Les
Sociétés Secrètes et l’énigme
des Deux Rennes aux XIX° et XX° siècles
Dans
l'excellente étude de Gérard Galtier faisant
l’objet du chapitre "Les Rose Croix
de Toulouse" (tiré de l’ouvrage
de Jean Pierre Laurent et Victor N'Guyen :
"Les Péladan" l’Age d’Homme
1990), un membre de l’illustre famille d’Hautpoul
est cité à plusieurs reprises comme appartenant
à la Loge maçonnique « La Sagesse »
à l’Orient de Toulouse.
Il
peut s'agir de Pierre Marie Charles d'Hautpoul
de Seyre car il semble que ce soit un membre
de cette branche.
Si la loge "La Sagesse" (fondée en 1757
et peut-être même avant sous un autre nom)
appartenait à l'obédience du Grand Orient
de France, elle était composée majoritairement
de légitimistes soutenant le Comte de Chambord
et ultra-catholiques... ce qui parait invraisemblable
pour une Loge de cette obédience de nos jours
Il
y a eu une "affaire La Sagesse"
qui a remué le monde maçonnique toulousain
sous le règne de Louis Philippe. En effet, comme
indiqué supra, cette Loge était la seule
légitimiste dans un milieu ou les "Frères"
étaient Orléanistes, donc proches du pouvoir
en place, et les autres libéraux et Républicains.
Sept Loges "plaignantes" avaient donc demandé
au Grand Orient de prendre des sanctions contre leurs
Frères ultras. Parmi les cinq chefs d'accusation
portés devant la juridiction de l'obédience
il était fait mention du "caractère
politique anti-gouvernemental et antinational de son action"
et du "manque de fraternité envers les visiteurs
de l'Orient"... ces Frères là ne devaient
pas aimer se mélanger...
Battus
en première instance devant la Grande Chambre Symbolique
le 12 février 1833, les plaignants furent déboutés
en appel le 30 décembre de la même année.
C'est dire que la Juridiction se montrait "coulante"
avec La Sagesse. Ce qui contribua à causer un malaise
profond entre le Grand Orient et les autres Loges.
Gérard
de Sède évoquera cette affaire dans son
dernier livre, "Rennes-le-Château : le
dossier, les impostures, les fantasmes" (page 207)
mais, comme souvent, il «brodera» sur le nom
des membres de la famille Hautpoul appartenant à
cet Atelier.
Bref
! le Grand Orient restait royaliste tendance "dure",
ce qui est paradoxal dans la mesure où, à
la même époque, La Sagesse faisait l'objet
d'une surveillance très forte de la police du Roi,
le Préfet en poste demandant qu'une égale
répression soit exercée à l'encontre
de la loge légitimiste et les loges dites libérales
précisant : « Il est ici dans l’intérêt
de l’influence politique de l’administration
de frapper autant que possible les deux factions à
la fois ». (Lettre du Préfet de Haute-Garonne
en date du 3 février 1885)
De
fait, il y aura un réel malaise au sein du Grand-Orient
à cette époque, l’organe dirigeant
n’étant plus en communion d’idées
avec la majorité des Loges de l’Obédience.
Un Hautpoul se serait fait initier dans cette loge en
1836... peut-être Charles, futur Vénérable.
Outre
l'action en faveur du prétendant légitimiste
et un catholicisme intransigeant, La Sagesse apporta un
soutien sans faille aux exilés "carlistes"
espagnols.
Charles d'Hautpoul et Casimir Du Gabé, qui seront
tous deux dirigeants de La Sagesse, constituant "l'Agence
légitimiste pour l'insurrection espagnole" qui
n’hésitera pas à fournir argent et
armement aux carlistes et en accueillant sur leurs terres
des proscrits espagnols appartenant à cette mouvance.
(voir ce qui suit).
Pages
239 et 240 de l’article de Véronique CLARENC
« Toulouse, capitale du Carlisme Catalan»
-
« Annales du Midi » N°202 - 1993
Pourtant...La
Sagesse était, selon Paul Pistre, "l'Atelier
le plus respecté de Toulouse, le conservatoire
de l'orthodoxie et le Temple privilégié
de l'Art Royal"… la politique n’empêchait
manifestement pas le travail initiatique et philosophique.
