L'on me dit qu'il
faudrait laisser quelques notes sur nos origines et les divers
membres de notre famille existant aujourd'hui.
La nouvelle génération est peu au courant de cette
situation.
Madame de BERNIS -la tante Céline -disait assez plaisamment,
au moment des fiançailles de Yolande: "Guillaume
sait qu'il a un père, qu'il a un grand-père...
Passé quoi, il ne sait plus rien."
Je ne sais si
j'aurai le temps de terminer ce travail que, faute de mes papiers
restés à JONCY (1), je dois faire entièrement
de mémoire. Essayons toujours ...
Nous appartenons
à une famille de la chevalerie lorraine qui, depuis les
Croisades, s'est constamment illustrée par les armes.
Constitué sur les marches du pays de Metz, le fief de
CHERISEY a été en butte à toutes les guerres
entre France et Allemagne. Pillé et ruiné 7 fois,
(la septième fois en 1940),incendié 2 ou 3 fois,
le château a toujours été rétabli
et conservé par les Seigneurs du nom, sans patronyme ni
aucune substitution. C'est un cas presque unique dans l'histoire
de la Lorraine.
Qu'entend-on
par maisons de chevalerie lorraine? Ce sont les maisons nobles
d'origine, c'est-à-dire remontant au moins au XIIIème
siècle, n'ayant jamais été anoblies par
(1) René
de CHERISEY a passé les derniers temps de sa .vie chez
sa fille, la Baronne de ROUJOUX, au Château de la Tour
de l'Ange, à CHARNAY-les-MACON.
2
personne et occupant
un fief de franc alleu, fief que l'on ne pouvait tenir que de
Dieu et de son épée.
Cette dignité
de chevalerie conférait des privilèges importants:
(haute, basse et moyenne justice), etc..., etc..., dont le principal
était de siéger aux assises qui conservaient la
direction suprême du pays. Je crois que cela subsista efficacement
jusqu'au règne de Stanislas, ancien roi de Pologne et
beau-père de Louis XV.
Il y eut environ
250 familles de cet ordre. Je crois qu'il en reste aujourd'hui
35 disséminées un peu partout. Quant à la
division en "Grands Chevaux" et autres, elle est purement
arbitraire. Il est certain que l'on reconnaissait à quatre
familles
une origine plus ancienne ou du moins plus certaine, en ce qu'elles
se rattachaient aux Mérovingiens. Ce sont: HARAUCOURT,
du CHATELET, LIGNIVILLE, et LENONCOURT.
Seuls, les LIGNIVILLE
subsistent encore aujourd'hui.
Plus tard, un
héraldiste fantaisiste (je crois que ce fut sous Stanislas)
inventa les "Petits Chevaux". Il en trouva 20 ou
25; mais cette classification ne repose sur absolument rien de
sérieux et il n'y a pas plus de raison d'attribuer une
préséance aux BASSOMPIERRE, aux d'ASPREMONT ou
aux LAMBERTYE plutôt qu'aux d'AUTEL, aux CHERISEY ou aux
POUILLY. Le vrai principe est celui de la table ronde: Tous gentilshommes
et tous égaux. (Voir la petite brochure à couverture
rouge dans la salle aux Archives. Soc. de la Chevalerie Lorraine).
Le plus grand
homme de guerre de notre maison fut Louis, Marquis de CHERISEY,
Lieutenant-général des Armées du Roi, Lieutenant
de ses gardes du corps, gouverneur du fort St-Jean de Marseille,
Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Sa
charge l'obligea à aller à Versailles. Jusque là,
on était resté strictement lorrain et je me demande
si ce n'est pas par esprit d'opposition que l'on adhéra
pendant deux ou trois générations à la religion
protestante.
3
Fût-ce
le père de ce Louis Ier, c'est-à-dire Charles de
CHERISEY, capitaine des gardes du Duc de Lorraine, marié
à une
ERNECOURT (grande alliance) ou fût-ce ledit Louis Ier qui
rentra dans le sein de l'Eglise ? Depuis lors, en tout cas, il
n'y
eut plus d'hérésie dans la maison et l'on fit sa
cour au Roi de France -mais beaucoup plus en militaire après
ou avant les
campagnes, qu'en courtisan habitué de Versailles.
Si Louis Ier
eut été courtisan, il fut arrivé, je pense,
au rang de Maréchal de France, car il exerça de
grands emplois. Il
eut la délicate mission de reconduire la petite infante
en Espagne, quand Louis XV renonça à l'épouser.
Plus tard, en 1758, à Dittingen, il se couvrit de gloire
en commandant la maison du Roi. Il y fut blessé et perdit
sa perruque, comblé d'éloges. Il avait 72 ans.
La charge de commandant de la maison du Roi n'était habituellement
donnée qu'à
un Maréchal de France, comme aussi celle de Gouverneur
du fort St-Jean de Marseille. (Nous l'avons toujours appelé
"La Perruque", portrait de la salle à manger
de JONCY).
Il eut deux fils:
Louis II, qui viendra tout à l'heure, et Charles, Comte
de NOUROY (vieux nom de la branche cadette), chef d'Escadres,
qui bourlingua pendant 60 ans sur toutes les mers et fit la campagne
d'Amérique pour finir sans enfants. C'est ce dernier que
je représentais à la Société des
Cincinnati de France, aux lieu et place du Marquis actuel. (Ce
rôle revient maintenant à François de CHERISEY).
Il eut aussi deux filles: belles alliances sans postérité
aujourd'hui.
Son fils, Frédéric
Louis II Chevalier, Marquis de CHERISEY, aide de camp du précédent
à la bataille de DITTINGEN, devint aussi Lieutenant-général
des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du Corps,
Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis. Il mourut
âgé, après avoir été président
de la noblesse des Trois Evêchés et du Clermontois
aux Etats Généraux de 1789. Si je ne me trompe,
l'une de ses filles avait épousé le Marquis du
Lau d'Allemans. Il y eut aussi vers cette époque une alliance
Chamisso.
4
C'est son fils,
Louis III, Chevalier, Seigneur et Marquis de CHERISEY, Lieutenant
général des Armées du Roi, Lieutenant de
ses gardes du Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire
de St-Louis (1751 à l827) qui fut l'auteur des deux branches
actuelles des CHERISEY. Il émigra et combattit dans l'armée
des Princes. Pendant ce temps, sa femme (née Le SENECHAL),
séjournait à Deux-Ponts où elle tenait un
magasin de "Frivolités". Le soir, on allait
dans le monde
où l'on rencontrait beaucoup d'émigrés parmi
lesquels le Chevalier de LAMARTINIERE qui faisait et vendait
des chaussures. Mes arrières grands parents, partis de
France sans rien, réussirent à vivre de leur petit
commerce et rapportèrent 90.000 francs environ de bénéfice,
dus au travail et à l'épargne. Le second fils,
mon grand-père, naquit en
émigration à LUXEMBOURG, en 1793. Les deux fils
furent élevés en Allemagne. Mon grand père
passa à l'Ecole des Cadets de Prusse (son portrait en
uniforme bleu dans le salon de JONCY).
La plupart des
émigrés rentrèrent de bonne heure à
partir de 1798. Bonaparte les attirait déjà alors.
J'ignore pourquoi les arrières grands parents ne rentrèrent
que tard à METZ et à CHERISEY, vers 1813.
Madame de CHERISEY
était née Le SENECHAL: son père, fermier
des Aides ou de je ne sais quel impôt, avait un salon fort
agréable, dont parlent LACRETELLE le jeune et le Baron
de FRENILLY dans les souvenirs de l'époque de la Révolution.
Leur fille aînée épousa le Marquis d'AUDIFFRET
(avec son mari, elle fut emprisonnée sous la Terreur)
ainsi que la troisième fille dont il y a un très
beau portrait de GERARD resté chez les d'AUDIFFRET}.
Cette dernière
était aimée de LACRETELLE le jeune, mais elle dut
l'écarter parce qu'elle était fiancée avant
la Révolution
au Chevalier de FLORIAN, l'auteur des Fables.
5
FLORIAN ne fut
pas brillant: par peur d'être compromis, dit-on, par cette
famille suspecte, il abandonna sa fiancée. Celle-ci épousa
plus tard son médecin qui put la tirer de prison; elle
mourut peu après.
Si je suis entré
dans tous ces détails, c'est pour parler des d'AUDIFFRET
et pour marquer la parenté qui subsiste de ce côté.
Il y eut entre CHERISEY et d'AUDIFFRET une très grande
intimité, pendant quatre générations. Le
d'AUDIFFRET de la Révolution eut deux fils, hommes fort
distingués: l'un devint Président de la Cour des
Comptes. L'aîné, qui épousa Melle PORTAL,
eut un fils et deux filles: Mesdames du MAISNIEL et de CORAL.
Du c6té d'AUDIFFRET, il reste des garçons: Henri,
Daniel, etc... et des enfants de deux filles: Lesguern et Henry
de VILLENEUVE en Bretagne. Les CORAL, avec qui nous étions
surtout liés, ont conservé une terre en Poitou,
où vivra, je pense, l'aîné de la famille.
Nous perdons un peu de vue la jeunesse actuelle. De ma génération,
il ne reste plus que Pierre (sans enfants), Paul qui deviendra
l'aîné et Jacques, mon contemporain et ami de toujours.
Jacques a épousé Melle DAGUILHON-PUJOL que nous
aimons beaucoup, depuis que nous avons fait sa connaissance au
Maroc, en 1905. Ils ont une belle demeure, le château de
LIGNY, dans l'Ariège.
Un seul fils, de l'âge de notre Philippe, marié
à Melle de REMUSAT, charmante femme, morte tout récemment.
Il reste aussi
une fille de René, le 3ème des 5 CORAL génération
(marié à une veuve, Princesse CHIKA, Roumaine),
cette fille a épousé un Baron DECAZES {Poitou}.
La seconde branche
des d'AUDIFFRET a pris le nom de PASQUIER, parce qu'elle a été
adoptée par le Chancelier PASQUIER, frère de la
Comtesse d'AUDIFFRET. Un seul fils laissa de la descendance:
le Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, de l'Académie française,
président de la Chambre des Députés en 1871,
l'un des trois ducs qui voulurent mais ne surent pas rétablir
la monarchie en France. (Les deux autres ducs étaient
BROGLIE, Président du Conseil, et DECAZES, Ministre des
Affaires Etrangères).
6
La mère
du Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, grand orateur, était la tante
Zoé, née PASQUIER, qui venait souvent à
Crécy. Nous ne l'aimions pas parce qu'elle prisait, comme
encore beaucoup de vieilles dames, dans mon enfance. Elle voulait
toujours nous embrasser et nous la trouvions malpropre, le tabac
se répandant partout. Le Duc PASQUIER (d'AUDIFFRET) laissa
trois enfants:
1°) Denis,
qui fut, je crois, le premier de nos relations, tué dans
un accident d'automobile. Marié à Melle de l'ARGENTAYE,
il laissa quatre enfants: le Duc qui a épousé une
SAINT-GENYS, le Comte -une MONTGOMERY, Madame de LOUVENCOURT,
et l'intelligente Anne, mariée à Charles de LIEDEKERKE,
l'aîné des LIEDEKERKE
2°) La comtesse
d'IMECOURT, mère de Jean d'IMECOURT, de Madame de CONTADES
et de Madame de FERRIERE-SAUVEBOEUF, celle-ci notre charmante
voisine dans le quartier du Gros-Caillou!
3°) La comtesse
de NEVERLEE, qui eut deux fils dont l'un tué à
la guerre de 1914, et une fille, Jacqueline, mariée successivement
à deux d'URSEL (Belgique).
J'en ai fini
avec les d'AUDIFFRET.
Mais je dois
remonter à l'époque de cette alliance pour retrouver
celle qui nous attache aux d'HUNOLSTEIN et aux BRYAS. Chose curieuse,
nous ne sommes pas parents des HUNOLSTEIN, bien que nous tenions
par les HUNOLSTEIN à tous les BRYAS,etc... Voici comment:
Louis III, Marquis de CHERISEY, marié à Aglaé
LE SENECHAL, avait une soeur qui épousa le Comte ou le
Baron d'HUNOLSTEIN (Chevalerie lorraine) et n'en eut pas de fils,
mais ce dernier avait eu un fils d'un premier mariage et c'est
de ce premier mariage que descendent les d' HUNOLSTEIN. Ils ne
sont donc pas nos parents, mais élevés avec
les n6tres, ils se sont trouvés liés à nous
et cette amitié s'est resserrée du fait
7
qu'ils habitaient
souvent l'été le très beau Château
de SAINT--CYRGUES, tout proche de LAVAURE, en Auvergne. Nous
aimions surtout Hervé d'HUNOLSTEIN, mort célibataire,
il y a peu d'années, et l'excellente Thérèse
de BOUILLE, morte en 1944, laissant deux fils, BOUILLE. Donc,
le second mariage HUNOLSTEIN (fin XVIIIème siècle)
ne laissa de descendance que par deux filles: la Comtesse de
BRYAS et la Comtesse d'HINNISDAL.
Celle-ci eut une fille, Marguerite de LEVIS, morte sans postérité,
et un fils, le Comte d'HINNISDAL, élégant parisien,
propriétaire du très beau château de TILLOBOIS,
détruit en grande partie par la guerre 1914-18, mon parrain
au Cercle de l'Union, époux d'une BETHUNE-SULLY, père
de Madame de LUBERSAC (deux filles) et de Melle d'HINNISDAL.
De la Comtesse
de BRYAS, il y eut un fils, marié à Ursule de VOGUE,
et une fille, la Comtesse d'OULTREMONT de PRESLES, en Belgique.
Le fils des BRYAS épousa Ida de GRAMONT-LESPARRE (d'où
deux fils BRYAS et trois filles), Mme de MERE, Gabrielle de BRYAS,
mortes toutes deux, et Madame NIEL, et une fille, soeur de Jacques,
Thérèse,
Vicomtesse de CHEZELLES, mère des trois fils CHEZELLES
et de Madame Jean des COURTILS. Tous ont des enfants bien mariés.
Je crois préférable de ne pas pousser trop loin
l'énumération, afin d'éviter l'embrouillage.
Mes enfants connaissent plus facilement la nouvelle génération.
J'en ai fini
avec les parentés remontant au XVIIIème siècle,
c'est-à-dire se rattachant à Louis III de CHERISEY.
Un mot des CHERISEY-NOUROY qui ont constitué pendant plusieurs
siècles la branche cadette de notre maison. Ils occupaient
le Château de PORT-sur-SEILLE, à 20 kilomètres
environ de CHERISEY, faisant partie du Duché de BAR, si
je ne me trompe. Ce Château conserve de beaux restes, comme
silhouette tout au moins. Reproduction dans la
bibliothèque de JONCY. Là aussi, la reproduction
d'une partie des pierres tombales gravées (avec les alliances
de 1511 à 1595). Les pierres tombales sont conservées
8
dans la nouvelle
église de PORT-sur-SEILLE, malheureusement très
endommagées, moins par l'usure du temps que par les bombardements
de la guerre 1914-18. C'est encore un très beau souvenir.
Avant de quitter
le 18ème siècle, j'aurais voulu parler de l'émigration
qui a été si différemment et souvent si
mal jugée depuis 150 ans, mais c'est un peu un hors d'oeuvre.
Il vaut d'être traité sur un papier à part.
(Je l'ai fait).
J'en arrive donc
à la descendance de Louis III de CHERISEY (page 4), d'où
sont sorties les deux branches actuelles. Marié à
Aglaé LE SENECHAL, Louis III, rentré en France,
repritsa place à la Cour de Louis XVIII, puis de Charles
X. Il mourut en 1827, laissant deux fils:
l -BRANCHE
AINEE
Louis, Charles
Prosper, Marquis de CHERISEY, Maréchal des Camps et Armées
du Roi, Sous-Lieutenant de ses gardes du corps, Commandant de
l'Ordre Royal et Militaire de la Légion d'Honneur, Chevalier
de St-Louis (1786-1838), aide de camp du Duc d'Angoulême
dans la guerre d'Espagne, accompagna le Roi et les Princes jusqu'à
Cherbourg ,en 1830, puis quitta l'Armée et se retira à
CHERISEY (2ème Emigration) .
Marié,
de l'agrément du Roi Louis XVIII, à Caroline Le
ROY de LIZA, il fut le père de : 1°) -René,
Marquis de CHERISEY, zouave pontifical à CASTELFIDARDO,
mon parrain, mort à 51 ans, père de Catherine de
LAPEYRERE, Nicole NITOT, mal mariée, eut 7 enfants que
nous ne voyons plus. Quant à Louise O'GORMAN, je l'aimais
bien et elle était restée très famille.
Elle fut l'une des premières infirmières de la
Croix Rouge, victime, en 1914, de son dévouement aux blessés
(morte à la suite d'une piqûre anatomique dans un
hôpital de Pau). c'était ma contemporaine. Elle
avait eu l'intention de me laisser tout ce qu'elle possédait
à CHERISEY (c'est-à-dire une partie de la
9
chapelle castrale
et une partie de l'ancienne école devenue maison de garde,
plus les tableaux de famille, etc...), mais son mari, Gaëtan
O'GORMAN, excellent homme, mais très embrouillé
en affaires, qui, cependant à chaque occasion, me répétait
verbalement ces intentions en ma faveur, négligea de les
ratifier par écrit. Il mourut en 1939 et je n'eus rien,
sauf quelques tableaux qu'il avait eu le souci de m'envoyer peu
après lamort de sa femme ; ce sont ceux de la galerie
de JONCY. Je fus très vexé de cet oubli que les
NITOT, conscients ou non, se gardèrent bien de réparer.
Il restait encore plusieurs assez bons portraits de famille dont
j'ai la liste.
1°) René
de CHERISEY -Zouave pontifical, dont je viens d'énumérer
la descendance, avait deux soeurs et un frère;
2°) Aqlaé de CHERISEY -Très originale, morte
célibataire, avait créé une maison de religieuses
garde-malades à NANCY;
3°) Lucie de CHERISEY -Mariée au Comte François
van der STRATEN PONTHOZ en Belgique. Ils eurent un fils, Robert,
mort à 20 ans, presque en même temps que sa mère.
François van der STRATEN, qui avait passé 20 ans
dans notre famille, à METZ et à CHERISEY, repartit
pour la Belgique où il se remaria plus tard à une
TRAZEGNIES, amie de sa première femme. Ce ménage,
devenu un vieux ménage sans enfants, m'accueillit comme
son fils à BRUXELLES et contribua beaucoup à m'y
faire une excellente situation et à m'y marier. Madame
van der STRATEN, née TRAZIGNIES, était la parente
des LIEDEKERKE. Van der STRATEN était en Belgique un homme
du monde très répandu et aimé de tous, de
plus héraldiste et archéologue réputé.
Au cours de son
séjour en France, il avait récolté des quantités
de documents et souvenirs sur les CHERISEY. Ils sont actuellement
classés à JONCY, et je lui dois de m'avoir laissé
ces très importantes archives.
10
C'est lui qui
fit porter -un peu arbitrairement, je crois-à CHERISEY,
la belle pierre tombale CHERISEY-FLIN (reproduction
dans la bibliothèque et dans ma chambre à JONCY)qui
était dans l'Eglise de FLIN. C'est lui qui obtint des
Chanoines de la Cathédrale de NAMUR le petit flacon de
cristal de roche ayant contenu quelques gouttes du saint Sang
(relique bien précieuse) rapporté de Terre Sainte
pour Philippe de NAMUR, père de Beaudoin de FLANDRE, Roi
de JERUSALEM et Empereur d'orient, sacré par Nivelon de
CHERISEY, évêque de SOISSONS, (en l205,sije ne me
trompe). Ce qu'il y a de curieux, c'est que cette relique ne
fut pas cédée à François van der
STRATEN en souvenir de Nivelon, mais bien en raison de son mariage
avec une TRAZEGNIES, famille issue, je crois, de Philippe de
NAMUR par les NASSAU. J'ai d'ailleurs une idée assez vague
de cette parenté.
Heureux temps
de mon séjour à Bruxelles, où je débutai
dans la diplomatie en janvier 1891. J'y pris tout de suite un
goût très vif de mon métier et m'y créai,
grâce à de précieux appuis, une bonne situation
sociale et mondaine. Je plaisais assez aux jeunes filles sérieuses
et plus encore aux mères de famille, à cause de
ma bonne conduite et des garanties d'avenir que j'offrais ainsi.
J'avais en outre beaucoup de bonhomie et de simplicité
pour entrer dans les coutumes et les goûts des autres,
un caractère enjoué et sans brusquerie. J'aurais
beaucoup à raconter sur cette époque 1891 à
99, mais je n'écris pas mes mémoires... Seulement
des notes forcément longues et détaillées
puisqu'elles portent sur notre très nombreuse parenté.
