé de l'Aude de 1789 à 1803 », nous apporte quelques précisions complémentaires au sujet du prébendé Palauqui en ces termes :
« DEBOUCASAN DE PALAUQUI (jean François) : né le 27 octobre 1726, prébendier du chapitre d'Alet, refusa d'adhérer au schisme constitutionnel mais prêta le serment de 1792. Il fut arrêté le 16 octobre 1792, chez sa sœur aux Bains-de-Rennes, par ordre du commandant de gendarmerie et fut conduit au département ».
Qu'est-il arrivé à ce J.F. Palauqui après son arrestation ? Fut-il déporté ou prit-il le chemin de l'exil à son tour ? Je pense avoir retrouvé finalement sa trace aux Bains-de-Rennes où il a été déclaré décédé par Jean-Baptiste Jaffus, le 10 octobre 1803, décès survenu chez sa sœur Françoise, à l'âge de 80 ans, soit un an avant le décès de François Cauneille.
Quant au jeune prêtre François Cauneille, quelques années à peine après son arrivée à la cure des Bains, il dut, lui aussi, affronté les affres des événements révolutionnaires.
Dès qu'éclata la Révolution, de nombreux Français quittèrent le pays pour l'étranger, abandonnant leurs biens. Ces départs à l'émigration se sont succédé sur plusieurs années. Si avant 1792, ce phénomène a été essentiellement aristocratique en marquant une hostilité à la Révolution et l'attachement à l'Ancien Régime, après 1792, les émigrés ont fui devant les événements. En tout, on a évalué, à partir des listes d'émigrés, un peu plus de 145 000 personnes ayant quitté la France, parmi lesquelles des ecclésiastiques soumis depuis 1790 à la constitution civile du clergé. Outre le fait que les biens de l'Eglise de France sont nationalisés, les membres du clergé sont désormais nommés et rémunérés par l'Etat et doivent prêter un serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi. Dès 1791, le pape enjoint aux prêtres n'ayant pas encore prêter serment de s'abstenir de la faire et aux autres, qui ont déjà juré, de se rétracter. En proie à des conflits avec les armées étrangères, le nouveau régime prit des mesures sévères contre les prêtres réfractaires en les arrêtant et en les déportant. C'est pourquoi, nombre de prêtres choisirent l'exil notamment vers l'Espagne qui accueillit les réfractaires du diocèse d'Alet comme Antoine Bigou, Henri Pugens, Victor-Hyacinthe Coronat et les frères Cauneille. Ayant prêté le serment civique conforme à celui de M. l'évêque de Clermont, serment qui sera refusé par la municipalité des Bains, François Cauneille demande un passeport pour gagner l'Espagne. Il sera remplacé par Pierre Gaiché qui était jusqu'alors curé de Sougraigne. Celui-ci démissionnera en 1794 et sera remplacé à son tour par Simon Guinard qui renoncera, lui aussi, à tenir la cure des Bains-de-Rennes.
Malgré le climat délétère, F. Cauneille n'hésita pas à revenir en France, dans son ancienne paroisse des Bains pour y célébrer la messe en plein jour en toute illégalité le 27 août 1797. Dénoncé par Ambroise Azäis d'Arques, il réussit néanmoins à échapper aux poursuites sans doute aidé en cela par sa sœur Marie, son beau-frère Nazaire Jaffus et d'un de ces parents, l'agent communal Baptiste Jaffus chargé de son arrestation. Fort de cet appui, le curé proscrit dut se cacher aux alentours des Bains.
A partir de 1800, les émigrés peuvent demander leur radiation des listes. Comme son frère Dominique et nombre de prêtres revenus de leur exil, François Cauneille dut prêter serment « d'être fidèle au Gouvernement établi par la Constitution, et de n'entretenir, ni directement, ni indirectement, aucune liaison ou correspondance avec les ennemis de l'Etat » afin d'obtenir un certificat d'amnistie. Après huit ans d'absence et de clandestinité, François Cauneille retrouva sa cure des Bains-de-
Rennes mais pas son presbytère qui avait été vendu comme tous les biens appartenant à l'église et à la fabrique. Il dut alors se loger à l'auberge tenue par M. Cros durant trois ans.
Dans son livre « Voyage à Rennes-les-Bains »(écrit en 1804), Labouisse-Rochefort mentionne sa rencontre, lors de son séjour à RlB, avec l'abbé Cauneille qu'il qualifie d' « homme honorable proscrit revenu dans sa paroisse après avoir couru mille dangers ».
Gravement malade et, sans doute, fatigué par tous les périls traversés durant la tourmente révolutionnaire et les lendemains difficiles pour les anciens prêtres réfractaires, François Cauneille décédera le 24 avril 1804 aux Bains-de-Rennes à l'âge de tout juste 50 ans. Son décès fut déclaré à la mairie par son beau-frère Nazaire Jaffu
Avec la disparition de François Cauneille, s'éteint une cure de près de 70 ans qui fut l'objet d'une transmission familiale non interrompue depuis les deux abbés Delmas. Son frère Dominique, revenu d'exil, deviendra le curé de Campagne-sur-Aude. Il laissera sa chaire, avant de mourir en 1834, à son neveu Henri Delmas dont le frère Pierre, « l'homme des 3 calvaires », sera le maire de Rennes-les-Bains de 1852 à 1861.