Charles
d'Hautpoul (de Seyres ?) fut, à la fois, Vénérable
de La Sagesse et dirigeant de "l'Affiliation
Catholique"... qui avait été
fondée en 1831 par le Chevalier Louis Adrien PELADAN
(père de Joséphin... le Sâr), l'Abbé
Antoine Eugène de GENOUDE et le Baron Jacques Honoré
de LOURDOUEIX, tous légitimistes convaincus.
Vers
1850, pour une raison qui reste à éclaircir,
le caractère fondamentalement ultra-catholique
et légitimiste de La Sagesse perd de sa virulence.
La Loge disparaît ou, tout du moins, se démocratise
et les sociétés secrètes légitimistes
renoncent à leur activisme.
Il est même indiqué que d'Hautpoul aurait
rallié la cause des Orléans… ce qui
semble paradoxal au vu de l’intransigeance politique
qu’il manifestait auparavant… les temps avaient
changé.
Mais, la nature ayant horreur du vide, surtout dans le
domaine de la spiritualité, c'est à ce moment
que va apparaître l'Ordre de la Rose-Croix
de Toulouse, fondé par le Vicomte Louis
Charles Edouard de LAPASSE (1792-1867).
La R+C de Toulouse n'est qu'une résurgence du Christianisme
Hermétique pratiqué par certains membres
de La Sagesse et d'autres organisations dont nous reparlerons.
Tous légitimistes convaincus, persuadés
que le Comte de Chambord (Henri V) est
le Grand Monarque annoncé par les prophéties
(celle de Nostradamus, Orval, mais aussi par tous les
mystiques de l'époque). Activisme légitimiste,
ultra catholicisme, traditions ésotériques
fondamentalement liées à la Terre Occitane
feront que l'Ordre de la Rose-Croix de Toulouse constituera
un nouveau cercle occulte destiné à promouvoir
l'accession au trône du "Roy de Blois",
le "Chyren" de Nostradamus... restaurateur de
la vraie foi.
Ce
qu'il faut retenir c'est qu'une organisation "civile"
ou "profane" va agréger tous les acteurs
légitimistes et catholiques "ultras"
de la région... il s'agit de l'Académie
des Jeux Floraux de Toulouse.
En faisaient partie en qualité de "Mainteneurs"
comme on disait (infos tirées du chapitre Les R+C
de Toulouse de Gérard Galtier- Dossier Les Péladan
de JP Laurent- L'âge d'homme 1990) :
L'Archéologue
Alexandre DU MEGE, qui fera des expertises à Rennes-les-Bains.
Il fut un ardent propagateur de la Maçonnerie hermétique
dite "Egyptienne".
Charles Casimir Du GABE. Dirigeant à la fois de
la Loge "La Sagesse" et de la Congrégation
de l'Immaculée Conception (un mélange impossible
de nos jours...)
Le Baron Gabriel LACOSTE de BELCASTEL, membre du Sacré
Cœur de Paray le Monial... le nom de BELCASTEL va
revenir...
Dom Antoine du BOURG, historien de l'Ordre de Malte.
Le Vicomte Louis Charles Edouard DE LAPASSE, très
lié au Chevalier Louis Adrien PELADAN, c’est
lui qui fonda en 1850 l'Ordre
de la Rose-Croix de Toulouse.
Firmin BOISSIN, autre fondateur de la R+C de Toulouse,
qui fut l'initiateur en R+C du Docteur Adrien PELADAN
(frère de Joséphin...le Sâr).
Donc, dans cette "association" de type 1901...
des Maçons Egyptiens, Ecossais, des Rose Croix
et tous Catholiques Légitimistes.
On
se rapproche de l'affaire des deux Rennes car, Dom Antoine
Du BOURG était le frère de Joseph
Du BOURG, connaissance de l'abbé BOUDET.