En avril 1896, après une attente de 2 années, je
fus enfin fiancé et marié deux mois après,
le 16 juin 1896. Ce fut un grand bonheur: après avoir
envisagé plusieurs postes, manqué, malgré
mon désir, celui de Rome-Vatican, je fus nommé
au Maroc où commença assez vite pour moi un rôle
des plus intéressants et qui,en 1905, devint important
du fait d'un hasard heureux, qui me procura très jeune
la gérance de la Légation de Tanger et la charge
de recevoir l'empereur d'Allemagne, Guillaume II. Nous parttmes
pour le Maroc, en mars 1899, et ne le quittâmes offi-
ciellement qu'après la Conférence d'Algésiras,
soit en avril 1906.
Cette digression
m'a éloigné de la branche aînée CHERISEY.
J'y reviens ; outre René de CHERISEY, Aglaé de
CHERISEY et Lucie van der STRATEN, ci-dessus nommés, Prosper,
Marquis de CHERISEY, avait un deuxième fils:
4°) Louis
Frédéric François Victor (1824 à
1898) .
Il devint Marquis à la mort de son frère René
en 1874, puis repritde sa belle-soeur (née BOSCARY de
ROMAINE) le Château de CHERISEY pour le laisser à
sa descendance mâle. La chapelle castrale et l'ancienne
maison d'école restèrent à la Marquise René,
puis à ses filles, j'en parlerai ailleurs. Peu à
peu, les terres furent vendues.
Frédéric était un panier percé.
Il se trouva acculé (en 1878 ou 79, si je me souviens
bien),à vendre par force tout ce qui lui restait. Heureusement,
mon père fut prévenu.
D'accord avec son frère Gérard, ils décidèrent
de racheter, indivis, le château (et le parc). Ils l'obtinrent
aux enchères, au prix global de 32.000 francs (valeur
or à l'époque). Mon père, qui était
parti pour METZ, sans perdre un jour en apprenant la vente par
une affiche du notaire, avait passé, en s'y rendant, par
ISEURE, où mon frère et moi étions au collège.
Je n'ai jamais oublié l'impression que je ressentis en
apprenant cet événement qui faillit dépouiller
notre famille (j'avais une dizaine d'années) et ma satisfaction
quand j'appris que mon père avait réussi dans son
entreprise de rachat.
Mon oncle Gérard comme officier, puis ancien officier,
aurait eu des difficultés pour se rendre en pays annexé.
Ce fut mon père qui se chargea de l'administration de
CHERISEY. Il fit si bien qu'il parvint par la suite à
assurer l'entretien sommaire du château sans bourse délier,
c'est-à-dire qu'il suffit pour y pourvoir du petit revenu
des foins du parc et des
12
légumes
et fruits, tout en comprenant un modeste traitement pour le brave
CHAUSSET, ancien soldat d'ordonnance du Marquis René,
qui fut institué gardien et le demeura jusqu'à
sa mort avec un attachement sans égal. Sa nièce,
Marie POTIER, que j'avais vue les premières fois avec
lui à CHERISEY, lui succéda. Elle est morte dernièrement,
de
saisissement, m'a-t-on dit, quand elle vit tous les meubles vendus
par les Allemands, le château confisqué, etc...
Dès 1881,
pendant les vacances, mon père nous emmena, mon frère
et moi, à CHERISEY ; j'y éprouvai de vives émotions
qui renforcèrent les goûts des souvenirs et de la
tradition auxquels j'étais déjà si porté
par nature.
Nous en étions
donc à Frédéric, Marquis de CHERISEY, mort
en 1898, homme séduisant, Officier de la Légion
d'Honneur, il s'était distingué précédemment
par sa bravoure chevaleresque sous les guerres du Second Empire.
Il avait
épousé Berthe LE ROUX du CHASTELET dont il eut
4 enfants: Gérard, Marie, Lucie et Simone.
La soeur de sa
femme, mariée au Général Comte de VAUBAN,
descendant du Maréchal, a laissé à ses neveux
et nièces sa fortune et de très beaux souvenirs.
Il y a entre autres deux portraits du Maréchal de VAUBAN,
dont l'un par RIGAUD (à Paris, chez François).
Mais cette famille subit, du fait des trois dernières
guerres, des malheurs sans fin. Le château de REUX, près
d'Arras, qu'occupait Madame de VAUBAN, fut brûlé
par les mobiles français en 1870. On s'installa dans la
maison du jardinier entourée du beau parc et ce fut encore
convenable. Mais, au cours de la guerre 1914-18, la région
fut tellement dévastée par les obus que mon cousin
Gérard crut impossible de rebâtir quoi que ce soit
et de refaire les terres.
De fait, je vis, peu après la guerre, l'état de
ruine complète de ce qui avait été le château,
la maison du jardinier et le
13
parc, c'est-à-dire
qu'il ne restait ni un mur ni un arbre. Quelques tas de pierres
seulement indiquaient où avaient pu être les constructions.
Enfin, en 1940, le pauvre Gérard a perdu tout ce qui lui
restait. Installé à Douai, dans une assez bonne
maison, celle-ci fut détruite par un bombardement. Forcé
de s'enfuir avec tous les siens, l'on emporta tout ce que l'on
put empiler sur un camion, mais celui-ci fut perdu ou détruit
en route avec tous les objets un peu précieux, les tableaux
de famille, les archives. La détresse de cette famille
fut terrible. Gérard que je rencontrai alors put me dire
sans nulle exagération, et je me rappelle avec quel marasme
"ah! cette fois, je n'ai plus rien!" Il a trouvé
asile avec sa femme dans une ferme appartenant à son deuxième
fils, Louis, marié et établi dans la région.
Gérard,
Sébastien, Etienne, René, Marquis de CHERISEY,
dont je viens de conter les malheurs, est donc le seul fils du
Marquis Frédéric. C'est un bon et fidèle
parent et ami.
Il est mon aîné de 4 ou 5 ans et reste le chef de
nom et d'armes de CHERISEY.
Marié
à Marguerite du PEYRAT, il a trois fils : François,
Louis et René Louis et trois filles dont deux mariées
aux deux
frères du BOSC de PERAN et la dernière à
M. de TOURTIER. Des petitsenfants de tous les côtés.
J'en ai fini
avec la branche aînée.
II -BRANCHE
CADETTE
J'ai dit que
Louis III, Marquis de CHERISEY, avait deux fils (voir page 4)
~ Prosper et Victor.
Le second, Victor
Louis François, Vicomte puis Comte de CHERISEY (Château
de Crécy -Oise), officier d'Etat Major sous la Restauration,
Officier de la Légion d'Honneur (1793 à 1878) fut
mon grand père. Il naquit, comme je l'ai dit, à
14
Luxembourg et
fut élevé en Allemagne. Marié à Clara
COTTIN de JONCY, héritière de la baronne de JONCY
en Charollais. Ardemment dévoués à la monarchie
des Bourbons, ils quittèrent la Cour et Paris en 1830
et se retirèrent à CRECY. Les longues années
qu'ils passèrent dans cette région, les services
qu'ils y rendirent leur créèrent une grande situation
de province. Mon grand père était maire de St-SULPICE
et Conseiller général de l'Oise. Il prenait en
souci les intérêts politiques et sociaux du pays
et laissait, disait-on, en grande partie l'administration de
la terre de CRECY à sa femme. Celle-ci, quand je la connus,
était, en raison de son grand âge, mais aussi de
ses très belles qualités de coeur
et d'intelligence, respectée, vénérée,
aimée de tous, châteaux et chaumières. Elle
est morte en 1898, très près de ses 99 ans.
Elle avait aux yeux de toute sa famille un prestige énorme,
en plus de notre très grande affection. Chez elle, la
fermeté
s'alliait à la bonté et à la bonne grâce.
Elle savait commander et en tout jouait le rôle de chef
de famille à qui tous se
soumettaient, petits et grands.
Mon oncle Gérard,
son fils aîné qui lui succéda à CRECY,
ancien colonel, habitué à commander et dont la
personnalité et la voix paraissaient pleines d'autorité,
redevenait petit garçon quand il était à
CRECY. Il n'eut la direction de CRECY et des affaires qu'à
l'âge de 63 ans environ, quand ma grand'mère, âgée
alors de près de 94 ans, décida de se décharger
sur lui. Il vint alors se fixer définitivement à
CRECY, dont il prit la direction.
Jusqu'à
ce moment, j'allais souvent à CRECY, interrom-pant mes
longs séjours à Paris où je continuais mes
études.
J'aimais cette atmosphère de CRECY, empreinte de tant
de souve-nirs. L'austérité forcée du grand
âge laissait place aux grâces du coeur et de l'esprit
que n'a pas su toujours conserver la jeunesse d'aujourd'hui.
Bien qu'elle n'eût jamais habité la Bourgogne, ma
grand'mère semblait avoir conservé quelque chose
15
du Parlement
de Dijon. Elle nous écrivait de charmantes lettres quele
Président de Brosses n'aurait pas désavouées.
Fort instruite, elle savait le latin; mais aucune pédanterie.
Je crois qu'elle devait son instruction à M. DESPRES,
Membre de l'Institut, ancien Secrétaire des commandements
de la Reine Hortense en Hollande. Je ne sais par suite de quelles
circonstances il avait épousé Madame de JONCY,
mère de ma grand'mère, restée veuve fort
jeune puisque son mari était mort en 1789, quelques mois
avant la naissance de ma grand'mère. M. DESPRES avait
apporté à CRECY une importante bibliothèque
et de très beaux tableaux. Ma grand'mère, persuadée
qu'ils resteraient toujours à CRECY et que cette vieille
terre serait conservée dans la famille, donna le tout
à Renaud, qui ne manqua pas de tout ou presque tout
revendre. De la vente des tableaux, il tira une grosse somme.
Il y avait des van der MEULEN, des Carl DUJARDIN, etc... et je
crois un REMBRANDT, un très beau pastel de DUCREUX, un
autre de HONOTTE, ressemblant tout à fait à son
maître NATTIER, et qui aurait si bien fait à JONCY,
parce qu'il représente Madame de BLANCEY (Renaud a conservé
ce dernier et quelques autres), un LEPICIE, un DANLOU, etc...
En plus du rôle
de mari et d'homme d'affaires, M. DESPRES, "le meilleur
et le plus aimable des hommes", disait ma grand'mère,
s'occupait de l'éducation des enfants. Il attirait à
CRECY des hommes de talent, des Membres de l'Académie
Française. L'on s'y est toujours piqué de culture
et de beau langage.
Est-ce lui, ou
sont-ce ses prédécesseurs ou encore mon grand-père
de CHERISEY, qui transforma le parc de CRECY, comme il était
de mode à la fin du XVIIIème siècle? Une
grande terrasse en façade aboutissant à un saut
de loup et bordant un spacieux étang fut remplacée
par une pelouse à l'anglaise et des allées sinueuses.
Heureusement, le saut de loup avec
16
un petit pont
furent conservés, ainsi que l'étang (ce dernier
avec des bords un peu contournés renfermait une île
naturellement). De très beaux arbres bordaient les allées
qui conduisaient à une pyramide lointaine faisant perspective
du château et qui, elle, était bien française.
Le château, très peu surélevé, présentait
deux façades tout à fait Louis XIII avec deux tours
rondes d'un côté, deux tours carrées de l'autre,
le tout de justes proportions, simple et harmonieux. Heureusement
aussi, avait subsisté une grande partie de jardin français,
avec de larges charmilles très ombreuses, fontaines, statues
et inscriptions latines. Un potager y faisait suite, non pas
entouré de murs, mais de charmilles taillées, de
plus d'un hectare, bien découpé et rempli de fleurs.
Ce qu'il ne rendait pas en utilité comme fruits et légumes
était compensé par un espalier le joignant, de
plus d'un hectare aussi et lui-même entouré de hauts
murs. Tout cela accotant le grand parc, entouré de grands
bois, belles pâtures, etc..., formait un ensemble fort
attrayant. L'on comprend que ce
séjour fût préféré à
celui de JONCY, bien qu'à JONCY les vues extérieures
fussent plus aimables et le climat moins pluvieux. CRECY était
fort humide. Il est temps que je parle de l'origine de cette
belle terre. Le père de ma trisaïeule, la dernière
Baronne de JONCY, était un Conseiller au Parlement de
Paris, M. CHOART, vieille famille parisienne, CHOART de BUZANVAL.
Je ne sais pas s'il avait acquis CRECY des MORET ou MOURET d'ANNEVILLE,
ou s'il l'avait eu d'eux
par héritage. Toujours est-il qu'il le destinait à
son fils qui allait être fait Marquis de CRECY quand il
mourut fort jeune encore.
CRECY passa donc à la fille unique CHOART, qui épousa
le Baron de JONCY et, plus tard, M. DESPRES. Elle était
plus fière du premier nom et, toute sa vie, elle se fit
appeler Madame de JONCY-DESPRES, comme il est inscrit, me semble-t-il,
sur sa tombe, au cimetière de St-SULPICE (Oise). Je ne
me rappelle pas combien elle eut d'enfants de l'un ou l'autre
de ses deux maris, mais enfin il ne reste que deux filles JONCY
dont je parlerai tout à l'heure.
17
Voilà
donc M. de JONCY, mon trisaïeul, qui avait déjà
la grande Baronnie de JONCY et celle de CHANTEAU, dans le Morvan,
devenu Seigneur de CRECY. c'était un vrai Seigneur, à
une époque où la noblesse de robe se rapprochait
de plus en plus de la noblesse d'épée, sinon à
la Cour, du moins dans les salons de Paris. Il y faisait bonne
figure, était l'ami du Marquis de FONTENAY, premier mari
de Madame TALLIEN, et du Baron de BEZENVAL (prononcez Beuzeval),
lui-même général des Suisses, du cercle intime
de Marie-Antoinette.
Les COTTIN de
la BARRE, devenus Barons de JONCY, Seigneurs de BURZY, SAINT-CLEMENT
sur GUYE et COLLONGES en Charollais, étaient de père
en fils Conseillers au Parlement de Dijon, y tenant une place
très honorée, dit la chronique du temps.
Ils avaient un bel hôtel à Dijon, rue Saint-Jean,
je crois.
De grandes cartouches de marbre représentant les quatre
saisons, oeuvre d'un sculpteur bourguignon célèbre
dont j'oublie le nom, le décoraient. Ils sont aujourd'hui
dans le grand escalier du Musée de Dijon. La mère
du dernier Baron de JONCY, mon trisaïeul, était née
Bernard de BLANCEY, de cette famille des BERNARD dont l'abbé
COURTEPEE dit qu'elle "était l'honneur de toute la
région de Mâcon".
Ces BERNARD se
divisèrent en BERNARD de LAVERNETTE, depuis Saint-Maurice,
Bernard de CHAINTRE, Bernard de BLANCEY, etc... Une grande partie
des lettres du Président de BROSSES sont adressées
à "mon gros BLANCEY", Bernard de BLANCEY, Conseiller
aussi au Parlement de BOURGOGNE, devint Baron de CHANTEAU, terre
à 4 clochers comme JONCY, située dans le Morvan,
près de SAULIEU. J'ai dit qu'il ne laissa qu'une fille,
Madame de JONCY.
Que reste-t-il
des parentés du c8té JONCY ? -Personne. Au XVIIIème
siècle, sans doute, cousinait-on avec beaucoup des familles
du Parlement de Bourgogne; les BRETAIGNE, les BURTEUR,
18
les BERNARD,
les LOISY, je crois ; ma grand'mère SAINTIGNON et mon
père avaient le souvenir d'une alliance avec les SAINT-SEINE.
Entre parenthèses, je trouve une parenté du côté
de ma grand'mère dont je n'ai pas parlé et que
nous conservons encore ; mais je ne sais plus si elle se rattache
aux JONCY ou aux CHOART. C'est celle de la famille de La CELLE
dont étaient la Maréchale de MAC-MAHON et aussi
la toute charmante Berthe de CROZE que nous connaissions jadis
en Auvergne. Cette dernière a laissé trois filles:
la femme du Général de MONTMARIN, une Mademoiselle
de LABOULAYE, j'oublie la troisième.
Nous les avons perdues de vue en quittant Paris.
Une autre parenté
amusante est celle de la Maison d'Autriche, qui s'établit
très facilement par un petit tableau généalogique
que j'ai à JONCY. Au XVIème siècle, Pierre
de MORVILLIERS, Chancelier de France, eut deux filles dont la
descendance directe et sans lacune aboutit d'un côté
à Catherine CHOART, mère de la dernière
Baronne de JONCY, et l'autre à une Princesse de SALM,
aïeule de l'Empereur François Joseph d'Autriche-Hongrie.
Je n'ai jamais eu l'occasion ni le désir de m'en prévaloir
auprès des HABSBOURG.
Sur JONCY, il
n'y a plus à dire que ceci: le dernier Baron de JONCY
laissa deux filles ~ Madame de LATANE de PUYFOUCAULD (Périgord)
et ma grand'mère CHERISEY. Je reviendrai à ma grand'mère
en terminant la généalogie de notre branche cadette.
Madame de LATANE
eut deux filles: la Comtesse de BOISJOURDAN (croisades) qui eut
CHANTEAU et Madame de la
MAISONNEUVE: JONCY. 0 Chez les BOISJOURDAN, il ne resta qu'une
fille, Mathilde, Religieuse des Dames du Sacré-Coeur,
Assistante de cette congrégation à Rome, Fondatrice
et Supérieure des Couvents du Sacré-Coeur de Venise
et de Florence. C'est là que nous la vîmes, à
l'occasion de l'un de nos voyages en Italie.
19
Mon père
l'aimait beaucoup. Elle laissa CHANTEAU à Jacques de FONTANGES;
le château disparut entièrement dans un incendie.
A moi, elle laissa ce qu'elle avait recueilli de l'héritagede
sa cousine de BEZE à JONCY : le pré du Vigny et
la petite Garenne.
Quant à
Madame de la Maisonneuve, elle habita peu JONCY qui avait tant
souffert de la Révolution. Sa fille unique, Madame Théodore
de BEZE ne l'habita jamais. J'ai expliqué ailleurs par
quel concours de circonstances ma grand'mère ayant hérité
à 94 ans d'un quart de la terre restant de JONCY, me demanda
de le reprendre.
Avec la très petite part de la Religieuse BOISJOURDAN
et les prés des Perches rachetés par moi, j'ai
actuellement un peu plus du tiers de ce que la Révolution
a laissé. Mais tous les grands et beaux bois sont restés
au Département ou à la Commune, plusieurs terres
ou prés vendus n'ont pu être repris, etc... Ce n'est
plus la grande et opu-lente Baronnie. Mais tel qu'est encore
notre JONCY, je crois en avoir tiré le parti le meilleur.
C'est une petite terre, bien placée et
rassemblée sur les deux côtés de la rivière
de Guye, d'un bon rapport, facile à entretenir et à
habiter.
Nous nous y sommes beaucoup attachés.
Pour terminer
la lignée paternelle, je n'ai plus qu'à énumérer
la descendance sortie de CRECY, c'est-à-dire la branche
cadette des CHERISEY.
II -BRANCHE
CADETTE (Suite)
Mes grands parents
eurent six enfants:
1°) Gérard,
Comte de CHERISEY, Colonel d'Infanterie,Commandeur de la Légion
d'Honneur, marié à Claire d'HESPEL,
Gouverneur de la place de LANDRECIES, mort à CRECY, à
l'âge de 87 ans, père de Renaud et de Jean, de Marthe,
Anne-Marie
20
et Germaine.
-Renaud eut de Geneviève de FAYET, Henri de CHERISEY,
lui-même marié à Renée de BARTILLAT,
d'où un fils Hervé, et une fille Geneviève.
Henri est le propriétaire actuel de CHERISEY. Jean épousa
Antoinette de LANNOY (Belgique), pas d'enfants. Marthe eut d'Alphonse
des FRANCS, une fille qui habite un petit château près
d'Orléans et qu'aucun de nous n'a vue ni entendue depuis
la mort de ses parents.
Anne-Marie épousa
un MONLIVAULT : pas d'enfants.
Germaine, ma
contemporaine, Religieuse du Sacré-Coeur, morte récemment.
De toute cette famille, avec laquelle nous avons été
si liés, il ne reste pour nous que les Henry et leurs
enfants, Hervé et Geneviève, ci-dessus nommés.
Je ne pense pas que nos enfants rencontrent jamais la fille des
FRANCS.
Deuxième
fils de mes grands parents : Henri de CHERISEY, officier d'avenir,
disait-on, mort tristement du choléra à la guerre
de Crimée, enterré à CONSTANZA (Roumanie).
Il fut toujours regretté de sa famille. Longtemps après
sa perte, ma grand'mère n'en parlait qu'avec la plus vive
émotion.