CONCLUSION
La cure des Bains-de-Rennes tenue par la famille Palauqui/Cauneille est intimement liée à la baronnie de Rennes et à la seigneurie de Roquefeuil avec son terreau de souche à Marsa. A l'image des frères Bigou, les Palauqui/Cauneille se retrouvent sur la baronnie de Rennes juste après le mariage de François d'Hautpoul et de Marie de Nègre, et vont y être présent la grande majorité du XVIIIème siècle. Si trésor ou secret il y a sur ce territoire, il passe nécessairement par ces deux familles d'ecclésiastiques, témoins privilégiés de cette époque, qui, de plus, se connaissaient et entretenaient des liens factuels depuis des décennies.
Léa Rosi
janvier 2019
Les habits sacerdotaux
de l'abbé Henry
Boudet
Curé de Rennes les Bains de 1872 à 1914.
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En septembre 1992 Rennes les
Bains subit l'une des inondations les plus importante de son
histoire, il en résulta des dégâts des eaux
énormes, une partie du village fut submergée et
entre autre l'église du village ou les eaux montèrent
à plus d'un mètre cinquante au-dessus du sol.
Le soir même plusieurs bénévoles vinrent
porter secours aux nombreux sinistrés, mais ce n'est que
le lendemain matin que les secours furent organisés par
la municipalité en place à l'époque -
C'est à l'occasion du nettoyage de l'église que
les habits sacerdotaux furent jetés à la décharge
et récupérés par nos soins - Il est aussi
à signaler que de nombreux livres de messes, chasubles,
et divers papiers furent détruits -
Nous savions par l'abbé
Bruno De-Monts aumônier de la marine en retraite et curé
desservant de l'église de Rennes les Bains pendant ses
vacances estivales que les habits sacerdotaux avaient appartenu
à l'abbé Boudet.
Pendant le nettoiement du village gravement sinistré la
priorité ne fut pas la sauvegarde des habits de messes
ce qui est bien compréhensible.
Aujourd'hui nous avons ces chasubles et étoles que nous
avons partiellement nettoyées étant donné
la fragilité de ces habits -
Nous avons bien sur proposé à la municipalité
de Rennes les Bains de lui mettre à disposition ces habits
dés qu'elle le souhaitera pour les mettre dans son musée-
La chasuble blanche est rehaussée d'une étole
brodée de fils d'or et d'argent d'une valeur certaine
-
La chasuble violette est beaucoup plus simple
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François Bérenger
Saunière
Né le 11 Avril 1852 à midi à Montazels
En 1870 Bérenger entre au grand séminaire
Curé d'Alet les Bains le 16 juillet 1879
Le 16 juin 1882 il est nommé curé du Clat
Le 1er juin 1885 il remplace Antoine Croc à Rennes
le château qui était en place depuis le 14 août
1884
En janvier 1886 il est nommé professeur au petit séminaire
de Narbonne mais il refuse de quitter Rennes le Château.
Il est nommé définitivement curé de Rennes
le Château le 1er janvier 1886.
Il meurt le 22 janvier 1917 à Rennes le Château. |
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Jean
Marie Alfred Saunière
Né le 17 Février
1855 à Montazels
Nominé vicaire d'Alzonne le 1er juillet 1878
Entre chez les Jésuites en 1879
en 1893 il est professeur au petit séminaire à
Narbonne
Il meurt le 9 septembre 1905 à Montazels.
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Bigou Antoine
Né le 18 Avril
1719 à Sournia
Curé de Rennes le Château de 1774 à 1790
Prête serment avec restriction le 20 février 1791
qui est refusé
Mort le 21 mars 1794 à Sabadell en Espagne
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De Beauséjour
Paul Félix Bevrain
Evêque de Carcassonne
de 1902 à 1930
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Bigou Jean
Né en 1702
Curé de Rennes le Château de 1736 à 1774
Mort à Rennes le Château en 1776
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Billard Félix
Arsène
Evêque de Carcassonne
de 1981 à 1902
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Boudet Jean-Jacques
Henry
Né à Quillan
(Aude) le 17 novembre 1837
Ordonné prêtre le 25 décembre 1861
Curé de Rennes les Bains de 1872 à 1914
Mort le 30 mars 1915 à Axat
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Gelis Antoine Jean
Né le 1er avril
1827 à Villeséquelande (Aude)
Curé à Coustaussa en 1857
Mort le 1er novembre 1897 à Coustaussa
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Mocquin Charles Eugène
Curé de Rennes
le Château de 1881 à 1884
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Rescanières
Joseph Marie Casimir
Curé de Rennes
les Bains de 1914 à 1915
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