Joseph Du Bourg était le représentant du
Comte de Chambord dans les 11 départements du sud-ouest.
C'est lui qui aurait été chargé de
remettre un livre dédicacé par le linguiste
basque Antoine D'ABBADIE à Henri Boudet selon l’information
que délivre Michel AZENS dans son livre très
bien argumenté : "Voyage au centre de
l'affaire" (éditions Pégase).
Il
faut noter que l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse
pratiquait un rituel déconcertant.
Chaque année, le 3 mai, les Mainteneurs des Jeux
Floraux allaient en pèlerinage à l'autel
de la Vierge Noire de l'église de Notre Dame de
la Daurade. Des fouilles ont permis d'établir que
le sanctuaire marial avait été édifié
sur le site d'un temple dédié à une
divinité païenne... Minerve ou Isis.
Drôle
de pratique pour des catholiques traditionalistes.
Après
le mort du Comte de Chambord, en 1883, le courant légitimiste
perd force et vigueur sur le plan politique.
Si, sur le plan religieux, les légitimistes conservent
leur foi intacte, les membres des cercles "ésotériques"
doivent se résigner à trouver d'autres Ateliers.
En effet, la III° république installée
c'est "le triomphe temporel de la Franc-Maçonnerie".
Le Grand-Orient de France s'est finalement et définitivement
placé à gauche du spectre politique et les
Frères qui soutenaient l'ancien régime et
pratiquaient "une certaine forme de christianisme
hermétique" ont été contraints
de quitter ses Ateliers... le schisme initial entre obédiences
« laïques » et « spiritualistes »
date en partie de cette époque (la querelle dite
« du Grand-Architecte » n'arrangera
pas les choses).
Ces
Francs-Maçons chrétiens rejoindront les
obédiences pratiquant une Maçonnerie Chevaleresque
de type Rite Ecossais Rectifié, ou des obédiences
dites "Egyptiennes", et aussi, plus tard, l'ordre
de la Rose-Croix de Toulouse et le Martinisme.
L'avènement
d'Henri V, le Grand Monarque, devenant un rêve évanoui,
certains légitimistes verseront dans le millénarisme,
l'occultisme et se feront les supporters de Naundorf et
de John (ou Georges) Freeman... prétendants cachés
au trône de France... affaire classée de
ce côté là.
Clovis
LASSALLE , la Rose-Croix… et Rennes-le-Château
Pour
en revenir à notre affaire, La Rose-Croix de Toulouse
prend soudain un autre aspect à la lecture de l'étude
qu'a faite Jérôme CHOLOUX (site passion-rlc.fr)
relative à un nom apparaissant sept fois
dans les carnets de correspondance de Bérenger
Saunière... celui de Clovis LASSALLE.
Dans la biographie commentée de Harvey
Spencer LEWIS, fondateur de l'Ancien et Mystique
Ordre de la Rose-Croix, parue chez "Diffusion Rosicrucienne"
en Juin 2013, il est expliqué que H.S Lewis, désireux
d'intégrer l'ordre de la Rose-Croix, se rendit
à Paris en 1909 afin d'y rencontrer un "libraire
parisien connu pour fréquenter des membres d'organisations
secrètes". (Il est possible qu'il s'agisse
de Henri Durville, éditeur et libraire au 23 rue
Saint-Merri à Paris.)
Il rencontrera également un professeur de langues
demeurant Boulevard Saint-Germain, les deux français
procédant à des "enquêtes"
sur le postulant.
Pourtant, à Paris, alors que la Rose Croix catholique
de Péladan et l’Ordre Kabbalistique de la
R+C de Stanislas de Guaïta étaient encore
en activité, il sera recommandé
à Lewis de « se rendre à Toulouse
afin de recevoir d'autres instructions ».
Le
11 août 1909, il rencontrera au Capitole son "contact",
qu'il désignera comme étant un photographe.
La biographie de Harvey Spencer Lewis précise que
cet homme était Clovis LASSALLE (1864-1937).
Harvey
Spencer LEWIS
Cette
indication est corroborée par le fait que, dans
les archives de l'AMORC, figure une lettre de
Clovis LASSALLE datée du 26 août 1909.