3°) Louis
(1830-1918), mon père qui reviendra tout à l'heure,
et trois filles: Anne, Marie et Gabrielle. Cette dernière,
restée jusqu'à 80 ans petite fille et ingénue,
jouait naturellement un grand rôle auprès des enfants.
Elle ne quittait jamais CRECY, son canapé et sa tapisserie.
4°) Anne
épousa le Vicomte de FONTANGES (Croisades), Inspecteur
Général des Finances. Nous trouvions cet oncle
un peu sévère. Il jouissait du plus grand crédit
à CRECY et ma grand'mère le consultait sur tout:
cela nous agaçait. La tante de FONTANGES était
la bonté même. Elle nous aimait comme ses enfants
et nous l'aimions tous. Nous l'avons toujours vue beaucoup, tant
à CRECY où elle passait tout l'été,
qu'à
21
PARIS où
elle nous recevait fréquemment. Ses fils Hugues et Jacques
étaient largement nos aînés. Elle perdit
une fille, Marguerite, mariée tard au Marquis d'HANTECOURT
et morte peu après. Très douée et pleine
de charmes, nous l'admirions tous et l'aimions. Hugues épousa
Odette d'HAUTESERVE dont il ne reste que deux fils: Géraud,
Polytechnicien, ancien Directeur du Service Géographique
de l'Armée, fait général en 1939 et prisonnier
en Allemagne de 1940 à 1945, pas d'enfants ; Guy, qui
habite Versailles et a 3 enfants, dont un, père Eudiste,
et une, religieuse.
La tante de FONTANGES
mourut vers 1918, âgée de 94 ans.
Le second fils de la tante de FONTANGES, Jacques, épousa
Marguerite
de GERES (Bordelais). Deux fils: Henri, marié à
Anne de GAALON
(Bordelais), une fille, et Jean, marié à Christine
de ROSTANG, 5
fils. Ils habitent l'Anjou. C'est avec ce rameau que nous restons
le plus liés.
5°) Marie
épousa le Marquis de GRASSE (Croisades) des
Princes d'ANTIBES, Colonel de Cavalerie, mort en activité
à
Rambouillet, je crois. Elle avait été très
belle et très brillante.
Les officiers, parmi lesquels était le futur Maréchal
LYAUTEY,
l'appelaient "Marie pleine de grâces". Quand
je l'ai connue, elle
portait encore très haut et parlait avec une grande autorité,
comme
s'il lui appartenait de mener le régiment. Soit avant,
soit après
son veuvage, elle passait de longs mois à CRECY et y apportait
beaucoup d'entrain et de verve spirituelle. Au demeurant,
brillante musicienne. Elle s'installa à Versailles pour
finir et y
mourut à 80 ans, "étonnée, me dit-elle,
peu de jours avant sa mort,
de ne pas aller plus longtemps". Elle eut une fille, morte
jeune du
choléra, et deux fils: Foulques et Guillaume.
22
Foulques, capitaine
d'infanterie de marine, fit toutes
les colonies françaises, puis se maria assez tard avec
Consuelo
FOULD-STIRBEY, adoptée par un Prince Roumain STIRBEY.
Nous étions
mécontents de cette alliance et ma tante en avait bien
souffert.
Guillaume, Marquis
de GRASSE des Princes d'ANTIBES, après
son frère Foulques, très choyé par sa mère
et par tout le monde à
CRECY, grand chasseur courant les bois, épousa Lucie LAGRENE,
voisine de campagne. Il a laissé un fils, Rambaud, et
une fille,
Guillemette de BEAUVILLE, qui a deux enfants. Je ne vais pas
plus
loin; les jeunes de la famille peuvent aisément connaître
ceux de
leur génération.
Reste donc mon
père, auteur du 2ème rameau de la branche
cadette; c'est le troisième fils de mes grands parents:
Louis. -Et voilà LAVAURE qui surgit... .LAVAURE, le paradis
de notre enfance et de notre jeunesse qui, pour nous, surpassait
tout
en beauté et en agrément.
Mon père
épousa Thérèse de ROMEUF, fille unique,
beau parti
et héritière de LAVAURE. Je vais arriver bientôt
aux ROMEUF et à
la ligne féminine de notre famille.
Mes parents eurent
5 enfants: 1°) Henriette, mariée au
vicomte d'AMONVILLE des NOTS, Colonel de Cavalerie, Officier
de la
Légion d'Honneur, décédé en Juin
1940, au moment de l'invasion
allemande. Ils eurent eux-mêmes trois enfants ~
a) Jacques, époux de Anne-Marie CASENAVE, aujourd'hui
général de
cavalerie et prisonnier de 1940 à 1945 en Allemagne. Il
a eu douze
enfants, il en reste onze.
b) Jean, marié à Antonia de LA VILLEON (2 garçons);
mort en 1942.
Antonia s'est remariée à un Américain.
c) Louis, Lieutenant d'Artillerie, tué en 1916.
d) Madeleine, mariée à Albert de JABRUN, décédée
en 1943. Trois
enfants, dont un fils Enseigne de Vaisseau, paraissant plein
d'avenir,
tué à Casablanca en 1940.
23
e) Simone, célibataire.
f) Marie-Anne, célibataire.
g) Elisabeth, morte en 1942, Religieuse de St-Vincent de Paul
h) Sabine, morte jeune en 1915.
Ne restent donc
que les Jacques, Simone, Marie-Anne, Jabrun,
avec deux enfants, et les deux fils de Jean.
2°) Jeanne, la bonne tante Jeanne, célibataire.
3°) Guillaume,
toujours appelé Guy, Officier de
Cavalerie très brillant, Chevalier de la Légion
d'Honneur, sportman
dans sa jeunesse, devenu propriétaire de LAVAURE, mais
vivant très
retiré aujourd'hui au Verger, en Anjou. Il a perdu sa
femme, Jeanne
de REVERONY, en 1941.
Deux enfants:
a) Bertrand, Capitaine -pilote d'aviation, Chevalier de la
Légion d'Honneur, époux de Françoise DAUM
(5 enfants), installé
maintenant à LAVAURE ;
b) Hélène, mariée à Robert de MEURVILLE,
décédé en 1946, Capitaine
de Corvette, Officier de la Légion d'Honneur et mère
de Bertrand de
MEURVILLE, déporté comme résistant à
Buchenwald par les Allemands
(agent de liaison du Général Koenig) .
4°) René,
moi-même, marié à Elisabeth, Madeleine,
Ghislaine van de WOESTYNE ou de la WOESTYNE. L'on doit dire:
van
de WOESTYNE en Flandre, de la WOESTYNE en France. La particule
étrangère se traduit en général.
En France, l'on dit:
Le Prince de Bismark, le Prince de Bulow, le Duc de Wellington
et
non pas: Furst von Bismark, von Bulow, Duc of Wellington; l'on
dit
de Zuylen, de Nievelt et non pas van zuylen, van Nievelt, etc...
La branche aînée
a été représentée en France depuis
Louis XIV, par
le général Marquis de la WOESTYNE, venu probablement
au moment des
guerres de Flandre. Elle s'est éteinte dans un autre
24
général
Marquis de la WOESTYNE, sous Napoléon III. Il fut, je
crois,
un moment Ambassadeur auprès du Vatican.
Je crois me souvenir
que ce Marquis de la WOESTYNE avait
épousé une fille de Madame de GENLIS.
Avant d'en venir
à moi, je dois placer ici ma troisième
soeur, c'est-à-dire
le 5ème enfant de mes parents.
5°) Marie-Thérèse,
plus jeune que moi de 7 ans, plus jeune
qu'Henriette d'AMONVILLE de 11 ans, la chère et si animée
Marie-Thérèse, l'enfant gâtée de la
famille, morte
prématurément en 1942. Je crois bien que c'était
ma soeur
de prédilection. Mariée au Baron de BONNAFOS
(Lorraine-Cantal), elle devint veuve en 1916 ou 17. Elle
habitait le beau et inconfortable château de VIESCAMP,
où
est son fils aîné, Henri, vivant seul la plupart
du temps,
ou avec la bonne tante Jeanne. Il avait épousé
Huguette
BAGUENAULT de VIEVILLE qui l'a quitté sans grand motif,
un mois après la naissance d'une fille. Capitaine de
réserve et prisonnier de guerre, il est tristement rentré
d'Allemagne peu après la mort de sa mère. Son frère
Joseph
n'est pas marié jusqu'ici.
J'en reviens
donc à moi-même pour parler un peu de la
famille de ma femme.
La branche belge
de celle-ci fut moins brillante que la
branche française, l'aînée. J'ai entendu
dire que si le fils de ma
belle-mère avait vécu, on eut demandé au
Roi des Belges de le rattacher
à cet aîné, en lui accordant la succession
au titre de Marquis de la
WOESTYNE. Mais ce fils Victor mourut encore enfant, cette perte
fut
pour mes beaux-parents une très dure épreuve. Puis
ma belle-mère
perdit son mari et sa fille aînée, première
femme du Comte de Villers,
d'où le terrible Charley de VILLERS. Ce dernier a eu d'Alice
du MONCEAU
un fils tué en avion vers 1920, et quatre filles: il a
abandonné femme
et enfants.
25
La branche belge
des de la WOESTYNE, ai-je dit, resta dans
sa province, où elle se contenta d'occuper une place distinguée
dans
l'Echevinage de la ville de Gand. Quelques bonnes alliances;
la
meilleure est
celle des LIEDEKERKE (grande chevalerie flamande
d'origine, anciennement Princes de GAVRE)(van GAVERE), famille
très nombreuse et grands propriétaires terriens
aujourd'hui.
Le Baron van
de WOESTYNE, mon beau-père, que je n'ai
pas connu (mort en 1878), dernier du nom, marié à
Marie Frédé-
rique de LIEDEKERKE (1834 à 1909), fut attaché
ou secrétaire
d'Ambassade en France, puis maire d'Herzèle et Sénateur
du
Royaume de Belgique.
La Baronne van
de WOESTYNE était une femme d'une grande
intelligence et de beaucoup d'autorité. Ses filles et
aussi ses
gendres l'admiraient et la vénéraient. Sans les
avoir trop gâtées
dans leur jeunesse, elle restait attentive à tous leurs
besoins et
se dévouait sans réserve à les aider. J'ai
eu grandement à me louer
de sa bonté et de sa sollicitude pour
nous tous. Veuve, encore jeune, sollicitée, disait-on,
de contracter
une brillante alliance, elle avait refusé de se remarier.
Dame
d'Honneur de la Reine Marie Henriette, elle fut désignée
par le Roi
Léopold II pour organiser la maison de l'Impératrice
Charlotte du
Mexique, devenue complètement folle. Cette malheureuse
Princesse,
soeur de Léopold II et du Comte de Flandre, était
installée au Château
de BOUTCHOUT, près de LAEKEN. Pendant une dizaine d'années,
ma
belle-mère dut y aller fréquemment. Seule, elle
avait pris beaucoup
d'ascendant sur la malade. Celle-ci refusait parfois de manger
par
crainte d'être empoisonnée. L'on avait alors recours
à ma belle-mère
qui obtenait à grand peine de lui faire prendre quelque
nourriture.
26
De mes beaux-parents,
il resta quatre filles:
1°) Marianne,
qui a épousé son beau-frère, le Comte de
VILLIERS. Ils ont perdu un fils, Ferdinand, mort jeune, un autre
fils
Freddie, tué en 1918, peu de temps avant la fin de la
guerre. Il reste:
Jean, propriétaire de Conjoux dans le Condroz, marié
à Louise CORNET
d'ELZIUS (fille d'une LIEDEKERKE) et Madeleine, mariée
au Vicomte de
SOUSBERGHE. On
connaît les petits enfants.
2°) Louise,
décédée en 1937, avait épousé
le Baron de TRAUX
de WARDIN (Château de JODOIGNE -Brabant), Wallon, mort
en 1919
ou 1920. Ils n'ont eu qu'un fils, Henri, Baron de TRAUX de WARDIN,
Ministre Plénipotentiaire de Belgique, marié à
une cousine flamande,
Gertrude della Faille: deux enfants et des petits enfants.
3°) Marie-Thérèse,
mariée au vicomte Gustave du Parc de
LOCMARIA (Breton, devenu Flamand) ; c'est eux qui habitent la
demeure
familiale, le cher HERZELE en Flandre, qu'ils ont restauré
et embelli.
Ils ont perdu leur fils aîné, Raphaël, tué
sur le front en 1917. Il
leur reste: Guillaume, marié à Jacqueline de LANNOY,
François à
Emmanuelle SIMONIS, Elisabeth au Marquis de LAMBERTYE (Cons la
Grand
ville, Lorraine), et Marie-Antoinette, célibataire. Dans
les trois
rameaux, il y a des enfants.
4°) Elisabeth,
ma femme, à qui j'ai dû de longues années
de bonheur.
Nos enfants sont : Philippe
Louis René Nivelon Ghislain marié à
Béatrice de VILLERMONT (famille
originaire de Champagne, établie en
Belgique par mariages) ;
Guillaume Marie
Ghislain, marié à Yolande de MURARD de
SAINT-ROMAIN (Dauphiné et Bourgogne) ; ils sont installés
au Maroc,
où Guillaume a réussi comme colon: 5 enfants.
27 ,
Marie-Jeanne
Ghislaine, etc... mariée à Guillaume de
BUXEUIL, Baron de ROUJOUX (Château de la Tour de l'Ange,
près de Mâcon). De Lorraine, la famille aurait passé
en Ecosse,puis en Bretagne, enfin en Bourgogne.
Nous avons perdu
notre second fils Pierre, Marie, Ghislain
en 1916, à l'âge de 18 ans, charmant enfant qui
offrait à notre avenir
les plus belles promesses. Ce fut une grande et longue douleur.
Je n'en dirai
pas davantage sur la famille de Belgique.
Gustave du PARC a fait à ce sujet un travail sérieux
qu'il sera facile
de consulter.
J'ai, au cours
de ces 27 pages, énuméré les parentés
du
c8té paternel; je l'ai fait un peu longuement, peut-être
pas très
clairement. Il est difficile de ne pas se laisser aller ici et
là
à des souvenirs personnels et heureux. J'en reviens au
côté
maternel de ma famille.
II COTE MATERNEL
L'on a vu que
mon hérédité paternelle, d'origine
chevaleresque, est restée en grande partie surtout militaire.
D'où
mes goûts pour les choses de l'armée; pendant tout
un temps, je
regrettai de ne pas être entré à Saint-Cyr,
comme mon frère. Bientôt,
cependant, une fois engagé dans la carrière, je
compris que j'étais
certainement plus propre au service diplomatique. Mes retours
vers
l'ancienne chevalerie faisaient dire en riant au Prince Sixte
de
BOURBON: "CHERISEY, c'est un féodal..."
.
.
28
Du côté
maternel, si l'illustration s'est faite par les
armes chez les généraux de ROMEUF et de VILLERET,
l'origine était
beaucoup plus modeste, et l'on peut dire toute provinciale. Il
est vrai que presque toutes les familles ont une origine
provinciale ; c'est le labeur, ce sont les vertus obscures et
sans
éclat de la province qui ont fait la vraie France.
L'on prête, à ce sujet, un joli mot à Louis
XV qui se piquait d'être
un parfait gentilhomme et savait bien tout ce qu'il devait à
la
noblesse de province sur les champs de bataille et ailleurs.
Louis
XV voyant arriver
à Versailles un inconnu demande à un de ses
courtisans:
"Qui est ce seigneur ?"-Le courtisan, avec un certain
mépris,
répond: "Oh, Sire, c'est quelqu'un de la province"...
-"Ah !
reprend Louis XV... .00 et vous, Monsieur, n'êtes-vous
pas venu de
la province? Seriez vous, par hasard, né dans mon
antichambre?..."
11
Comme pour les
CHERISEY et les JONCY, je dois établir
les parentés à partir de mes bisaïeux.
Les ROMEUF et
les BRUN de VILLERET sont originaires
du GEVAUDAN. Sortis, je pense de la judicature locale, ils se
trouvaient, vers la fin du XVIIIème siècle, possesseurs
d'une
bonne situation territoriale, placés de l'un et de l'autre
c8té
de la Margeride, quand s'établirent leurs alliances à
la géné-
ration de mes grands parents.
ROMEUF
Claude,Baron
de ROMEUF, père de mon grand-père (de
la VOULTE -aujourd'hui LAVOUTE CHIBHAC) était appelé
le Roi
de la Montagne, en raison de l'importance de ses propriétés.
Il épousa
Flore de FAUVEAU (miniature à JONCY sur
une bonbonnière) qui, elle, était bien, je crois,
d'origine
parisienne. Elle était la cousine germaine du Baron de
FREMILLY, auteur d'amusants mémoires qui se trouvent dans
la
bibliothèque
de JONCY. FREMILLY
dit: "Ma chère Flore, que j'aimais comme
une soeur !". Il faisait partie de la jeunesse dorée
au moment de
la Révolution. Rapprochement curieux, il fréquentait
le salon de
Madame LE SENECHAL, dont je parle plus haut, mère de la
Marquise
de CHERISEY et de la Marquise d'AUDIFFRET. Il n'eut qu'une fille:
la Marquise de PIMODAN, d'où descendent tous les PIMODAN
actuels
(chevalerie lorraine).
Ceux-ci sont donc nos parents; ils
l'étaient
beaucoup plus anciennement par une alliance avec les
CHERISEY -je
n'en sais plus la date.
Claude de ROMEUF
eut deux frères, dont deux généraux du
Premier Empire. L'un fut tué à la MOSKOVA 1 son
nom est inscrit
sous l'Arc de Triomphe à Paris et sert de frontispice
à une des
casernes du Puy. L'autre général de ROMEUF eut
un fils, du nom
d'Alexandre, je crois, marié à Melle de MESMES
; assez changeant
et peu économe, il fut quelque temps propriétaire
du Château de
Champignolles, où sont aujourd'hui les CHARMASSE (Autunois)
et
conseiller général de Saône & Loire.
Il se serait ruiné en
expériences agricoles et fut obligé de vendre.
Il était le père
de la Comtesse de JOUFFROY d'ABBANS (celle-ci dame d'honneur
de
la Princesse Blanche d'Orléans), de la Comtesse de JESSE-CHARLEVAL
dont le mari fut longtemps maire de Marseille et de John de ROMEUF,
cousin que nous appréciions beaucoup, en raison de sa
gaîté, de
sa verve et de son originalité. De toute cette famille,
il ne reste
personne, sauf les enfants d'un second mariage de M. de JESSE
qui
sont parents assez proches et bien vus des ROUJOUX.
J'arrive à
la descendance de Claude de ROMEUF, père de
mon grand-père et restant seul de son nom.
Il eut de Flore de FAUVEAU : 4 fils et 2 filles.
Pour la commodité
du tableau, je placerai mon grand père
le dernier, bien qu'il ne fût pas le plus jeune, me semble-t-il.
30.
1°) Jules, Baron de ROMEUF, resté fidèle à
son coin de
pays, habitait le Château de la Vallette, aujourd'hui aux
BAUDIN,
dans un site très pittoresque, bien plus élevé
que La Voûte, qui
est sur une boucle de l'Allier.
Il eut quatre
enfants : Albert et Jules de ROMEUF, jeunes
gens élégants de Paris, faisant partie de la bande
de
GRAMONT CADEROUSSE,
GALLIFET, etc..., morts célibataires,
l'un des deux tué dans un accident de chevaux emballés;
et deux filles: Madame BAUDIN et la Baronne de BAUMEFORT.
Madame BAUDIN
fut mère de François et de Jean; l'un et
l'autre ont eu fils et filles. Elle habitait La Valette et le
fils
de François est aujourd'hui BAUDIN de la VALETTE. Lui
même, marié à
Mademoiselle de VEYRAC, a des enfants.
La Baronne de
BAUMEFORT habite le vieux château de Soulages,
très haut perché dans les montagnes de la Loire,
qu'elle avait hérité
d'une soeur de son père et de mon grand-père (voir
ci-dessous). Elle
n'eut que deux filles, mortes récemment : Gilberte, célibataire,
et
la toute charmante Jeanne, mariée à M. de LIMAIRAC
(de Nîmes, je
crois).
Jeanne de LIMAIRAC
eut quatre enfants : une fille, décédée
célibataire, une fille mariée au Baron de BELINAY,
parent des BONNAFOS
(pas d'enfants) et deux fils : Joseph de LIMAIRAC, qui est resté
à
Soulages et à Nîmes, et Pierre de LIMAIRAC, officier
de marine
démissionnaire, habitant Lyon et le château ancien
de BAUMEFORT,
venant d'un grand oncle, frère de son grand-père.
Nous conservons de
bons rapports de famille avec eux tous.
2°) La Baronne
de SOULAGES, morte sans enfants, et qui
a laissé sa fortune, ou tout au moins sa terre, aux BAUMEFORT,
puis
aux LIMAIRAC.
3°) La Baronne
BRUN de VILLERET, mariée au frère aîné
de ma grand'mère
de ROMEUF. Il y a ici double alliance. Elle fut la mère
de Louis de
VILLERET et la grand'mère de Madeleine de FELIGONDE. J'y
reviendrai
en parlant des VILLERET.
4°) Barthélémy,
Baron de ROMEUF, fut longtemps questeur du Corps
Législatif
sous Napoléon III. Bien allié, bien posé
à Paris, il avait
épousé
Henriette de SOYE, fille d'une SAULTY. J'ai vu souvent cette
tante et c'est
avec cette branche des ROMEUF que nous sommes toujours
restés
le plus liés. C'est Barthélémy ou Thelmy
qui construisit le
petit château
de Saint-Maurice où sont maintenant les d'ANTHOUARD.
Il n'y eut qu'un fils: Maurice, Baron de
ROMEUF, marié à Eugénie AZEVEDO (origine
inconnue).
Nous aimions beaucoup leurs enfants :
a) Guy de ROMEUF, marié à Edwige de
SUSBIELLE (Bordelais), mort assez jeune en
laissant une fille, Solange, qui a épousé un M.
MAZOT, d'où deux ou trois filles que je ne connais
pas ;
b) Hélène,
Comtesse de VASSAL-MONTVIEIL, Château de
MONTBADON(Gironde), cousine que j'aime beaucoup.
Elle a perdu prématurément son mari, brillant
officier de cavalerie, et sa fille unique. Celle-ci,
mariée à Mr de MONTFORT, aviateur de la guerre
1914-18, a laissé un fils et deux filles que je n'ai
vus que tout enfants (Bordelais);
c) Geneviève,
mariée au Baron d'ANTHOUARD de
WASSERVAS, Ministre Plénipotentiaire de France,
décédé en 1944 au Château de Saint-Maurice,
où il
s'était tout à fait fixé. Geneviève,
grande amie de
ma soeur BONNAFOS, est morte vers 1920. Ils ont
laissé 4 fils et 1 fille ; tous, sauf Bertrand, le
deuxième, sont mariés aujourd'hui. Trois fils sont
bien mariés.
32
5°) Louis
de ROMEUF, qui fut procureur général ou
premier président de la Cour à Pau, marié
deux fois. Du premier
lit, il a eu :
a) Gaston, Château
de SAINT-ALYRE (Puy-de-Dôme), d'où deux fils
que j'ai bien connus, un peu plus jeunes que moi, au Collège
des
Maristes de Riom et bien perdus de vue depuis. C'étaient
Jacques
et Jean, le premier a laissé plusieurs fils, dont l'aîné
est
aujourd'hui le Baron de ROMEUF ;
b) Paul, de ROMEUF,
Château de CONDERT (Haute-Loire), intelligent
et très original, a laissé une fille, la Baronne
de VULLIOD, veuve
d'un propriétaire d'importants vignobles dans l'Hérault.
Un fils
de Paul, mort jeune, avait une fille mariée récemment
et un fils
tué dans un accident d'automobile ;
6°) Reste
mon grand-père, Amédée de ROMEUF, fils de
Claude de ROMEUF et de Flore de FAUVEAU. Il épousa Cornélie
BRUN
de VILLERET, fille du Lieutenant Général Baron
de VILLERET et de
Melle de CABOT de la FARE (Julie, si je ne me trompe). Il termina
sa carrière comme Trésorier-Général
du Puy-de-Dôme; c'est pourquoi
nous habitions Clermont-Ferrand, où je suis moi-m~me né,
le 15
février 1868.
Ma mère,
Thérèse de ROMEUF, était fille unique et
ce
que l'on appelait un beau parti. C'est dire qu'elle fut choyée
et adulée. Je ne crois pourtant pas qu'elle fat gâtée
par ses
parents, car je lui ai toujours connu l'esprit de sacrifice et
un dévouement complet pour tous. Elle nous a élevés
sévèrement,
ce dont je lui ai toujours conservé la plus vive reconnaissance.
Ma grand'mère ne nous gâtait pas non plus. Mon grand-père
peut-être, mais il mourut en 1875, j'avais 7 ans.
Mes grands-parents
avaient acheté LAVAURE où l'on
passait tout l'été. Nous allions seulement à
CRECY pendant un mois,
au cours des vacances. A nos yeux, LAVAURE primait tout.
Là, était
le plus beau Château, rempli du plus beau mobilier,
le plus merveilleux pays avec le plus agréable climat,
les gens les
plus aimables, les voisins préférés, les
meilleurs fruits, la cuisine
la plus exquise. Nous aimions bien CRECY, mais pour un temps,
comme
un voyage distrayant, mais ni la grande et belle terre avec ses
vastes
bois, les promenades, les jeux avec les cousins et cousines,
la
compagnie de notre chère grand'mère
les conversations intéressantes, etc..., ne nous auraient
retenus et le retour à LAVAURE était la plus grande
joie. Heureuses
vues de l'enfance qui nous attachent à nos premières
amours et
nous procurent, pour l'avenir, toute une réserve des plus
doux
souvenirs.
Ce qui est très
certain, c'est que mes grands parents
avaient un goût très sûr à une époque
où il y en avait si peu, et
où tant de beaux châteaux ont été
déplorablement abîmés par leurs
restaurateurs. Je dis toujours que les habitations qui ont eu
le
malheur d'appartenir à des gens riches au milieu du XIXème
siècle
ont été détériorées sous le
prétexte d'embellissements, tandis que
celles où l'on n'a fait que très peu de réparations,
faute
d'argent,offrent encore aujourd'hui de magnifiques restes. combien
d'exemples des uns et des autres je pourrais citer dans notre
Bourgogne et parmi nos proches voisins.
Mes grands parents
avaient donc acheté LAVAURE à très
bon compte et presque entièrement garni de ce superbe
mobilier qui
en fait une chose unique. Ils y avaient fait quelques restaurations
sans anachronisme et apporté encore un petit nombre
de très beaux meubles, la plupart, comme les boiseries
peintes de
la salle à manger, provenant du Château d'EFFIAT.
Presque tout le
mobilier ainsi était de style ancien et d'époque.
A l'extérieur,
l'architecture datant, je crois, de 1695, bien qu'un peu lourde,
et du côté jardin, monotone, avait grand air. Des
allées bien
tracées,
même celles parcourant les vignes sur
34.
une hauteur et les vergers le long de la rivière agrandissaient
le
parc un peu exigu et faisaient but de promenades. c'était
en somme
une fort belle résidence, dans un pays où le terrain
a trop de valeur
pour ne pas être ménagé et où il n'y
a pas de bois. Il y manquait
la chasse ; elle manquait surtout à mon père qui
avait été élevé
à CRECY. Mais il avait un si charmant caractère,
qu'il s'était
attaché à LAVAURE sans chasse. Il disait : "Quand
on n'a pas ce que
l'on aime, il faut s'attacher à ce qu'on a".
Mon cher père,
-après avoir été secrétaire de l'Im-
pératrice Eugénie, fit une carrière administrative
comme Sous
Préfet d'Issoire et Secrétaire général
de la Sous Préfecture de
Dijon, -puis il s'attacha pendant plusieurs années, comme
maire,
à l'administration de la Commune de NESCHERS. Il présida
à la
construction d'une belle mairie et d'une école publique,
puis d'une
église très bien comprise et soignée dans
tous les détails, puis
d'une école libre de garçons. Il en recueillit
surtout de
l'ingratitude. Il vécut souriant et aimable jusqu'à
87 ans ; je
n'ai jamais connu une vieillesse plus verte physiquement et
moralement, un plus complet équilibre de toutes les facultés.
Ma mère
qui mourut un an après lui, le 25 mars 1919, à
78 ans, avait été valétudinaire pendant
de longues années. Les
derniers temps, elle souffrait cruellement. Elle restait bonne,
mais son humeur s'était bien attristée.
VILLERET
L'autre côté
de mon ascendance maternelle. Il ne reste que
peu de parents du côté eu de parents du côté
VILLERET.
Mon bisaïeul
était le Lieutenant Général Baron de BRUN
de
VILLERET, qui fut l'aide de camp et l'ami du Maréchal
SOULT. Il
commanda le 13ème corps d'armée à Clermont-Ferrand.
Homme distingué
et très religieux -il y en avait aussi à cette
époque. Un petit
livre: "La morale en actions" qu'on lisait beaucoup
dans ma jeunesse,
raconte cette anecdote à son sujet. Invité aux
Tuileries à dîner un
vendredi, la Reine Marie Amélie à côté
de qui il était placé,
s'aperçoit qu'il refuse tous les plats. "Mais, Général,
vous ne mangez
pas, lui dit-elle. Que désireriez-vous ?" -"Madame,
répondit-il,
sans élever la voix, c'est que tous les mets présentés
jusqu'ici sont
gras et aujourd'hui c'est vendredi". -De l'autre côté,
le
Maréchal SOULT s'inquiète. Il a compris ce qui
se passe. "Mais, voyons,
mon ami, dit-il, mange donc comme tout le monde. Tu sais bien
que
le Roi, comme tous les militaires, est dispensé de l'abstinence".
-"Excusez-moi, reprend le général, et pardonnez
à mon intransigeance
qui date de très loin. Je n'ai jamais fait gras qu'une
seule fois,
le vendredi, ce fut à tel siège en Allemagne où
je me vis forcé de
manger la tête de mon cheval". -La Reine loua, dit
l'histoire,
une obstination aussi résolue et l'on apporta du maigre
sans insister
davantage.
Le Général
de VILLERET avait épousé Julie (?) de LA FARE,
fille du Marquis de CABOT de LA FARE et d'une BRUGE-MONTGOMERY.
Les BRUGE-MONTGOMERY,
originaires de Grande-Bretagne
-Bruge -bridge -pont) ont brillé à la Cour de la
Restauration en
la personne de deux frères: l'un gouverneur de l'Ecole
des Pages,
l'autre, aide de camp de Charles X, si j'ai bonne mémoire.
36
Les mâles
de cette maison quittèrent la France avant
Charles X et devinrent Allemands. Deux officiers BRUGE furent
contre nous pendant la guerre de 1870. Ils passèrent à
LAVAURE où
l'on conserve leur photographie en uniformes allemands et s'y
comportèrent d'ailleurs en bons gentilshommes. Chose curieuse,
quelques 20 ans après, un de leurs descendants, Victor
de BRUGE,
pressé par les sentiments de l'atavisme français,
arriva en France
chez les REGIS, puis s'engagea dans la Légion Etrangère.
Il mourut
sans être marié et il n'est plus question de parenté
du nom de BRUGE.
Si je parle de
cette famille, c'est pour retrouver des
parentés féminines: l'un des frères BRUGE-MONTGOMERY
eut pour
fille la Marquise de la ROCHELAMBERT, cousine de la Générale
de
VILLERET. Je l'ai connue à LAVAURE dans mon enfance, grande
dame
plus ou moins ruinée. Elle avait été élevée
en Allemagne et fut
demoiselle d'honneur de la Reine, plus tard Impératrice
Augusta,
femme de Guillaume Ier. La Marquise de La ROCHELAMBERT eut un
fils,
qui vendit le ravissant château de ce nom, près
du PUY, -si bien
décrit par George SAND dans Jean de la ROCHE -, puis mourut
sans
postérité mâle.
Elle eut aussi
trois filles. L'aînée, la Comtesse de VALON,
légitimiste intransigeante comme sa mère, eut deux
fils et une fille,
Valonette, qui épousa le Marquis de CASTELBAJAC. Les deux
autres
filles La ROCHE LAMBERT furent:
la Comtesse de la BEDOYERE, devenue la Princesse de la MOSKOWA
et
la Comtesse de la POEZE, toutes deux dames d'honneur de
l'Impératrice Eugénie. Nous eûmes des relations
de parenté avec tout
ce monde. Ces relations ont cessé parce que l'on ne s'est
plus
rencontrés; elles pourraient reprendre à l'occasion.
Au degré
suivant, celui de la Générale de VILLERET, mon
arrière grand'mère, se rattachent les parentés
La FARE.
Il y eut plusieurs
LA FARE: l'Abbé de la FARE, grand vicaire de Mgr
de La ROCHEFOUCAULD, évêque de Nîmes, je crois,
l'un et l'autre
massacrés par les sans-culottes sous la Terreur. L'oncle
Thémistocle,
l'oncle Alcibiade, sans postérité.
Ensuite:
a) le Marquis
de la FARE, que j'ai bien connu ; j'allais
chez lui à
ARIGES, près de FLORAC ; il était veuf d'une des
ISNARD et n'a
laissé qu'une fille;
b) le père
de la Comtesse de Régis,
c) la générale
de VILLERET.
Ces trois derniers
n'étaient pas frères et soeurs, mais cousins. Je
me perds un peu en l'absence de mes documents. La famille est
éteinte,
et je n'en parle que pour nous rattacher aux REGIS, auxquels
nous liait
une grande amitié.
Ma tante de REGIS,
née La FARE, chez qui j'ai fait de longs
séjours dans le Midi, eut deux fils et une fille. Celle
ci, Henriette,
célibataire, fort âgée, nous garde les sentiments
les plus fidèles
et m'écrit chaque année. Les deux fils, Georges
et Louis, sont morts
laissant chacun plusieurs enfants.
1°) Louis
a laissé deux fils: l'aîné, Jacques, habite
La
Rostolane, près d'AIX-en-PROVENCE, célibataire
; le second,
Georges, marié à une GARIDEL, habite SAINTE-MARIE
pas loin de TARASCON,
avec la tante Henriette ;
2°) Georges,
l'aîné de la famille, un peu plus âgé
que nous,
était notre grand ami. Il faisait chaque année,avant
son mariage, un
long séjour à LAVAURE, où nous le traitions
comme un frère.
D'Henriette de
BERLIER TOURTOUR, décédée après lui,
il a
eu 6 ou 7 enfants. Il reste un père Jésuite très
distingué, Philippe,
que nous avons vu plusieurs fois à Rome, Directeur du
Séminaire
catholique Russe (de rite oriental) ; Henri, marié à
Gabrielle du
JONCHAY, voisine de JONCY ; Roselyne, mariée à
un
38
officier BALINCOURT,
que j'ai retrouvé dans le régiment de
cavalerie de Mâcon en 1941 ; Marie-Thérèse,
religieuse du
Sacré-Coeur, et Marthe, non mariée, qui vit seule
près de
Draguignan et à N1mes.
A la génération
de ma grand'mère de ROMEUF, née VILLERET,
je retrouve des parentés qui ont joué un grand
rôle dans notre vie
d'enfants ou de jeunes gens, et dont il subsiste bien peu
aujourd'hui. Tant que nous habitâmes Clermont, nous nous
trouvions
naturellement plus liés avec cette branche. Il n'en fut
plus de même
quand mes parents quittèrent CLERMONT pour s'installer
à PARIS,
après le mariage de ma soeur d'AMONVILLE, en 1886.
Le Général
de VILLERET et sa femme, née LA FARE,
laissèrent quatre enfants:
1°) le Baron
de VILLERET, marié à Mélanie de ROMEUF,
soeur
de mon grand-père, comme je l'ai déjà dit
(double alliance). Ils
n'eurent qu'un fils, Louis, Baron de VILLERET, qui épousa
Laurence
BOHA, nièce du célèbre Ministre de Napoléon
III, Mr ROUHER. D'où une
fille unique, Madeleine de VILLERET, mariée tard à
Jacques de
FELIGONDE, bientôt veuve, qui a ces temps-ci 78 ans. Elle
habite
CLERMONT et le VILLERET, terre d'origine familiale, près
de MALZIEU
(Lozère). Elle est la dernière des VILLERET. Habitant
la même ville
depuis trois générations, nous avons été
et sommes toujours restés
très liés avec ce rameau. Madeleine était
fort intelligente, cultivée
et séduisante,comme son père d'ailleurs.
2°) Edmond
BRUN de VILLERET, Conseiller à la Cour de Lyon,
marié à Stéphanie de VEYRAC, père
de Jeanne de LAJUDIE et de
Marguerite de ROTON. Ces deux cousines de ma mère étaient
pas mal
plus jeunes que ma mère et cela les rapprochait de nous.
De la
première, il y a eu deux fils LAJUDIE, Louis et Edmond,
bien mariés
et qui ont des enfants, plus une fille que l'on appelle Manette.
Elle
a épousé
Alfred de CHANTEMELE et a trois ou
39
quatre enfants.
C'est elle qui conserve la vieille maison des
VILLERET au MALZIEU (Lozère).
Des ROTON (famille
lorraine), il reste un fils, Georges,
bien marié aussi. Tous sont de bons parents, que l'on
voit peu,
mais qui nous sont attachés.
3°) Zénobie
de VILLERET, mariée à Dominique de ROUVILLE,
ancien officier. Elle fut longtemps ma tante de prédilection.
Il était convenu dans la famille de ma mère que
"j'étais tout à fait
du côté de cette famille". Lion disait souvent
~ "René, c'est un La
FARE". D'où la préférence que me marquaient
les oncles et tantes de
ce côté et même ma chère grand'mère
de ROMEUF. Je me sentais aussi
attiré vers eux par un certain atavisme. Les ROUVILLE
n'eurent qu'une
fille, Gabrielle, qui épousa Louis, Baron de MATHAREL,
Receveur des
Finances.
La tante de MATHAREL
était comme une soeur pour ma mère.
L'on se voyait chaque jour. Habitant la même ville et même
longtemps la même maison que les ROUVILLE, il devait exister
une
grande intimité entre enfants et entre parents, comme
elle avait
existé entre nos grands parents, Louis de VILLERET et
Madame de
MATHAREL pour ma mère, Marguerite de MATHAREL et Madeleine
de
VILLERET (devenue FELIGONDE) pour mes frère et soeurs
et moi.
Il en sera bien différemment de ceux qui nous survivront
et que
nous ne connaissons presque pas. Je veux parler de la descendance
de la tante de MATHAREL. Elle n'eut qu'une fille, Marguerite,
qui épousa Ernest du VERNIN, de Clermont-Ferrand. Les
du VERNIN
étaient des amis de ma mère, comme ils passaient
l'été à
VIC-LE-COMTE, tout près de LAVAURE, nous nous voyions
beaucoup à l'époque des vacances. . Des du VERNIN,
il y eut
un fils, Jules,
tué à la guerre de 14-18, et une fille, mariée
au Comte de CERNOWITZ. Ce CERNOWITZ, officier français,
était
le fils d'un aide de camp ou chambellan du roi Georges de Grèce,
qu'il accompagnait dans ses voyages annuels en France et fut,
je crois, à ses côtés, quand le Roi tomba
sous
40
les coups d'un
assassin à SALONIQUE. Le fils CERNOWITZ et
sa femme, Catherine du VERNIN, ont été assassinés
eux-mêmes,
il y a moins d'un an, par des maquisards, je crois. C'est
à peine si je les ai connus et je ne connais pas du tout
leurs enfants
(un fils et une
fille, me semble-t-il).
4°) J'ai
laissé ma grand'mère pour terminer,
bien qu'elle fût, je crois, la seconde des enfants du
Général de VILLERET. c'était Cornélie
de
VILLERET ,appelée Nélie, elle épousa Amédée
de ROMEUF
et n'eut pas d'autre descendant que
Thérèse de ROMEUF, mariée au Comte de CHERISEY.
A ce degré
de mon père et de ma mère, il n'y a plus qu'à
se reporter
au côté paternel CHERISEY, et à nous-mêmes.
Les deux lignées
sont soudées. Je m'excuse
d'avoir été si long et assez diffus. J'ai écrit
au courant
de la plume et je ne suis plus, hélas, en état
d'affronter
une retouche ou une mise plus en ordre de ce travail. Tel
quel, si mes enfants prennent la peine de le lire, il leur
apprendra un peu d'où ils viennent et ce qui ils doivent
conserver de notre passé.
24 mars 1945,
René de
CHERISEY
41
RESUME DE NOS
PARENTES
Je crains de
m'être perdu un peu dans les détails en
décrivant toutes nos alliances. Cela paraîtra fastidieux.
Peut-être serai-je plus clair en les résumant ici:
COTE PATERNEL
D'abord les plus
proches côté CHERISEY :
1°) Enfants
de mes frères et soeurs: MEURVILLE AMONVILLE
-JABRUN -BONNAFOS
2°) Enfants
de nos cousins germains:
FONTANGES -GRASSE -BEAUVILLE -des FRANCS
3°) Enfants
des issus de germains:
Les descendants de Gérard, le Marquis actuel 1
ceux de ses soeurs: BERU -CARMEJANE -SAINT-HILLIER ; ceux
des LAPEYREY-NITOT (O'CORMAN sans enfants).