Son
contact lui ayant donné une adresse, Harvey Spencer
Lewis s'y rendra le 12 août. Il décrit un
"château entouré de hauts murs et situé
sur une colline", la demeure étant éloignée
de Toulouse. Reçu par un certain Raynaud
E. de BELLCASTLE-LIGNE, un homme âgé
de 78 ans, celui-ci lui montrera un ancien temple Rose-Croix
où les R+C se réunissaient vers 1850. L’homme
précisera néanmoins que « le
Temple est utilisé de temps à autre par
les Francs-Maçons ».
Il est amusant de constater que le nom de BELLCASTLE-LIGNE
ressemble beaucoup à celui de BELCASTEL, Gabriel
Lacoste de Belcastel, mainteneur des Jeux Floraux de Toulouse,
étant décédé en 1890, l'un
de ses héritiers était peut être l'homme
qui reçu Lewis ?
Au terme d'une cérémonie d'initiation, au
rituel très élaboré et riche en symbolisme,
une réunion se tiendra au château et c'est
bien Clovis LASSALLE qui l'animera.
H.S Lewis sera alors mandaté pour implanter le
Rosicrucianisme aux USA et des documents anciens lui seront
donné à consulter.
Lettre
de Harvey Spencer LEWIS à son épouse en
date du 13 août 1909 le lendemain de son initiation
« at last i am in the
R+C »
Béranger
Saunière de 1900 à 1903 correspondra avec
Clovis LASSALLE. Les deux hommes se connaissaient
vraisemblablement avant 1900 comme l'indique l'intitulé
du premier courrier du carnet de correspondance de Béranger
Saunière mentionnant : " Clovis Lassalle
- Toulouse. Viendra quand il pourra" - Octobre 1900".
Dans leurs échanges épistolaires, Clovis
Lassalle informe Saunière de son mariage prochain
en septembre 1901. Il est question également d'envoi
de cartes.
Quels pouvaient-être les liens entre le curé
d’un village perdu du Razès et un photographe
de renom à Toulouse… qui plus est semblant
haut-placé dans l'ordre moderne de la Rose Croix
et chargé de propager sa "doctrine" aux
USA ?
Pour
essayer de synthétiser tout mon propos... ce qui
n'est pas aisé au vu de la multitude d'éléments
formant cette nébuleuse qu'est l'histoire occulte
des Deux Rennes :Des organisations légitimistes
ultra catholiques œuvrant pour la Des organisations
légitimistes ultra catholiques œuvrant pour
la restauration d'une royauté dirigée par
un Monarque de souche "régulière".
Des sociétés secrètes comptant en
leurs Ateliers des membres de l'aristocratie et des notables
de cette tendance légitimiste.
Sociétés diverses au cours des âges
mais pratiquant un "christianisme hermétique"
proche des tendances gnostiques.
Une académie des Jeux Floraux... vitrine légale
et artistique datant du moyen âge mais dont les
membres, et à plus forte raison les dirigeants,
appartiennent au courant politique légitimiste
et à ses annexes activistes, aux cercles occultes
(Franc-Maçonnerie, Rose Croix) voire aux deux.
Le tout centré sur la ville de Toulouse... véritable
creuset de tendances religieuses et spirituelles ancestrales
et variées.
Dans un créneau de temps allant de la fin XVIII°
au début XX° siècles.
Ainsi
que l'a fait remarquer un membre du forum des chercheurs
(Grominet), Picot de Lapeyrouse, Franc-Maçon notoire,
siégeait à l'académie des Jeux Floraux
au Premier fauteuil.Tout comme le Comte Henri de Bégouën
qui fut le divulgateur de l'AA cléricale... combien
d'ecclésiastiques membres de l'AA sur les rangs
des Jeux Floraux ? Et combien dans les Loges ? Désolé
pour ceux qui prêchent un antagonisme virulent à
cette époque entre l’Eglise et les sociétés
initiatiques mais l’encyclique « Humanum
Genus » du bon Pape Léon XIII ne semblait
pas toujours être appliquée à la lettre.