4°) En remontant
jusqu'aux CHERISEY, auteur commun, fin
XVIIIème siècle, désigné sous le
nom de Louis III, nous avons deux
grandes ramifications:
a) par la soeur
de sa femme: tous les d'AUDIFFRET-PASQUIER
et CORAL, IMECOURT
et ses soeurs, NEVERLEE ;
b) par sa soeur
: HUNOLSTEIN-BRYAS, CHEZELLES, des COURTILS, etc..
Du côté
JONCY, ma grand'mère paternelle, il ne reste
personne.
COTE MATERNEL
Ramification
par les cousins germains ou
issus de germains de ma mère, celle-ci n'ayant pas de
frère ou soeur:
l ROMEUF, VASSAL,
d'ANTHOUARD, beaucoup
d'enfants,
BAUMEFORT devenu LIMAIRAC, BELINAY, BAUDIN, de la
VALLETTE, VULLIOD.
II -VILLERET,
La FARE: FELIGONDE, LAJUDIE,
ROTON, CHANTEMELE,
CERNOWITZ, REGIS.
1Je ne parle
pas des plus jeunes, on les connaît mieux et l'on pourra
les rattacher aux noms ci-dessus. La nomenclature détaillée
complètera celle-ci en tous les points de détails.
En général,
j'ai donné quelques
indications sur les parents disparus ; je n'ai rien
dit de ceux qui existent aujourd'hui. Mes enfants ont
sans doute sur ces derniers leur opinion faite et
peuvent les juger autrement que je ne les jugerais
moi-même.
NOTA
L'usage adopté
par les maisons des marches lorraines est,
à l'exemple des familles du Saint-Empire Romain que, -le
titre
de Marquis étant dévolu à l'aîné,
-tous les mâles portent le titre
de Comte avec le prénom. Cette coutume n'existait pas
en France.
-Aujourd'hui,
hélas, il n'y a pas que fantaisie et
incohérence dans cet ordre de choses.
-Sous la Restauration,
l'on avait inventé de décliner les
titres -le fils d'un Duc de l'Empire voulant être Marquis,
etc...
-A la Cour de
Charles X , le titre de Vicomte fut
attribué à Victor, Louis, François de CHERISEY,
chef de la branche
cadette, mon grand-père. Plus tard, il redevint le Comte
Victor. Le
titre de Vicomte a été porté depuis par
le représentant du dernier
rameau. Mon père l'a conservé toute sa vie.
Il alla à
Jean, fils de Gérard, époux d'Antoinette de
LANNOY. Aujourd'hui, ce titre est porté par mon dernier
fils,
Guillaume, qui est bien le cadet de tous les CHERISEY.
Telle est l'explication
d'une anomalie qui peut
surprendre.
il
,
NOTES sur notre
PARENTE (Côté paternel)
par le Comte
René de CHERISEY
Ministre Plénipotentiaire
de France
Commandeur de la Légion d'Honneur
(Rédigé
pendant la guerre
1940-1945)
numérisé
par OCR par Jean Loup de Chérisey
(les N°s
de pagination sont ceux de la
brochure donnée par Oncle René)
L'on me dit qu'il
faudrait laisser quelques notes sur nos
origines et les divers membres de notre famille existant aujourd'hui.
La nouvelle génération est peu au courant de cette
situation.
Madame de BERNIS -la tante Céline -disait assez plaisamment,
au moment des fiançailles de Yolande: "Guillaume
sait qu'il a un
père, qu'il a un grand-père... Passé quoi,
il ne sait plus rien."
Je ne sais si
j'aurai le temps de terminer ce travail que,
faute de mes papiers restés à JONCY (1), je dois
faire entièrement
de mémoire. Essayons toujours ...
Nous appartenons
à une famille de la chevalerie lorraine qui,
depuis les Croisades, s'est constamment illustrée par
les armes.
Constitué sur les marches du pays de Metz, le fief de
CHERISEY a été
en butte à toutes les guerres entre France et Allemagne.
Pillé et ruiné
7 fois, (la septième fois en 1940),incendié 2 ou
3 fois, le château
a toujours été rétabli et conservé
par les Seigneurs du nom, sans
patronyme ni aucune substitution. C'est un cas presque unique
dans
l'histoire de
la Lorraine.
Qu'entend-on
par maisons de chevalerie lorraine? Ce
sont les maisons nobles d'origine, c'est-à-dire remontant
au
moins au XIIIème siècle, n'ayant jamais été
anoblies par
(1) René
de CHERISEY a passé les derniers temps de sa .vie chez
sa fille, la Baronne de ROUJOUX, au Château de la Tour
de l'Ange,
à CHARNAY-les-MACON.
2
personne et occupant
un fief de franc alleu, fief que l'on ne pouvait
tenir que de Dieu et de son épée.
Cette dignité
de chevalerie conférait des privilèges
importants: (haute, basse et moyenne justice), etc..., etc...,
dont le principal était de siéger aux assises qui
conservaient
la direction suprême du pays. Je crois que cela subsista
efficacement jusqu'au règne de Stanislas, ancien roi de
Pologne
et beau-père de Louis XV.
Il y eut environ
250 familles de cet ordre. Je crois qu'il
en reste aujourd'hui 35 disséminées un peu partout.
Quant à la
division en "Grands Chevaux" et autres, elle est purement
arbitraire. Il est certain que l'on reconnaissait à quatre
familles
une origine plus ancienne ou du moins plus certaine, en ce qu'elles
se rattachaient aux Mérovingiens. Ce sont: HARAUCOURT,
du CHATELET,
LIGNIVILLE, et LENONCOURT.
Seuls, les LIGNIVILLE
subsistent encore aujourd'hui.
Plus tard, un
héraldiste fantaisiste (je crois que ce fut
sous Stanislas) inventa les "Petits Chevaux". Il en
trouva 20 ou
25; mais cette classification ne repose sur absolument rien de
sérieux et il n'y a pas plus de raison d'attribuer une
préséance
aux BASSOMPIERRE, aux d'ASPREMONT ou aux LAMBERTYE plutôt
qu'aux
d'AUTEL, aux CHERISEY ou aux POUILLY. Le vrai principe est celui
de la table ronde: Tous gentilshommes et tous égaux. (Voir
la petite
brochure à couverture rouge dans la salle aux Archives.
Soc. de
la Chevalerie
Lorraine).
Le plus grand
homme de guerre de notre maison fut Louis,
Marquis de CHERISEY, Lieutenant-général des Armées
du Roi, Lieutenant
de ses gardes du corps, gouverneur du fort St-Jean de Marseille,
Grand
Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Sa charge
l'obligea à aller à Versailles. Jusque là,
on était resté strictement
lorrain et je me demande si ce n'est pas par esprit d'opposition
que
l'on adhéra pendant deux ou trois générations
à la religion
protestante.
3
Fût-ce
le père de ce Louis Ier, c'est-à-dire Charles de
CHERISEY, capitaine des gardes du Duc de Lorraine, marié
à une
ERNECOURT (grande alliance) ou fût-ce ledit Louis Ier qui
rentra dans le sein de l'Eglise ? Depuis lors, en tout cas, il
n'y
eut plus d'hérésie dans la maison et l'on fit sa
cour au Roi de
France -mais beaucoup plus en militaire après ou avant
les
campagnes, qu'en courtisan habitué de Versailles.
Si Louis Ier
eut été courtisan, il fut arrivé, je pense,
au rang de Maréchal de France, car il exerça de
grands emplois. Il
eut la délicate mission de reconduire la petite infante
en Espagne,
quand Louis XV renonça à l'épouser. Plus
tard, en 1758, à Dittingen,
il se couvrit de gloire en commandant la maison du Roi. Il y
fut blessé
et perdit sa perruque, comblé d'éloges. Il avait
72 ans. La charge
de commandant de la maison du Roi n'était habituellement
donnée qu'à
un Maréchal de France, comme aussi celle de Gouverneur
du fort St-Jean
de Marseille. (Nous l'avons toujours appelé "La Perruque",
portrait
de la salle à manger de JONCY).
Il eut deux fils:
Louis II, qui viendra tout à l'heure,
et Charles, Comte de NOUROY (vieux nom de la branche cadette),
chef
d'Escadres, qui bourlingua pendant 60 ans sur toutes les mers
et
fit la campagne d'Amérique pour finir sans enfants. C'est
ce dernier
que je représentais à la Société
des Cincinnati de France, aux lieu
et place du Marquis actuel. (Ce rôle revient maintenant
à François
de CHERISEY).
Il eut aussi deux filles: belles alliances sans
postérité aujourd'hui.
Son fils, Frédéric
Louis II Chevalier, Marquis de CHERISEY,
aide de camp du précédent à la bataille
de DITTINGEN, devint aussi
Lieutenant-général des Armées du Roi, Lieutenant
de ses gardes du
Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis.
Il
mourut âgé, après avoir été
président de la noblesse des Trois Evêchés
et du Clermontois aux Etats Généraux de 1789. Si
je ne me trompe, l'une
de ses filles avait épousé le Marquis du Lau d'Allemans.
Il y eut aussi
vers cette époque une alliance Chamisso.
-
4
C'est son fils,
Louis III, Chevalier, Seigneur et Marquis
de CHERISEY, Lieutenant général des Armées
du Roi, Lieutenant de ses
gardes du Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de
St-Louis
(1751 à l827) qui fut l'auteur des deux branches actuelles
des
CHERISEY. Il émigra et combattit dans l'armée des
Princes. Pendant
ce temps, sa femme (née Le SENECHAL), séjournait
à Deux-Ponts où elle
tenait un magasin de "Frivolités". Le soir,
on allait dans le monde
où l'on rencontrait beaucoup d'émigrés parmi
lesquels le Chevalier
de LAMARTINIERE qui faisait et vendait des chaussures. Mes arrières
grands parents, partis de France sans rien, réussirent
à vivre de leur
petit commerce et rapportèrent 90.000 francs environ de
bénéfice, dus
au travail et à l'épargne. Le second fils, mon
grand-père, naquit en
émigration à LUXEMBOURG, en 1793. Les deux fils
furent élevés en
Allemagne. Mon grand père passa à l'Ecole des Cadets
de Prusse (son
portrait en uniforme bleu dans le salon de JONCY).
La plupart des
émigrés rentrèrent de bonne heure à
partir de 1798. Bonaparte les attirait déjà alors.
J'ignore
pourquoi les arrières grands parents ne rentrèrent
que tard à
METZ et à CHERISEY, vers 1813.
Madame de CHERISEY
était née Le SENECHAL: son père, fermier
des Aides ou
de je ne sais quel impôt, avait un salon fort agréable,
dont parlent LACRETELLE le jeune et le Baron de FRENILLY dans
les
souvenirs de l'époque de la Révolution. Leur fille
aînée épousa le
Marquis d'AUDIFFRET (avec son mari, elle fut emprisonnée
sous la
Terreur) ainsi que la troisième fille dont il y a un très
beau
portrait de GERARD resté chez les d'AUDIFFRET}.
Cette dernière
était aimée de LACRETELLE le jeune, mais
elle dut l'écarter parce qu'elle était fiancée
avant la Révolution
au Chevalier de FLORIAN, l'auteur des Fables.
5
FLORIAN ne fut
pas brillant: par peur d'être compromis, dit-on, par
cette famille suspecte, il abandonna sa fiancée. Celle-ci
épousa
plus tard son médecin qui put la tirer de prison; elle
mourut peu
après.
Si je suis entré
dans tous ces détails, c'est pour parler
des d'AUDIFFRET et pour marquer la parenté qui subsiste
de ce côté.
Il y eut entre CHERISEY et d'AUDIFFRET une très grande
intimité,
pendant quatre générations. Le d'AUDIFFRET de la
Révolution eut deux
fils, hommes fort distingués: l'un devint Président
de la Cour des
Comptes. L'aîné, qui épousa Melle PORTAL,
eut un fils et deux filles:
Mesdames du MAISNIEL et de CORAL. Du c6té d'AUDIFFRET,
il reste des
garçons: Henri, Daniel, etc... et des enfants de deux
filles:
Lesguern et Henry de VILLENEUVE en Bretagne. Les CORAL, avec
qui nous
étions surtout liés, ont conservé une terre
en Poitou, où vivra, je
pense, l'aîné de la famille. Nous perdons un peu
de vue la jeunesse
actuelle. De ma génération, il ne reste plus que
Pierre (sans
enfants), Paul qui deviendra l'aîné et Jacques,
mon contemporain et
ami de toujours. Jacques a épousé Melle DAGUILHON-PUJOL
que nous
aimons beaucoup, depuis que nous avons fait sa connaissance au
Maroc,
en 1905. Ils ont une belle demeure, le château de LIGNY,
dans l'Ariège.
Un seul fils, de l'âge de notre Philippe, marié
à Melle de REMUSAT,
charmante femme, morte tout récemment.
Il reste aussi
une fille de René, le 3ème des 5 CORAL génération
(marié à une veuve, Princesse CHIKA, Roumaine),
cette fille a épousé
un Baron DECAZES {Poitou}.
La seconde branche
des d'AUDIFFRET a pris le nom de PASQUIER,
parce qu'elle a été adoptée par le Chancelier
PASQUIER, frère de la
Comtesse d'AUDIFFRET. Un seul fils laissa de la descendance:
le Duc
d'AUDIFFRET-PASQUIER, de l'Académie française,
président de la
Chambre des Députés en 1871, l'un des trois ducs
qui voulurent mais
ne surent pas rétablir la monarchie en France. (Les deux
autres ducs
étaient BROGLIE, Président du Conseil, et DECAZES,
Ministre des
Affaires Etrangères).
6
La mère
du Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, grand orateur,
était la tante Zoé, née PASQUIER, qui venait
souvent à Crécy.
Nous ne l'aimions pas parce qu'elle prisait, comme encore
beaucoup de vieilles dames, dans mon enfance. Elle voulait
toujours nous embrasser et nous la trouvions malpropre, le tabac
se répandant partout. Le Duc PASQUIER (d'AUDIFFRET) laissa
trois
enfants:
1°) Denis,
qui fut, je crois, le premier de nos relations, tué dans
un accident d'automobile. Marié à Melle de l'ARGENTAYE,
il laissa
quatre enfants: le Duc qui a épousé une SAINT-GENYS,
le Comte -une
MONTGOMERY, Madame de LOUVENCOURT, et l'intelligente Anne, mariée
à Charles de LIEDEKERKE, l'aîné des LIEDEKERKE
2°) La comtesse
d'IMECOURT, mère de Jean d'IMECOURT, de Madame de
CONTADES et de Madame de FERRIERE-SAUVEBOEUF, celle-ci notre
charmante voisine dans le quartier du Gros-Caillou!
3°) La comtesse
de NEVERLEE, qui eut deux fils dont l'un tué à
la guerre
de 1914, et une fille, Jacqueline, mariée successivement
à deux
d'URSEL (Belgique).
J'en ai fini
avec les d'AUDIFFRET.
Mais je dois
remonter à l'époque de cette alliance pour
retrouver celle qui nous attache aux d'HUNOLSTEIN et aux BRYAS.
Chose
curieuse, nous ne sommes pas parents des HUNOLSTEIN, bien que
nous
tenions par les HUNOLSTEIN à tous les BRYAS,etc... Voici
comment:
Louis III, Marquis de CHERISEY, marié à Aglaé
LE SENECHAL, avait une
soeur qui épousa le Comte ou le Baron d'HUNOLSTEIN (Chevalerie
lorraine) et n'en eut pas de fils, mais ce dernier avait eu un
fils
d'un premier mariage et c'est de ce premier mariage que descendent
les d' HUNOLSTEIN. Ils ne sont donc pas nos parents, mais élevés
avec
les n6tres, ils se sont trouvés liés à nous
et cette amitié s'est
resserrée du fait
7
qu'ils habitaient
souvent l'été le très beau Château
de SAINT--
CYRGUES, tout proche de LAVAURE, en Auvergne. Nous aimions surtout
Hervé d'HUNOLSTEIN, mort célibataire, il y a peu
d'années, et
l'excellente Thérèse de BOUILLE, morte en 1944,
laissant deux fils,
BOUILLE. Donc, le second mariage HUNOLSTEIN (fin XVIIIème
siècle)
ne laissa de descendance que par deux filles: la Comtesse de
BRYAS
et la Comtesse d'HINNISDAL.
Celle-ci eut une fille, Marguerite de LEVIS, morte sans postérité,
et un fils, le Comte d'HINNISDAL, élégant parisien,
propriétaire
du très beau château de TILLOBOIS, détruit
en grande partie par
la guerre 1914-18, mon parrain au Cercle de l'Union, époux
d'une
BETHUNE-SULLY, père de Madame de LUBERSAC (deux filles)
et de Melle
d'HINNISDAL.
De la Comtesse
de BRYAS, il y eut un fils, marié à Ursule
de VOGUE, et une fille, la Comtesse d'OULTREMONT de PRESLES,
en
Belgique. Le fils des BRYAS épousa Ida de GRAMONT-LESPARRE
(d'où deux
fils BRYAS et trois filles), Mme de MERE, Gabrielle de BRYAS,
mortes
toutes deux, et Madame NIEL, et une fille, soeur de Jacques,
Thérèse,
Vicomtesse de CHEZELLES, mère des trois fils CHEZELLES
et de Madame
Jean des COURTILS.
Tous ont des enfants bien mariés. Je crois
préférable de ne pas pousser trop loin l'énumération,
afin d'éviter
l'embrouillage. Mes enfants connaissent plus facilement la nouvelle
génération.
J'en ai fini
avec les parentés remontant au XVIIIème siècle,
c'est-à-dire se rattachant à Louis III de CHERISEY.
Un mot des CHERISEY-NOUROY qui ont constitué pendant plusieurs
siècles la branche cadette de notre maison. Ils occupaient
le Château
de PORT-sur-SEILLE, à 20 kilomètres environ de
CHERISEY, faisant
partie du Duché de BAR, si je ne me trompe. Ce Château
conserve de
beaux restes, comme silhouette tout au moins. Reproduction dans
la
bibliothèque de JONCY. Là aussi, la reproduction
d'une partie des
pierres tombales gravées (avec les alliances de 1511 à
1595). Les
pierres tombales sont conservées
8
dans la nouvelle
église de PORT-sur-SEILLE, malheureusement très
endommagées, moins par l'usure du temps que par les bombardements
de
la guerre 1914-18. C'est encore un très beau souvenir.
Avant de quitter
le 18ème siècle, j'aurais voulu parler de
l'émigration qui a été si différemment
et souvent si mal jugée depuis
150 ans, mais c'est un peu un hors d'oeuvre. Il vaut d'être
traité
sur un papier à part. (Je l'ai fait).
J'en arrive donc
à la descendance de Louis III de CHERISEY
(page 4), d'où sont sorties les deux branches actuelles.
Marié à Aglaé
LE SENECHAL, Louis III, rentré en France, reprit
sa place à la Cour de Louis XVIII, puis de Charles X.
Il mourut en
1827, laissant deux fils:
l -BRANCHE AINEE
Louis, Charles
Prosper, Marquis de CHERISEY, Maréchal
des Camps et Armées du Roi, Sous-Lieutenant de ses gardes
du corps,
Commandant de l'Ordre Royal et Militaire de la Légion
d'Honneur,
Chevalier de St-Louis (1786-1838), aide de camp du Duc d'Angoulême
dans la guerre
d'Espagne, accompagna le Roi et les Princes jusqu'à
Cherbourg ,en 1830, puis quitta l'Armée et se retira à
CHERISEY
(2ème Emigration) .
Marié,
de l'agrément du Roi Louis XVIII, à Caroline Le
ROY
de LIZA, il fut le père de : 1°) -René, Marquis
de CHERISEY, zouave
pontifical à CASTELFIDARDO, mon parrain, mort à
51 ans, père de
Catherine de LAPEYRERE, Nicole NITOT, mal mariée, eut
7 enfants que
nous ne voyons plus. Quant à Louise O'GORMAN, je l'aimais
bien et
elle était restée très famille. Elle fut
l'une des premières
infirmières de la Croix Rouge, victime, en 1914, de son
dévouement
aux blessés (morte à la suite d'une piqûre
anatomique dans un
hôpital de Pau). c'était ma contemporaine. Elle
avait eu
l'intention de me laisser tout ce qu'elle possédait à
CHERISEY
(c'est-à-dire une partie de la
-
9
chapelle castrale
et une partie de l'ancienne école devenue
maison de garde,
plus les tableaux de famille, etc...), mais
son mari, Gaëtan
O'GORMAN, excellent homme, mais très embrouil-
lé en
affaires, qui, cependant à chaque occasion, me répétait
verbalement ces
intentions en ma faveur, négligea de les rati-
fier par écrit.
Il mourut en 1939 et je n'eus rien, sauf quel-
ques tableaux
qu'il avait eu le souci de m'envoyer peu après
la
mort de sa femme ; ce sont ceux de la galerie de JONCY. Je fus
très vexé de cet oubli que les NITOT, conscients
ou non, se
gardèrent bien de réparer. Il restait encore plusieurs
assez
bons portraits de famille dont j'ai la liste.
1°) René
de CHERISEY -Zouave pontifical, dont je
viens d'énumérer la descendance, avait deux soeurs
et un frère;
2°) Aqlaé de CHERISEY -Très originale, morte
célibataire, avait créé une maison de religieuses
garde-malades
à NANCY;
3°) Lucie de CHERISEY -Mariée au Comte François
van der STRATEN PONTHOZ en Belgique. Ils eurent un fils, Robert,
mort à 20 ans, presque en même temps que sa mère.
François van
der STRATEN, qui avait passé 20 ans dans notre famille,
à METZ
et à CHERISEY, repartit pour la Belgique où il
se remaria plus
tard à une TRAZEGNIES, amie de sa première femme.
Ce ménage,
devenu un vieux ménage sans enfants, m'accueillit comme
son fils
à BRUXELLES et contribua beaucoup à m'y faire une
excellente
situation et à m'y marier. Madame van der STRATEN, née
TRAZIGNIES, était la parente des LIEDEKERKE. Van der STRATEN
était en Belgique un homme du monde très répandu
et aimé de tous,
de plus héraldiste et archéologue réputé.
Au cours de son
séjour en France, il avait récolté
des quantités de documents et souvenirs sur les CHERISEY.
Ils
sont actuellement classés à JONCY, et je lui dois
de m'avoir
laissé ces très importantes archives.
10
C'est lui qui
fit porter -un peu arbitrairement, je crois-
à CHERISEY, la belle pierre tombale CHERISEY-FLIN (reproduction
dans la bibliothèque et dans ma chambre à JONCY)qui
était dans
l'Eglise de FLIN. C'est lui qui obtint des Chanoines de la Cathédrale
de NAMUR le petit flacon de cristal de roche ayant contenu quelques
gouttes du saint Sang (relique bien précieuse) rapporté
de Terre
Sainte pour Philippe de NAMUR, père de Beaudoin de FLANDRE,
Roi de
JERUSALEM et Empereur d'orient, sacré par Nivelon de CHERISEY,
évêque de SOISSONS, (en l205,si
je ne me trompe). Ce qu'il y a de curieux, c'est que cette relique
ne fut pas cédée à François van der
STRATEN en souvenir de Nivelon,
mais bien en raison de son mariage avec une TRAZEGNIES, famille
issue, je crois, de Philippe de NAMUR par les NASSAU. J'ai
d'ailleurs une idée assez vague de cette parenté.
Heureux temps
de mon séjour à Bruxelles, où je débutai
dans
la diplomatie
en janvier 1891. J'y pris tout de suite un goût très
vif de mon métier et m'y créai, grâce à
de précieux appuis, une bonne
situation sociale et mondaine. Je plaisais assez aux jeunes filles
sérieuses et plus encore aux mères de famille,
à cause de ma bonne
conduite et des garanties d'avenir que j'offrais ainsi. J'avais
en
outre beaucoup de bonhomie et de simplicité pour entrer
dans les
coutumes et les goûts des autres, un caractère enjoué
et sans
brusquerie. J'aurais beaucoup à raconter sur cette époque
1891 à 99,
mais je n'écris pas mes mémoires... Seulement des
notes forcément
longues et détaillées puisqu'elles portent sur
notre très nombreuse
parenté. En avril 1896, après une attente de 2
années, je fus enfin
fiancé et marié deux mois après, le 16 juin
1896. Ce fut un grand
bonheur: après avoir envisagé plusieurs postes,
manqué, malgré mon
désir, celui de Rome-Vatican, je fus nommé au Maroc
où commença assez
vite pour moi un rôle des plus intéressants et qui,
en 1905, devint important du fait d'un hasard heureux, qui me
procura
très jeune la gérance de la Légation de
Tanger et la
charge de recevoir
l'empereur d'Allemagne, Guillaume II. Nous
parttmes pour le Maroc, en mars 1899, et ne le quittâmes
offi-
ciellement qu'après la Conférence d'Algésiras,
soit en avril 1906.
Cette digression
m'a éloigné de la branche aînée
CHERISEY. J'y reviens ; outre René de CHERISEY, Aglaé
de CHERISEY
et Lucie van der STRATEN, ci-dessus nommés, Prosper, Marquis
de
CHERISEY, avait un deuxième fils:
4°) Louis
Frédéric François Victor (1824 à
1898) .
Il devint Marquis à la mort de son frère René
en 1874, puis repritde sa belle-soeur (née BOSCARY de
ROMAINE) le Château de CHERISEY
pour le laisser à sa descendance mâle. La chapelle
castrale et
l'ancienne maison d'école restèrent à la
Marquise René, puis à ses
filles, j'en parlerai ailleurs. Peu à peu, les terres
furent vendues.
Frédéric était un panier percé.
Il se trouva acculé (en 1878 ou 79, si je me souviens
bien),à vendre
par force tout
ce qui lui restait. Heureusement, mon père fut prévenu.
D'accord avec son frère Gérard, ils décidèrent
de racheter, indivis,
le château (et le parc). Ils l'obtinrent aux enchères,
au prix global
de 32.000 francs (valeur or à l'époque). Mon père,
qui était parti
pour METZ, sans perdre un jour en apprenant la vente par une
affiche
du notaire, avait passé, en s'y rendant, par ISEURE, où
mon frère
et moi étions au collège. Je n'ai jamais oublié
l'impression que
je ressentis en apprenant cet événement qui faillit
dépouiller notre
famille (j'avais une dizaine d'années) et ma satisfaction
quand
j'appris que mon père avait réussi dans son entreprise
de rachat.
Mon oncle Gérard comme officier, puis ancien officier,
aurait eu
des difficultés pour se rendre en pays annexé.
Ce fut mon père qui
se chargea de l'administration de CHERISEY. Il fit si bien qu'il
parvint par la suite à assurer l'entretien sommaire du
château sans
bourse délier, c'est-à-dire qu'il suffit pour y
pourvoir du petit
revenu des foins du parc et des
12
légumes
et fruits, tout en comprenant un modeste traitement pour le
brave CHAUSSET, ancien soldat d'ordonnance du Marquis René,
qui fut
institué gardien et le demeura jusqu'à sa mort
avec un attachement
sans égal. Sa nièce, Marie POTIER, que j'avais
vue les premières fois
avec lui à CHERISEY, lui succéda. Elle est morte
dernièrement, de
saisissement, m'a-t-on dit, quand elle vit tous les meubles vendus
par les Allemands, le château confisqué, etc...
Dès 1881,
pendant les vacances, mon père nous emmena, mon
frère et moi, à CHERISEY ; j'y éprouvai
de vives émotions qui
renforcèrent les goûts des souvenirs et de la tradition
auxquels
j'étais déjà si porté par nature.
Nous en étions
donc à Frédéric, Marquis de CHERISEY, mort
en 1898, homme séduisant, Officier de la Légion
d'Honneur,
il s'était
distingué précédemment par sa bravoure
chevaleresque sous les guerres du Second Empire. Il avait
épousé Berthe LE ROUX du CHASTELET dont il eut
4 enfants:
Gérard, Marie, Lucie et Simone.
La soeur de sa
femme, mariée au Général Comte de VAUBAN,
descendant du Maréchal, a laissé à ses neveux
et nièces sa fortune
et de très beaux souvenirs. Il y a entre autres deux portraits
du
Maréchal de VAUBAN, dont l'un par RIGAUD (à Paris,
chez François).
Mais cette famille subit, du fait des trois dernières
guerres, des
malheurs sans fin. Le château de REUX, près d'Arras,
qu'occupait
Madame de VAUBAN, fut brûlé par les mobiles français
en 1870. On
s'installa dans la maison du jardinier entourée du beau
parc et ce
fut encore convenable. Mais, au cours de la guerre 1914-18, la
région
fut tellement dévastée par les obus que mon cousin
Gérard crut impos-
sible de rebâtir quoi que ce soit et de refaire les terres.
De fait, je vis, peu après la guerre, l'état de
ruine complète de
ce qui avait été le château, la maison du
jardinier et le
13
parc, c'est-à-dire
qu'il ne restait ni un mur ni un arbre. Quelques
tas de pierres seulement indiquaient où avaient pu être
les
constructions. Enfin, en 1940, le pauvre Gérard a perdu
tout ce qui
lui restait. Installé à Douai, dans une assez bonne
maison, celle-ci
fut détruite par un bombardement. Forcé de s'enfuir
avec tous les
siens, l'on emporta tout ce que l'on put empiler sur un camion,
mais
celui-ci fut perdu ou détruit en route avec tous les objets
un peu
précieux, les tableaux de famille, les archives. La détresse
de cette
famille fut terrible. Gérard que je rencontrai alors put
me dire sans
nulle exagération, et je me rappelle avec quel marasme
"ah! cette
fois, je n'ai plus rien!" Il a trouvé asile avec
sa femme dans une
ferme appartenant à son deuxième fils, Louis, marié
et établi dans
la région.
Gérard,
Sébastien, Etienne, René, Marquis de CHERISEY,
dont
je viens de conter les malheurs, est donc le seul fils du Marquis
Frédéric. C'est un bon et fidèle parent
et ami.
Il est mon aîné de 4 ou 5 ans et reste le chef de
nom et d'armes de
CHERISEY.
Marié
à Marguerite du PEYRAT, il a trois fils : François,
Louis et René Louis et trois filles dont deux mariées
aux deux
frères du BOSC de PERAN et la dernière à
M. de TOURTIER. Des petits
enfants de tous les côtés.
J'en ai fini
avec la branche aînée.
II -BRANCHE CADETTE
J'ai dit que
Louis III, Marquis de CHERISEY, avait deux
fils (voir page 4) ~ Prosper et Victor.
Le second, Victor
Louis François, Vicomte puis Comte de
CHERISEY (Château de Crécy -Oise), officier d'Etat
Major sous
la Restauration, Officier de la Légion d'Honneur (1793
à 1878) fut
mon grand père. Il naquit, comme je l'ai dit, à
14
Luxembourg et
fut élevé en Allemagne. Marié à Clara
COTTIN de
JONCY, héritière de la baronne de JONCY en Charollais.
Ardemment
dévoués à la monarchie des Bourbons, ils
quittèrent la Cour et
Paris en 1830 et se retirèrent à CRECY. Les longues
années qu'ils
passèrent dans cette région, les services qu'ils
y rendirent leur
créèrent une grande situation de province. Mon
grand père était
maire de St-SULPICE et Conseiller général de l'Oise.
Il prenait
en souci les intérêts politiques et sociaux du pays
et laissait,
disait-on, en
grande partie l'administration de la terre de
CRECY à sa femme. Celle-ci, quand je la connus, était,
en raison
de son grand âge, mais aussi de ses très belles
qualités de coeur
et d'intelligence, respectée, vénérée,
aimée de tous, châteaux
et chaumières. Elle est morte en 1898, très près
de ses 99 ans.
Elle avait aux yeux de toute sa famille un prestige énorme,
en
plus de notre très grande affection. Chez elle, la fermeté
s'alliait à la bonté et à la bonne grâce.
Elle savait commander
et en tout jouait le rôle de chef de famille à qui
tous se
soumettaient, petits et grands.
Mon oncle Gérard,
son fils aîné qui lui succéda à CRECY,
ancien colonel, habitué à commander et dont la
personnalité et la voix
paraissaient pleines d'autorité, redevenait petit garçon
quand il
était à CRECY. Il n'eut la direction de CRECY et
des affaires qu'à
l'âge de 63 ans environ, quand ma grand'mère, âgée
alors de près de
94 ans, décida de se décharger sur lui. Il vint
alors se fixer
définitivement à CRECY, dont il prit la direction.
Jusqu'à
ce moment, j'allais souvent à CRECY, interrom-
pant mes longs séjours à Paris où je continuais
mes études.
J'aimais cette atmosphère de CRECY, empreinte de tant
de souve-
nirs. L'austérité forcée du grand âge
laissait place aux grâces
du coeur et de l'esprit que n'a pas su toujours conserver la
jeunesse d'aujourd'hui. Bien qu'elle n'eût jamais habité
la
Bourgogne, ma grand'mère semblait avoir conservé
quelque chose
15
du Parlement
de Dijon. Elle nous écrivait de charmantes lettres que
le Président de Brosses n'aurait pas désavouées.
Fort instruite,
elle savait le latin; mais aucune pédanterie. Je crois
qu'elle devait
son instruction à M. DESPRES, Membre de l'Institut, ancien
Secrétaire
des commandements de la Reine Hortense en Hollande. Je ne sais
par
suite de quelles circonstances il avait épousé
Madame de JONCY, mère
de ma grand'mère, restée veuve fort jeune puisque
son mari était mort
en 1789, quelques
mois avant la naissance de ma grand'mère. M. DESPRES
avait apporté à CRECY une importante bibliothèque
et de très beaux
tableaux. Ma grand'mère, persuadée qu'ils resteraient
toujours à
CRECY et que cette vieille terre serait conservée dans
la famille,
donna le tout à Renaud, qui ne manqua pas de tout ou presque
tout
revendre. De la vente des tableaux, il tira une grosse somme.
Il y
avait des van der MEULEN, des Carl DUJARDIN, etc... et je crois
un
REMBRANDT, un très beau pastel de DUCREUX, un autre de
HONOTTE,
ressemblant tout à fait à son maître NATTIER,
et qui aurait si bien
fait à JONCY, parce qu'il représente Madame de
BLANCEY (Renaud a
conservé ce dernier et quelques autres), un LEPICIE, un
DANLOU, etc...
En plus du rôle
de mari et d'homme d'affaires, M. DESPRES,
"le meilleur et le plus aimable des hommes", disait
ma grand'mère,
s'occupait de l'éducation des enfants. Il attirait à
CRECY des
hommes de talent, des Membres de l'Académie Française.
L'on s'y
est toujours piqué de culture et de beau langage.
Est-ce lui, ou
sont-ce ses prédécesseurs ou encore mon
grand-père de CHERISEY, qui transforma le parc de CRECY,
comme il
était de mode à la fin du XVIIIème siècle?
Une grande terrasse en
façade aboutissant à un saut de loup et bordant
un spacieux étang
fut remplacée par une pelouse à l'anglaise et des
allées sinueuses.
Heureusement, le saut de loup avec
16
un petit pont
furent conservés, ainsi que l'étang (ce dernier
avec
des bords un peu contournés renfermait une île naturellement).
De
très beaux arbres bordaient les allées qui conduisaient
à une
pyramide lointaine faisant perspective du château et qui,
elle,
était bien française. Le château, très
peu surélevé, présentait deux
façades tout à fait Louis XIII avec deux tours
rondes d'un côté, deux
tours carrées de l'autre, le tout de justes proportions,
simple et
harmonieux. Heureusement aussi, avait subsisté une grande
partie de
jardin français, avec de larges charmilles très
ombreuses, fontaines,
statues et inscriptions
latines. Un potager y faisait suite, non pas
entouré de murs, mais de charmilles taillées, de
plus d'un hectare,
bien découpé et rempli de fleurs. Ce qu'il ne rendait
pas en utilité
comme fruits et légumes était compensé par
un espalier le joignant,
de plus d'un hectare aussi et lui-même entouré de
hauts murs. Tout
cela accotant le grand parc, entouré de grands bois, belles
pâtures,
etc..., formait un ensemble fort attrayant. L'on comprend que
ce
séjour fût préféré à
celui de JONCY, bien qu'à JONCY les vues
extérieures fussent plus aimables et le climat moins pluvieux.
CRECY
était fort humide. Il est temps que je parle de l'origine
de cette
belle terre. Le père de ma trisaïeule, la dernière
Baronne de JONCY,
était un Conseiller au Parlement de Paris, M. CHOART,
vieille famille
parisienne, CHOART de BUZANVAL. Je ne sais pas s'il avait acquis
CRECY des MORET ou MOURET d'ANNEVILLE, ou s'il l'avait eu d'eux
par héritage. Toujours est-il qu'il le destinait à
son fils qui
allait être fait Marquis de CRECY quand il mourut fort
jeune encore.
CRECY passa donc à la fille unique CHOART, qui épousa
le Baron de
JONCY et, plus tard, M. DESPRES. Elle était plus fière
du premier
nom et, toute sa vie, elle se fit appeler Madame de JONCY-DESPRES,
comme il est inscrit, me semble-t-il, sur sa tombe, au cimetière
de
St-SULPICE (Oise). Je ne me rappelle pas combien elle eut d'enfants
de l'un ou l'autre de ses deux maris, mais enfin il ne reste
que deux
filles JONCY dont je parlerai tout à l'heure.
17
Voilà
donc M. de JONCY, mon trisaïeul, qui avait déjà
la grande Baronnie de JONCY et celle de CHANTEAU, dans le Morvan,
devenu Seigneur de CRECY. c'était un vrai Seigneur, à
une époque
où la noblesse de robe se rapprochait de plus en plus
de la noblesse
d'épée, sinon à la Cour, du moins dans les
salons de Paris. Il
y faisait bonne figure, était l'ami du Marquis de FONTENAY,
premier mari de Madame TALLIEN, et du Baron de BEZENVAL (prononcez
Beuzeval), lui-même général des Suisses,
du cercle intime de
Marie-Antoinette.
Les COTTIN de
la BARRE, devenus Barons de JONCY, Seigneurs
de BURZY, SAINT-CLEMENT sur GUYE et COLLONGES en Charollais,
étaient
de père en fils Conseillers au Parlement de Dijon, y tenant
une place
très honorée, dit la chronique du temps.
Ils avaient un bel hôtel à Dijon, rue Saint-Jean,
je crois.
De grandes cartouches de marbre représentant les quatre
saisons,
oeuvre d'un sculpteur bourguignon célèbre dont
j'oublie le nom, le
décoraient. Ils sont aujourd'hui dans le grand escalier
du Musée de
Dijon. La mère du dernier Baron de JONCY, mon trisaïeul,
était née
Bernard de BLANCEY, de cette famille des BERNARD dont l'abbé
COURTEPEE dit qu'elle "était l'honneur de toute la
région de Mâcon".
Ces BERNARD se
divisèrent en BERNARD de LAVERNETTE,
depuis Saint-Maurice, Bernard de CHAINTRE, Bernard de BLANCEY,
etc... Une grande partie des lettres du Président de BROSSES
sont adressées à "mon gros BLANCEY",
Bernard de BLANCEY, Conseiller
aussi au Parlement de BOURGOGNE, devint Baron de CHANTEAU,
terre à 4 clochers comme JONCY, située dans le
Morvan, près de
SAULIEU. J'ai dit qu'il ne laissa qu'une fille, Madame de JONCY.
Que reste-t-il
des parentés du c8té JONCY ? -Personne. Au
XVIIIème siècle, sans doute, cousinait-on avec
beaucoup des familles
du Parlement de Bourgogne; les BRETAIGNE, les BURTEUR,
18
les BERNARD,
les LOISY, je crois ; ma grand'mère SAINTIGNON et mon
père avaient le souvenir d'une alliance avec les SAINT-SEINE.
Entre
parenthèses, je trouve une parenté du côté
de ma grand'mère dont je
n'ai pas parlé et que nous conservons encore ; mais je
ne sais plus
si elle se rattache aux JONCY ou aux CHOART. C'est celle de la
famille de La CELLE dont étaient la Maréchale de
MAC-MAHON et aussi
la toute charmante Berthe de CROZE que nous connaissions jadis
en
Auvergne. Cette dernière a laissé trois filles:
la femme du Général
de MONTMARIN,
une Mademoiselle de LABOULAYE, j'oublie la troisième.
Nous les avons perdues de vue en quittant Paris.
Une autre parenté
amusante est celle de la Maison
d'Autriche, qui s'établit très facilement par un
petit tableau
généalogique que j'ai à JONCY. Au XVIème
siècle, Pierre de
MORVILLIERS, Chancelier de France, eut deux filles dont la
descendance directe et sans lacune aboutit d'un côté
à Catherine
CHOART, mère de la dernière Baronne de JONCY, et
l'autre à une
Princesse de SALM, aïeule de l'Empereur François
Joseph
d'Autriche-Hongrie. Je n'ai jamais eu l'occasion ni le désir
de m'en
prévaloir auprès des HABSBOURG.
Sur JONCY, il
n'y a plus à dire que ceci: le dernier Baron
de JONCY laissa deux filles ~ Madame de LATANE de PUYFOUCAULD
(Périgord) et ma grand'mère CHERISEY. Je reviendrai
à ma grand'mère
en terminant la généalogie de notre branche cadette.