L'ABC
de Rennes de Château (encyclopédie de RLC)
nous apprend qu'un certain Jean GIROU,
dans son livre "L'itinéraire en terre d'Aude"
signale en 1936 "qu'un trésor aurait été
découvert par le curé de Rennes-le-Château"...
il est donc historiquement le premier qui ait
parlé de ce "mystère",
19 ans à peine après la mort de Saunière
hors... Jean GIROU était un membre de l'académie
des Jeux Floraux, au 19° fauteuil en 1950.
Deux membres de cet "agrégat" politico-ésotérico-artistique
ont eu partie plus ou moins liée avec
les prêtres du Razès.
Joseph du Bourg... frère de Dom
Antoine du Bourg des Jeux Floraux connaissait Henri Boudet
et s'est chargé de remettre un exemplaire dédicacé
du livre de Antoine Thompson d'Abbadie au curé
de Rennes-les-Bains.
Clovis Lassalle, Rose Croix notoire et
haut gradé de cet ordre, connaissait Béranger
Saunière assez intimement.
Qu'avaient
donc à faire des membres toulousains de sociétés
plus ou moins "discrètes" avec deux curés
en poste dans des villages perdus ? Quel intérêt
à les fréquenter... même épisodiquement
?
Pourquoi
des membres éminents de la tendance légitimiste
(tous cercles confondus) prenaient-ils contact avec Saunière?
La Comtesse de Chambord fit des versements, au moins deux
de 3000 FF au total, après la mort de son époux.
Jean Orth (Jean Salvador de Habsbourg, Archiduc d'Autriche)
se serait rendu à R.L.C vers 1890... Béranger
Saunière avait de belles relations.
C'est
vrai qu'après 1909 les choses se compliquent pour
lui... pourtant Mgr de Beauséjour est un ardent
royaliste comme lui... cela ne colle plus !!!
Il prendra attache avec Lassalle... qu'avait-il à
lui proposer... à proposer à la R+C ? Qui
n'intéressait plus le courant légitimiste
en déliquescence ?
Je
pense, c'est tout à fait personnel donc subjectif,
que les prêtres du Razès avaient une "garantie"...
une "caution" qui pouvait servir la cause du
Comte de Chambord en tant que Grand Monarque. N'oublions
pas que selon les prophéties ce dernier était
secondé d'un Grand Pape... le fameux duo incarnant
les pouvoirs Spirituel et Temporel des Indo Européens
(Arthur/Merlin, Indra/Varuna, Mars/Quirinus etc...)
Un dépôt sacré ? Une révélation
de nature à rebattre les cartes ? Des preuves indubitables
d'une filiation sacrée ? Les hypothèses
restent ouvertes…
Il y avait, en tout cas, un immense trésor en numéraire
sonnant et trébuchant en plus du reste.
Politique,
Religion, Philosophie et Spiritualité occulte sont
liées dans ce scénario... avec des ramifications
dans un certain milieu artistique. Cela aura déjà
été le cas au XVII° siècle avec
les Rose- Croix et les cercles pré-maçonniques,
la Compagnie du Saint Sacrement (et les Jansénistes)
face à l'absolutisme royal... avec en corollaire
des sociétés comme l'académie des
Arcades et des peintres "dans le secret". A
l'époque cela se jouait sur Paris et Rome.
Sur
Toulouse au XVIII°, XIX° et début XX°...
Les légitimistes, l'AA, La Sagesse, la Rose Croix
et l'académie des Jeux Floraux.
Mais,
à chaque fois, au fil du temps, une évocation
plus ou moins marquée de l'Arcadie... des voyages
d'antiquaires dans le Razès, des peintures bizarres,
des tombes qui changent de formes sur le méridien
de Paris, des rencontres surréalistes entre des
R+C et des prêtres royalistes, des fouilles dans
les mines, des églises à énigmes,
des livres à clés etc... Sur un très
petit espace... depuis très longtemps.