Madame de LATANE
eut deux filles: la Comtesse de
BOISJOURDAN (croisades) qui eut CHANTEAU et Madame de la
MAISONNEUVE: JONCY. 0 Chez les BOISJOURDAN, il ne resta qu'une
fille, Mathilde, Religieuse des Dames du Sacré-Coeur,
Assistante de
cette congrégation à Rome, Fondatrice et Supérieure
des Couvents du
Sacré-Coeur de Venise et de Florence. C'est là
que nous la vîmes, à
l'occasion de l'un de nos voyages en Italie.
19
Mon père
l'aimait beaucoup. Elle laissa CHANTEAU à Jacques de
FONTANGES; le château disparut entièrement dans
un incendie.
A moi, elle laissa ce qu'elle avait recueilli de l'héritage
de sa cousine de BEZE à JONCY : le pré du Vigny
et la petite Garenne.
Quant à
Madame de la Maisonneuve, elle habita peu JONCY qui
avait tant souffert de la Révolution. Sa fille unique,
Madame
Théodore de BEZE ne l'habita jamais. J'ai expliqué
ailleurs par
quel concours
de circonstances ma grand'mère ayant hérité
à 94 ans
d'un quart de la terre restant de JONCY, me demanda de le reprendre.
Avec la très petite part de la Religieuse BOISJOURDAN
et les prés
des Perches rachetés par moi, j'ai actuellement un peu
plus du tiers
de ce que la Révolution a laissé. Mais tous les
grands et beaux bois
sont restés au Département ou à la Commune,
plusieurs terres ou prés
vendus n'ont pu être repris, etc... Ce n'est plus la grande
et opu-
lente Baronnie. Mais tel qu'est encore notre JONCY, je crois
en avoir
tiré le parti le meilleur. C'est une petite terre, bien
placée et
rassemblée sur les deux côtés de la rivière
de Guye, d'un bon rapport,
facile à entretenir et à habiter.
Nous nous y sommes beaucoup attachés.
Pour terminer
la lignée paternelle, je n'ai plus qu'à
énumérer la descendance sortie de CRECY, c'est-à-dire
la branche
cadette des CHERISEY.
II -BRANCHE CADETTE
(Suite)
Mes grands parents
eurent six enfants:
1°) Gérard,
Comte de CHERISEY, Colonel d'Infanterie,
Commandeur de la Légion d'Honneur, marié à
Claire d'HESPEL,
Gouverneur de la place de LANDRECIES, mort à CRECY, à
l'âge de 87
ans, père de Renaud et de Jean, de Marthe, Anne-Marie
20
et Germaine.
-Renaud eut de Geneviève de FAYET, Henri de CHERISEY,
lui-même marié à Renée de BARTILLAT,
d'où un fils Hervé, et une fille
Geneviève. Henri est le propriétaire actuel de
CHERISEY. Jean épousa
Antoinette de LANNOY (Belgique), pas d'enfants. Marthe eut
d'Alphonse des FRANCS, une fille qui habite un petit château
près
d'Orléans et qu'aucun de nous n'a vue ni entendue depuis
la mort de
ses parents.
Anne-Marie épousa
un MONLIVAULT : pas d'enfants.
Germaine, ma
contemporaine, Religieuse du Sacré-Coeur,
morte récemment. De toute cette famille, avec laquelle
nous avons été
si liés, il ne reste pour nous que les Henry et leurs
enfants, Hervé
et Geneviève, ci-dessus nommés. Je ne pense pas
que nos enfants
rencontrent jamais la fille des FRANCS.
Deuxième
fils de mes grands parents : Henri de CHERISEY,
officier d'avenir, disait-on, mort tristement du choléra
à la guerre
de Crimée, enterré à CONSTANZA (Roumanie).
Il fut toujours regretté
de sa famille. Longtemps après sa perte, ma grand'mère
n'en parlait
qu'avec la plus vive émotion.
3°) Louis
(1830-1918), mon père qui reviendra tout à
l'heure, et trois filles: Anne, Marie et Gabrielle. Cette dernière,
restée jusqu'à 80 ans petite fille et ingénue,
jouait
naturellement un grand rôle auprès des enfants.
Elle ne quittait
jamais CRECY, son canapé et sa tapisserie.
4°) Anne
épousa le Vicomte de FONTANGES (Croisades),
Inspecteur Général des Finances. Nous trouvions
cet oncle un peusévère. Il jouissait du plus grand
crédit à CRECY et ma grand'mère
le consultait sur tout: cela nous agaçait. La tante de
FONTANGES
était la bonté même. Elle nous aimait comme
ses enfants et nous
l'aimions tous. Nous l'avons toujours vue beaucoup, tant à
CRECY
où elle passait tout l'été, qu'à
21
PARIS où
elle nous recevait fréquemment. Ses fils Hugues et Jacques
étaient largement nos aînés. Elle perdit
une fille, Marguerite,
mariée tard au Marquis d'HANTECOURT et morte peu après.
Très douée
et pleine de charmes, nous l'admirions tous et l'aimions. Hugues
épousa Odette d'HAUTESERVE dont il ne reste que deux fils:
Géraud,
Polytechnicien, ancien Directeur du Service Géographique
de l'Armée,
fait général en 1939 et prisonnier en Allemagne
de 1940 à 1945, pas
d'enfants ; Guy, qui habite Versailles et a 3 enfants, dont un,
père
Eudiste, et une,
religieuse.
La tante de FONTANGES
mourut vers 1918, âgée de 94 ans.
Le second fils de la tante de FONTANGES, Jacques, épousa
Marguerite
de GERES (Bordelais). Deux fils: Henri, marié à
Anne de GAALON
(Bordelais), une fille, et Jean, marié à Christine
de ROSTANG, 5
fils. Ils habitent l'Anjou. C'est avec ce rameau que nous restons
le plus liés.
5°) Marie
épousa le Marquis de GRASSE (Croisades) des
Princes d'ANTIBES, Colonel de Cavalerie, mort en activité
à
Rambouillet, je crois. Elle avait été très
belle et très brillante.
Les officiers, parmi lesquels était le futur Maréchal
LYAUTEY,
l'appelaient "Marie pleine de grâces". Quand
je l'ai connue, elle
portait encore très haut et parlait avec une grande autorité,
comme
s'il lui appartenait de mener le régiment. Soit avant,
soit après
son veuvage, elle passait de longs mois à CRECY et y apportait
beaucoup d'entrain et de verve spirituelle. Au demeurant,
brillante musicienne. Elle s'installa à Versailles pour
finir et y
mourut à 80 ans, "étonnée, me dit-elle,
peu de jours avant sa mort,
de ne pas aller plus longtemps". Elle eut une fille, morte
jeune du
choléra, et deux fils: Foulques et Guillaume.
22
Foulques, capitaine
d'infanterie de marine, fit toutes
les colonies françaises, puis se maria assez tard avec
Consuelo
FOULD-STIRBEY, adoptée par un Prince Roumain STIRBEY.
Nous étions
mécontents de cette alliance et ma tante en avait bien
souffert.
Guillaume, Marquis
de GRASSE des Princes d'ANTIBES, après
son frère Foulques, très choyé par sa mère
et par tout le monde à
CRECY, grand chasseur courant les bois, épousa Lucie LAGRENE,
voisine de campagne. Il a laissé un fils, Rambaud, et
une fille,
Guillemette de BEAUVILLE, qui a deux enfants. Je ne vais pas
plus
loin; les jeunes de la famille peuvent aisément connaître
ceux de
leur génération.
Reste donc mon
père, auteur du 2ème rameau de la branche
cadette; c'est le troisième fils de mes grands parents:
Louis. -Et voilà LAVAURE qui surgit... .LAVAURE, le paradis
de notre enfance et de notre jeunesse qui, pour nous, surpassait
tout
en beauté et en agrément.
Mon père
épousa Thérèse de ROMEUF, fille unique,
beau parti
et héritière de LAVAURE. Je vais arriver bientôt
aux ROMEUF et à
la ligne féminine de notre famille.
Mes parents eurent
5 enfants: 1°) Henriette, mariée au
vicomte d'AMONVILLE des NOTS, Colonel de Cavalerie, Officier
de la
Légion d'Honneur, décédé en Juin
1940, au moment de l'invasion
allemande. Ils eurent eux-mêmes trois enfants ~
a) Jacques, époux de Anne-Marie CASENAVE, aujourd'hui
général de
cavalerie et prisonnier de 1940 à 1945 en Allemagne. Il
a eu douze
enfants, il en reste onze.
b) Jean, marié à Antonia de LA VILLEON (2 garçons);
mort en 1942.
Antonia s'est remariée à un Américain.
c) Louis, Lieutenant d'Artillerie, tué en 1916.
d) Madeleine, mariée à Albert de JABRUN, décédée
en 1943. Trois
enfants, dont un fils Enseigne de Vaisseau, paraissant plein
d'avenir,
tué à Casablanca en 1940.
23
e) Simone, célibataire.
f) Marie-Anne, célibataire.
g) Elisabeth, morte en 1942, Religieuse de St-Vincent de Paul
h) Sabine, morte jeune en 1915.
Ne restent donc
que les Jacques, Simone, Marie-Anne, Jabrun,
avec deux enfants, et les deux fils de Jean.
2°) Jeanne, la bonne tante Jeanne, célibataire.
3°) Guillaume,
toujours appelé Guy, Officier de
Cavalerie très brillant, Chevalier de la Légion
d'Honneur, sportman
dans sa jeunesse, devenu propriétaire de LAVAURE, mais
vivant très
retiré aujourd'hui au Verger, en Anjou. Il a perdu sa
femme, Jeanne
de REVERONY, en 1941.
Deux enfants:
a) Bertrand, Capitaine -pilote d'aviation, Chevalier de la
Légion d'Honneur, époux de Françoise DAUM
(5 enfants), installé
maintenant à LAVAURE ;
b) Hélène, mariée à Robert de MEURVILLE,
décédé en 1946, Capitaine
de Corvette, Officier de la Légion d'Honneur et mère
de Bertrand de
MEURVILLE, déporté comme résistant à
Buchenwald par les Allemands
(agent de liaison du Général Koenig) .
4°) René,
moi-même, marié à Elisabeth, Madeleine,
Ghislaine van de WOESTYNE ou de la WOESTYNE. L'on doit dire:
van
de WOESTYNE en Flandre, de la WOESTYNE en France. La particule
étrangère se traduit en général.
En France, l'on dit:
Le Prince de Bismark, le Prince de Bulow, le Duc de Wellington
et
non pas: Furst von Bismark, von Bulow, Duc of Wellington; l'on
dit
de Zuylen, de Nievelt et non pas van zuylen, van Nievelt, etc...
La branche aînée
a été représentée en France depuis
Louis XIV, par
le général Marquis de la WOESTYNE, venu probablement
au moment des
guerres de Flandre. Elle s'est éteinte dans un autre
24
général
Marquis de la WOESTYNE, sous Napoléon III. Il fut, je
crois,
un moment Ambassadeur auprès du Vatican.
Je crois me souvenir
que ce Marquis de la WOESTYNE avait
épousé une fille de Madame de GENLIS.
Avant d'en venir
à moi, je dois placer ici ma troisième
soeur, c'est-à-dire
le 5ème enfant de mes parents.
5°) Marie-Thérèse,
plus jeune que moi de 7 ans, plus jeune
qu'Henriette d'AMONVILLE de 11 ans, la chère et si animée
Marie-Thérèse, l'enfant gâtée de la
famille, morte
prématurément en 1942. Je crois bien que c'était
ma soeur
de prédilection. Mariée au Baron de BONNAFOS
(Lorraine-Cantal), elle devint veuve en 1916 ou 17. Elle
habitait le beau et inconfortable château de VIESCAMP,
où
est son fils aîné, Henri, vivant seul la plupart
du temps,
ou avec la bonne tante Jeanne. Il avait épousé
Huguette
BAGUENAULT de VIEVILLE qui l'a quitté sans grand motif,
un mois après la naissance d'une fille. Capitaine de
réserve et prisonnier de guerre, il est tristement rentré
d'Allemagne peu après la mort de sa mère. Son frère
Joseph
n'est pas marié jusqu'ici.
J'en reviens
donc à moi-même pour parler un peu de la
famille de ma femme.
La branche belge
de celle-ci fut moins brillante que la
branche française, l'aînée. J'ai entendu
dire que si le fils de ma
belle-mère avait vécu, on eut demandé au
Roi des Belges de le rattacher
à cet aîné, en lui accordant la succession
au titre de Marquis de la
WOESTYNE. Mais ce fils Victor mourut encore enfant, cette perte
fut
pour mes beaux-parents une très dure épreuve. Puis
ma belle-mère
perdit son mari et sa fille aînée, première
femme du Comte de Villers,
d'où le terrible Charley de VILLERS. Ce dernier a eu d'Alice
du MONCEAU
un fils tué en avion vers 1920, et quatre filles: il a
abandonné femme
et enfants.
25
La branche belge
des de la WOESTYNE, ai-je dit, resta dans
sa province, où elle se contenta d'occuper une place distinguée
dans
l'Echevinage de la ville de Gand. Quelques bonnes alliances;
la
meilleure est
celle des LIEDEKERKE (grande chevalerie flamande
d'origine, anciennement Princes de GAVRE)(van GAVERE), famille
très nombreuse et grands propriétaires terriens
aujourd'hui.
Le Baron van
de WOESTYNE, mon beau-père, que je n'ai
pas connu (mort en 1878), dernier du nom, marié à
Marie Frédé-
rique de LIEDEKERKE (1834 à 1909), fut attaché
ou secrétaire
d'Ambassade en France, puis maire d'Herzèle et Sénateur
du
Royaume de Belgique.
La Baronne van
de WOESTYNE était une femme d'une grande
intelligence et de beaucoup d'autorité. Ses filles et
aussi ses
gendres l'admiraient et la vénéraient. Sans les
avoir trop gâtées
dans leur jeunesse, elle restait attentive à tous leurs
besoins et
se dévouait sans réserve à les aider. J'ai
eu grandement à me louer
de sa bonté et de sa sollicitude pour
nous tous. Veuve, encore jeune, sollicitée, disait-on,
de contracter
une brillante alliance, elle avait refusé de se remarier.
Dame
d'Honneur de la Reine Marie Henriette, elle fut désignée
par le Roi
Léopold II pour organiser la maison de l'Impératrice
Charlotte du
Mexique, devenue complètement folle. Cette malheureuse
Princesse,
soeur de Léopold II et du Comte de Flandre, était
installée au Château
de BOUTCHOUT, près de LAEKEN. Pendant une dizaine d'années,
ma
belle-mère dut y aller fréquemment. Seule, elle
avait pris beaucoup
d'ascendant sur la malade. Celle-ci refusait parfois de manger
par
crainte d'être empoisonnée. L'on avait alors recours
à ma belle-mère
qui obtenait à grand peine de lui faire prendre quelque
nourriture.
26
De mes beaux-parents,
il resta quatre filles:
1°) Marianne,
qui a épousé son beau-frère, le Comte de
VILLIERS. Ils ont perdu un fils, Ferdinand, mort jeune, un autre
fils
Freddie, tué en 1918, peu de temps avant la fin de la
guerre. Il reste:
Jean, propriétaire de Conjoux dans le Condroz, marié
à Louise CORNET
d'ELZIUS (fille d'une LIEDEKERKE) et Madeleine, mariée
au Vicomte de
SOUSBERGHE. On
connaît les petits enfants.
2°) Louise,
décédée en 1937, avait épousé
le Baron de TRAUX
de WARDIN (Château de JODOIGNE -Brabant), Wallon, mort
en 1919
ou 1920. Ils n'ont eu qu'un fils, Henri, Baron de TRAUX de WARDIN,
Ministre Plénipotentiaire de Belgique, marié à
une cousine flamande,
Gertrude della Faille: deux enfants et des petits enfants.
3°) Marie-Thérèse,
mariée au vicomte Gustave du Parc de
LOCMARIA (Breton, devenu Flamand) ; c'est eux qui habitent la
demeure
familiale, le cher HERZELE en Flandre, qu'ils ont restauré
et embelli.
Ils ont perdu leur fils aîné, Raphaël, tué
sur le front en 1917. Il
leur reste: Guillaume, marié à Jacqueline de LANNOY,
François à
Emmanuelle SIMONIS, Elisabeth au Marquis de LAMBERTYE (Cons la
Grand
ville, Lorraine), et Marie-Antoinette, célibataire. Dans
les trois
rameaux, il y a des enfants.
4°) Elisabeth,
ma femme, à qui j'ai dû de longues années
de bonheur.
Nos enfants sont : Philippe
Louis René Nivelon Ghislain marié à
Béatrice de VILLERMONT (famille
originaire de Champagne, établie en
Belgique par mariages) ;
Guillaume Marie
Ghislain, marié à Yolande de MURARD de
SAINT-ROMAIN (Dauphiné et Bourgogne) ; ils sont installés
au Maroc,
où Guillaume a réussi comme colon: 5 enfants.
27 ,
Marie-Jeanne
Ghislaine, etc... mariée à Guillaume de
BUXEUIL, Baron de ROUJOUX (Château de la Tour de l'Ange,
près de Mâcon). De Lorraine, la famille aurait passé
en Ecosse,puis en Bretagne, enfin en Bourgogne.
Nous avons perdu
notre second fils Pierre, Marie, Ghislain
en 1916, à l'âge de 18 ans, charmant enfant qui
offrait à notre avenir
les plus belles promesses. Ce fut une grande et longue douleur.
Je n'en dirai
pas davantage sur la famille de Belgique.
Gustave du PARC a fait à ce sujet un travail sérieux
qu'il sera facile
de consulter.
J'ai, au cours
de ces 27 pages, énuméré les parentés
du
c8té paternel; je l'ai fait un peu longuement, peut-être
pas très
clairement. Il est difficile de ne pas se laisser aller ici et
là
à des souvenirs personnels et heureux. J'en reviens au
côté
maternel de ma famille.
II COTE MATERNEL
L'on a vu que
mon hérédité paternelle, d'origine
chevaleresque, est restée en grande partie surtout militaire.
D'où
mes goûts pour les choses de l'armée; pendant tout
un temps, je
regrettai de ne pas être entré à Saint-Cyr,
comme mon frère. Bientôt,
cependant, une fois engagé dans la carrière, je
compris que j'étais
certainement plus propre au service diplomatique. Mes retours
vers
l'ancienne chevalerie faisaient dire en riant au Prince Sixte
de
BOURBON: "CHERISEY, c'est un féodal..."
.
.
28
Du côté
maternel, si l'illustration s'est faite par les
armes chez les généraux de ROMEUF et de VILLERET,
l'origine était
beaucoup plus modeste, et l'on peut dire toute provinciale. Il
est vrai que presque toutes les familles ont une origine
provinciale ; c'est le labeur, ce sont les vertus obscures et
sans
éclat de la province qui ont fait la vraie France.
L'on prête, à ce sujet, un joli mot à Louis
XV qui se piquait d'être
un parfait gentilhomme et savait bien tout ce qu'il devait à
la
noblesse de province sur les champs de bataille et ailleurs.
Louis
XV voyant arriver
à Versailles un inconnu demande à un de ses
courtisans:
"Qui est ce seigneur ?"-Le courtisan, avec un certain
mépris,
répond: "Oh, Sire, c'est quelqu'un de la province"...
-"Ah !
reprend Louis XV... .00 et vous, Monsieur, n'êtes-vous
pas venu de
la province? Seriez vous, par hasard, né dans mon
antichambre?..."
11
Comme pour les
CHERISEY et les JONCY, je dois établir
les parentés à partir de mes bisaïeux.
Les ROMEUF et
les BRUN de VILLERET sont originaires
du GEVAUDAN. Sortis, je pense de la judicature locale, ils se
trouvaient, vers la fin du XVIIIème siècle, possesseurs
d'une
bonne situation territoriale, placés de l'un et de l'autre
c8té
de la Margeride, quand s'établirent leurs alliances à
la géné-
ration de mes grands parents.
ROMEUF
Claude,Baron
de ROMEUF, père de mon grand-père (de
la VOULTE -aujourd'hui LAVOUTE CHIBHAC) était appelé
le Roi
de la Montagne, en raison de l'importance de ses propriétés.
Il épousa
Flore de FAUVEAU (miniature à JONCY sur
une bonbonnière) qui, elle, était bien, je crois,
d'origine
parisienne. Elle était la cousine germaine du Baron de
FREMILLY, auteur d'amusants mémoires qui se trouvent dans
la
bibliothèque
de JONCY. FREMILLY
dit: "Ma chère Flore, que j'aimais comme
une soeur !". Il faisait partie de la jeunesse dorée
au moment de
la Révolution. Rapprochement curieux, il fréquentait
le salon de
Madame LE SENECHAL, dont je parle plus haut, mère de la
Marquise
de CHERISEY et de la Marquise d'AUDIFFRET. Il n'eut qu'une fille:
la Marquise de PIMODAN, d'où descendent tous les PIMODAN
actuels
(chevalerie lorraine).