Je
suis aussi persuadé qu'à un moment... au
début 20°, des acteurs plus ou moins bien informés
sont "montés" à Paris et le secret
à alors transpiré là-bas. Chat Noir
pour les artistes ? Martinisme et F:.M pour les occultistes
? En tout cas c'est là que Pierre Plantard a trouvé
son "matériau de base", quand il fréquentait
les membres d'Atlantis par exemple.
Paul Le Cour, fondateur du mouvement
Atlantis, n'a t'il pas écrit dans sa revue un article
intitulé
"Un Rose-Croix moderne... Paul La Curia" car
L'abbé La Curia faisait partie de la Rose-Croix
de Toulouse... encore un prêtre qui fréquentait
de biens mauvais lieux.
Pierre
Plantard a eu connaissance ou accès à un
"dossier" fort bien renseigné mais partiel
concernant le "secret des Deux Rennes".
Il en a tiré ses "dossiers secrets" et
toute la littérature qu'il a chargé Gérard
de Sède et Philippe de Chérisse de servir
au public…. Tout en se gardant bien de leur en divulguer
le contenu…
Il
a vraisemblablement cru à son destin de Grand Monarque...
le Mérovingien remplaçant le Capétien
et le Prieuré de Sion les cercles hermétiques
légitimistes. Il a simplement eu des informations
partielles et les a mal comprises... ce qui fait
que son "scénario" sonne parfois agréablement
en concordance avec les éléments réels
de l'affaire.
Le Serpent Rouge, les parchemins, l'Arcadie, un certain
aspect de l'Histoire et plein d'autres éléments
ont été délayés dans une soupe
romanesque, avec tout le talent de Gérard de Sède.
Paul
Le Cour écrivait, dans le numéro 50 d'Atlantis,
daté de décembre 1933 : " Nos recherches
d'archéologie traditionnelle touchant au côté
caché des religions, comment dire ce que nous avons
à dire sans nous exposer à des reproches
? Le mieux sans doute est de poursuivre
notre route en toute indépendance entre disciples
d'AOR (ceux de l'Eglise) et ceux d'AGNI (les Francs-Maçons")
qui se tournent le dos avec horreur. Et cependant, s'il
est une Grand-Œuvre à réaliser, n'est
ce pas celle qui réunirait les deux colonnes du
Temple actuellement séparées, en restaurant
cette maçonnerie chrétienne dont firent
jadis partie des hommes d'Eglise et Joseph de Maistre
lui même, considéré comme l'une des
lumières du catholicisme ».
AOR
-AGNI ... des initiales qui rapprochent.
Aronnax
– Juillet 2016
Sources
- Bibliographie
L'excellent site de Jérôme Choloux "passion-rlc.fr".
Michel Vallet, "L'histoire du trésor de RLC".
L'ABC
de Rennes le Château (édition Arqa).Revue
maçonnique L'Acacia... septembre 1929 article "l'affaire
de la Sagesse" de Gaston Martin.
Les posts de Grominet.
Revue Atlantis N° 50 de novembre 1933.
Le site de Claudie Dussert (Entraide Généalogique
du Midi Toulousain)... rubrique "Les Francs Maçons".
Excellent article de Gérard Galtier dans "Les
Péladan" dossier conçu par JP laurent
et Victor N'Guyen. L'âge d'homme 1990.
Biographie de H.S Lewis - Diffusion rosicrucienne -Juin
2013.
"RLC , le dossier, les impostures, les fantasmes,
les hypothèses" - Gérard de Sède
- Mai 1988
"La Franc Maçonnerie occultiste au XVIII°
siècle et l'ordre des Élus Coens" -
René Le Forestier - La Table d'Emeraude - Juin
1987.
Dictionnaire Initiatique – Hervé Masson –
Pierre Belfond, Sciences Secrètes.
Comte Begouen, « Une société
secrète émule de la compagnie du Saint-Sacrement.
L’AA de Toulouse aux XVII° et XVIII° siècles »
Synthèse critique de E.Albe dans la rubrique « Comptes
rendus » de la Revue d’histoire de l’Eglise
de France. |