Ceux-ci sont donc nos parents; ils
l'étaient
beaucoup plus anciennement par une alliance avec les
CHERISEY -je
n'en sais plus la date.
Claude de ROMEUF
eut deux frères, dont deux généraux du
Premier Empire. L'un fut tué à la MOSKOVA 1 son
nom est inscrit
sous l'Arc de Triomphe à Paris et sert de frontispice
à une des
casernes du Puy. L'autre général de ROMEUF eut
un fils, du nom
d'Alexandre, je crois, marié à Melle de MESMES
; assez changeant
et peu économe, il fut quelque temps propriétaire
du Château de
Champignolles, où sont aujourd'hui les CHARMASSE (Autunois)
et
conseiller général de Saône & Loire.
Il se serait ruiné en
expériences agricoles et fut obligé de vendre.
Il était le père
de la Comtesse de JOUFFROY d'ABBANS (celle-ci dame d'honneur
de
la Princesse Blanche d'Orléans), de la Comtesse de JESSE-CHARLEVAL
dont le mari fut longtemps maire de Marseille et de John de ROMEUF,
cousin que nous appréciions beaucoup, en raison de sa
gaîté, de
sa verve et de son originalité. De toute cette famille,
il ne reste
personne, sauf les enfants d'un second mariage de M. de JESSE
qui
sont parents assez proches et bien vus des ROUJOUX.
J'arrive à
la descendance de Claude de ROMEUF, père de
mon grand-père et restant seul de son nom.
Il eut de Flore de FAUVEAU : 4 fils et 2 filles.
Pour la commodité
du tableau, je placerai mon grand père
le dernier, bien qu'il ne fût pas le plus jeune, me semble-t-il.
30.
1°) Jules, Baron de ROMEUF, resté fidèle à
son coin de
pays, habitait le Château de la Vallette, aujourd'hui aux
BAUDIN,
dans un site très pittoresque, bien plus élevé
que La Voûte, qui
est sur une boucle de l'Allier.
Il eut quatre
enfants : Albert et Jules de ROMEUF, jeunes
gens élégants de Paris, faisant partie de la bande
de
GRAMONT CADEROUSSE,
GALLIFET, etc..., morts célibataires,
l'un des deux tué dans un accident de chevaux emballés;
et deux filles: Madame BAUDIN et la Baronne de BAUMEFORT.
Madame BAUDIN
fut mère de François et de Jean; l'un et
l'autre ont eu fils et filles. Elle habitait La Valette et le
fils
de François est aujourd'hui BAUDIN de la VALETTE. Lui
même, marié à
Mademoiselle de VEYRAC, a des enfants.
La Baronne de
BAUMEFORT habite le vieux château de Soulages,
très haut perché dans les montagnes de la Loire,
qu'elle avait hérité
d'une soeur de son père et de mon grand-père (voir
ci-dessous). Elle
n'eut que deux filles, mortes récemment : Gilberte, célibataire,
et
la toute charmante Jeanne, mariée à M. de LIMAIRAC
(de Nîmes, je
crois).
Jeanne de LIMAIRAC
eut quatre enfants : une fille, décédée
célibataire, une fille mariée au Baron de BELINAY,
parent des BONNAFOS
(pas d'enfants) et deux fils : Joseph de LIMAIRAC, qui est resté
à
Soulages et à Nîmes, et Pierre de LIMAIRAC, officier
de marine
démissionnaire, habitant Lyon et le château ancien
de BAUMEFORT,
venant d'un grand oncle, frère de son grand-père.
Nous conservons de
bons rapports de famille avec eux tous.
2°) La Baronne
de SOULAGES, morte sans enfants, et qui
a laissé sa fortune, ou tout au moins sa terre, aux BAUMEFORT,
puis
aux LIMAIRAC.
3°) La Baronne
BRUN de VILLERET, mariée au frère aîné
de ma grand'mère
de ROMEUF. Il y a ici double alliance. Elle fut la mère
de Louis de
VILLERET et la grand'mère de Madeleine de FELIGONDE. J'y
reviendrai
en parlant des VILLERET.
4°) Barthélémy,
Baron de ROMEUF, fut longtemps questeur du Corps
Législatif
sous Napoléon III. Bien allié, bien posé
à Paris, il avait
épousé
Henriette de SOYE, fille d'une SAULTY. J'ai vu souvent cette
tante et c'est
avec cette branche des ROMEUF que nous sommes toujours
restés
le plus liés. C'est Barthélémy ou Thelmy
qui construisit le
petit château
de Saint-Maurice où sont maintenant les d'ANTHOUARD.
Il n'y eut qu'un fils: Maurice, Baron de
ROMEUF, marié à Eugénie AZEVEDO (origine
inconnue).
Nous aimions beaucoup leurs enfants :
a) Guy de ROMEUF, marié à Edwige de
SUSBIELLE (Bordelais), mort assez jeune en
laissant une fille, Solange, qui a épousé un M.
MAZOT, d'où deux ou trois filles que je ne connais
pas ;
b) Hélène,
Comtesse de VASSAL-MONTVIEIL, Château de
MONTBADON(Gironde), cousine que j'aime beaucoup.
Elle a perdu prématurément son mari, brillant
officier de cavalerie, et sa fille unique. Celle-ci,
mariée à Mr de MONTFORT, aviateur de la guerre
1914-18, a laissé un fils et deux filles que je n'ai
vus que tout enfants (Bordelais);
c) Geneviève,
mariée au Baron d'ANTHOUARD de
WASSERVAS, Ministre Plénipotentiaire de France,
décédé en 1944 au Château de Saint-Maurice,
où il
s'était tout à fait fixé. Geneviève,
grande amie de
ma soeur BONNAFOS, est morte vers 1920. Ils ont
laissé 4 fils et 1 fille ; tous, sauf Bertrand, le
deuxième, sont mariés aujourd'hui. Trois fils sont
bien mariés.
32
5°) Louis
de ROMEUF, qui fut procureur général ou
premier président de la Cour à Pau, marié
deux fois. Du premier
lit, il a eu :
a) Gaston, Château
de SAINT-ALYRE (Puy-de-Dôme), d'où deux fils
que j'ai bien connus, un peu plus jeunes que moi, au Collège
des
Maristes de Riom et bien perdus de vue depuis. C'étaient
Jacques
et Jean, le premier a laissé plusieurs fils, dont l'aîné
est
aujourd'hui le Baron de ROMEUF ;
b) Paul, de ROMEUF,
Château de CONDERT (Haute-Loire), intelligent
et très original, a laissé une fille, la Baronne
de VULLIOD, veuve
d'un propriétaire d'importants vignobles dans l'Hérault.
Un fils
de Paul, mort jeune, avait une fille mariée récemment
et un fils
tué dans un accident d'automobile ;
6°) Reste
mon grand-père, Amédée de ROMEUF, fils de
Claude de ROMEUF et de Flore de FAUVEAU. Il épousa Cornélie
BRUN
de VILLERET, fille du Lieutenant Général Baron
de VILLERET et de
Melle de CABOT de la FARE (Julie, si je ne me trompe). Il termina
sa carrière comme Trésorier-Général
du Puy-de-Dôme; c'est pourquoi
nous habitions Clermont-Ferrand, où je suis moi-m~me né,
le 15
février 1868.
Ma mère,
Thérèse de ROMEUF, était fille unique et
ce
que l'on appelait un beau parti. C'est dire qu'elle fut choyée
et adulée. Je ne crois pourtant pas qu'elle fat gâtée
par ses
parents, car je lui ai toujours connu l'esprit de sacrifice et
un dévouement complet pour tous. Elle nous a élevés
sévèrement,
ce dont je lui ai toujours conservé la plus vive reconnaissance.
Ma grand'mère ne nous gâtait pas non plus. Mon grand-père
peut-être, mais il mourut en 1875, j'avais 7 ans.
Mes grands-parents
avaient acheté LAVAURE où l'on
passait tout l'été. Nous allions seulement à
CRECY pendant un mois,
au cours des vacances. A nos yeux, LAVAURE primait tout.
Là, était
le plus beau Château, rempli du plus beau mobilier,
le plus merveilleux pays avec le plus agréable climat,
les gens les
plus aimables, les voisins préférés, les
meilleurs fruits, la cuisine
la plus exquise. Nous aimions bien CRECY, mais pour un temps,
comme
un voyage distrayant, mais ni la grande et belle terre avec ses
vastes
bois, les promenades, les jeux avec les cousins et cousines,
la
compagnie de notre chère grand'mère
les conversations intéressantes, etc..., ne nous auraient
retenus et le retour à LAVAURE était la plus grande
joie. Heureuses
vues de l'enfance qui nous attachent à nos premières
amours et
nous procurent, pour l'avenir, toute une réserve des plus
doux
souvenirs.
Ce qui est très
certain, c'est que mes grands parents
avaient un goût très sûr à une époque
où il y en avait si peu, et
où tant de beaux châteaux ont été
déplorablement abîmés par leurs
restaurateurs. Je dis toujours que les habitations qui ont eu
le
malheur d'appartenir à des gens riches au milieu du XIXème
siècle
ont été détériorées sous le
prétexte d'embellissements, tandis que
celles où l'on n'a fait que très peu de réparations,
faute
d'argent,offrent encore aujourd'hui de magnifiques restes. combien
d'exemples des uns et des autres je pourrais citer dans notre
Bourgogne et parmi nos proches voisins.
Mes grands parents
avaient donc acheté LAVAURE à très
bon compte et presque entièrement garni de ce superbe
mobilier qui
en fait une chose unique. Ils y avaient fait quelques restaurations
sans anachronisme et apporté encore un petit nombre
de très beaux meubles, la plupart, comme les boiseries
peintes de
la salle à manger, provenant du Château d'EFFIAT.
Presque tout le
mobilier ainsi était de style ancien et d'époque.
A l'extérieur,
l'architecture datant, je crois, de 1695, bien qu'un peu lourde,
et du côté jardin, monotone, avait grand air. Des
allées bien
tracées,
même celles parcourant les vignes sur
34.
une hauteur et les vergers le long de la rivière agrandissaient
le
parc un peu exigu et faisaient but de promenades. c'était
en somme
une fort belle résidence, dans un pays où le terrain
a trop de valeur
pour ne pas être ménagé et où il n'y
a pas de bois. Il y manquait
la chasse ; elle manquait surtout à mon père qui
avait été élevé
à CRECY. Mais il avait un si charmant caractère,
qu'il s'était
attaché à LAVAURE sans chasse. Il disait : "Quand
on n'a pas ce que
l'on aime, il faut s'attacher à ce qu'on a".
Mon cher père,
-après avoir été secrétaire de l'Im-
pératrice Eugénie, fit une carrière administrative
comme Sous
Préfet d'Issoire et Secrétaire général
de la Sous Préfecture de
Dijon, -puis il s'attacha pendant plusieurs années, comme
maire,
à l'administration de la Commune de NESCHERS. Il présida
à la
construction d'une belle mairie et d'une école publique,
puis d'une
église très bien comprise et soignée dans
tous les détails, puis
d'une école libre de garçons. Il en recueillit
surtout de
l'ingratitude. Il vécut souriant et aimable jusqu'à
87 ans ; je
n'ai jamais connu une vieillesse plus verte physiquement et
moralement, un plus complet équilibre de toutes les facultés.
Ma mère
qui mourut un an après lui, le 25 mars 1919, à
78 ans, avait été valétudinaire pendant
de longues années. Les
derniers temps, elle souffrait cruellement. Elle restait bonne,
mais son humeur s'était bien attristée.
VILLERET
L'autre côté
de mon ascendance maternelle. Il ne reste que
peu de parents du côté eu de parents du côté
VILLERET.
Mon bisaïeul
était le Lieutenant Général Baron de BRUN
de
VILLERET, qui fut l'aide de camp et l'ami du Maréchal
SOULT. Il
commanda le 13ème corps d'armée à Clermont-Ferrand.
Homme distingué
et très religieux -il y en avait aussi à cette
époque. Un petit
livre: "La morale en actions" qu'on lisait beaucoup
dans ma jeunesse,
raconte cette anecdote à son sujet. Invité aux
Tuileries à dîner un
vendredi, la Reine Marie Amélie à côté
de qui il était placé,
s'aperçoit qu'il refuse tous les plats. "Mais, Général,
vous ne mangez
pas, lui dit-elle. Que désireriez-vous ?" -"Madame,
répondit-il,
sans élever la voix, c'est que tous les mets présentés
jusqu'ici sont
gras et aujourd'hui c'est vendredi". -De l'autre côté,
le
Maréchal SOULT s'inquiète. Il a compris ce qui
se passe. "Mais, voyons,
mon ami, dit-il, mange donc comme tout le monde. Tu sais bien
que
le Roi, comme tous les militaires, est dispensé de l'abstinence".
-"Excusez-moi, reprend le général, et pardonnez
à mon intransigeance
qui date de très loin. Je n'ai jamais fait gras qu'une
seule fois,
le vendredi, ce fut à tel siège en Allemagne où
je me vis forcé de
manger la tête de mon cheval". -La Reine loua, dit
l'histoire,
une obstination aussi résolue et l'on apporta du maigre
sans insister
davantage.
Le Général
de VILLERET avait épousé Julie (?) de LA FARE,
fille du Marquis de CABOT de LA FARE et d'une BRUGE-MONTGOMERY.
Les BRUGE-MONTGOMERY,
originaires de Grande-Bretagne
-Bruge -bridge -pont) ont brillé à la Cour de la
Restauration en
la personne de deux frères: l'un gouverneur de l'Ecole
des Pages,
l'autre, aide de camp de Charles X, si j'ai bonne mémoire.
36
Les mâles
de cette maison quittèrent la France avant
Charles X et devinrent Allemands. Deux officiers BRUGE furent
contre nous pendant la guerre de 1870. Ils passèrent à
LAVAURE où
l'on conserve leur photographie en uniformes allemands et s'y
comportèrent d'ailleurs en bons gentilshommes. Chose curieuse,
quelques 20 ans après, un de leurs descendants, Victor
de BRUGE,
pressé par les sentiments de l'atavisme français,
arriva en France
chez les REGIS, puis s'engagea dans la Légion Etrangère.
Il mourut
sans être marié et il n'est plus question de parenté
du nom de BRUGE.
Si je parle de
cette famille, c'est pour retrouver des
parentés féminines: l'un des frères BRUGE-MONTGOMERY
eut pour
fille la Marquise de la ROCHELAMBERT, cousine de la Générale
de
VILLERET. Je l'ai connue à LAVAURE dans mon enfance, grande
dame
plus ou moins ruinée. Elle avait été élevée
en Allemagne et fut
demoiselle d'honneur de la Reine, plus tard Impératrice
Augusta,
femme de Guillaume Ier. La Marquise de La ROCHELAMBERT eut un
fils,
qui vendit le ravissant château de ce nom, près
du PUY, -si bien
décrit par George SAND dans Jean de la ROCHE -, puis mourut
sans
postérité mâle.
Elle eut aussi
trois filles. L'aînée, la Comtesse de VALON,
légitimiste intransigeante comme sa mère, eut deux
fils et une fille,
Valonette, qui épousa le Marquis de CASTELBAJAC. Les deux
autres
filles La ROCHE LAMBERT furent:
la Comtesse de la BEDOYERE, devenue la Princesse de la MOSKOWA
et
la Comtesse de la POEZE, toutes deux dames d'honneur de
l'Impératrice Eugénie. Nous eûmes des relations
de parenté avec tout
ce monde. Ces relations ont cessé parce que l'on ne s'est
plus
rencontrés; elles pourraient reprendre à l'occasion.
Au degré
suivant, celui de la Générale de VILLERET, mon
arrière grand'mère, se rattachent les parentés
La FARE.
Il y eut plusieurs
LA FARE: l'Abbé de la FARE, grand vicaire de Mgr
de La ROCHEFOUCAULD, évêque de Nîmes, je crois,
l'un et l'autre
massacrés par les sans-culottes sous la Terreur. L'oncle
Thémistocle,
l'oncle Alcibiade, sans postérité.
Ensuite:
a) le Marquis
de la FARE, que j'ai bien connu ; j'allais
chez lui à
ARIGES, près de FLORAC ; il était veuf d'une des
ISNARD et n'a
laissé qu'une fille;
b) le père
de la Comtesse de Régis,
c) la générale
de VILLERET.
Ces trois derniers
n'étaient pas frères et soeurs, mais cousins. Je
me perds un peu en l'absence de mes documents. La famille est
éteinte,
et je n'en parle que pour nous rattacher aux REGIS, auxquels
nous liait
une grande amitié.
Ma tante de REGIS,
née La FARE, chez qui j'ai fait de longs
séjours dans le Midi, eut deux fils et une fille. Celle
ci, Henriette,
célibataire, fort âgée, nous garde les sentiments
les plus fidèles
et m'écrit chaque année. Les deux fils, Georges
et Louis, sont morts
laissant chacun plusieurs enfants.
1°) Louis
a laissé deux fils: l'aîné, Jacques, habite
La
Rostolane, près d'AIX-en-PROVENCE, célibataire
; le second,
Georges, marié à une GARIDEL, habite SAINTE-MARIE
pas loin de TARASCON,
avec la tante Henriette ;
2°) Georges,
l'aîné de la famille, un peu plus âgé
que nous,
était notre grand ami. Il faisait chaque année,avant
son mariage, un
long séjour à LAVAURE, où nous le traitions
comme un frère.
D'Henriette de
BERLIER TOURTOUR, décédée après lui,
il a
eu 6 ou 7 enfants. Il reste un père Jésuite très
distingué, Philippe,
que nous avons vu plusieurs fois à Rome, Directeur du
Séminaire
catholique Russe (de rite oriental) ; Henri, marié à
Gabrielle du
JONCHAY, voisine de JONCY ; Roselyne, mariée à
un
38
officier BALINCOURT,
que j'ai retrouvé dans le régiment de
cavalerie de Mâcon en 1941 ; Marie-Thérèse,
religieuse du
Sacré-Coeur, et Marthe, non mariée, qui vit seule
près de
Draguignan et à N1mes.
A la génération
de ma grand'mère de ROMEUF, née VILLERET,
je retrouve des parentés qui ont joué un grand
rôle dans notre vie
d'enfants ou de jeunes gens, et dont il subsiste bien peu
aujourd'hui. Tant que nous habitâmes Clermont, nous nous
trouvions
naturellement plus liés avec cette branche. Il n'en fut
plus de même
quand mes parents quittèrent CLERMONT pour s'installer
à PARIS,
après le mariage de ma soeur d'AMONVILLE, en 1886.
Le Général
de VILLERET et sa femme, née LA FARE,
laissèrent quatre enfants:
1°) le Baron
de VILLERET, marié à Mélanie de ROMEUF,
soeur
de mon grand-père, comme je l'ai déjà dit
(double alliance). Ils
n'eurent qu'un fils, Louis, Baron de VILLERET, qui épousa
Laurence
BOHA, nièce du célèbre Ministre de Napoléon
III, Mr ROUHER. D'où une
fille unique, Madeleine de VILLERET, mariée tard à
Jacques de
FELIGONDE, bientôt veuve, qui a ces temps-ci 78 ans. Elle
habite
CLERMONT et le VILLERET, terre d'origine familiale, près
de MALZIEU
(Lozère). Elle est la dernière des VILLERET. Habitant
la même ville
depuis trois générations, nous avons été
et sommes toujours restés
très liés avec ce rameau. Madeleine était
fort intelligente, cultivée
et séduisante,comme son père d'ailleurs.
2°) Edmond
BRUN de VILLERET, Conseiller à la Cour de Lyon,
marié à Stéphanie de VEYRAC, père
de Jeanne de LAJUDIE et de
Marguerite de ROTON. Ces deux cousines de ma mère étaient
pas mal
plus jeunes que ma mère et cela les rapprochait de nous.
De la
première, il y a eu deux fils LAJUDIE, Louis et Edmond,
bien mariés
et qui ont des enfants, plus une fille que l'on appelle Manette.
Elle
a épousé
Alfred de CHANTEMELE et a trois ou
39
quatre enfants.
C'est elle qui conserve la vieille maison des
VILLERET au MALZIEU (Lozère).
Des ROTON (famille
lorraine), il reste un fils, Georges,
bien marié aussi. Tous sont de bons parents, que l'on
voit peu,
mais qui nous sont attachés.
3°) Zénobie
de VILLERET, mariée à Dominique de ROUVILLE,
ancien officier. Elle fut longtemps ma tante de prédilection.
Il était convenu dans la famille de ma mère que
"j'étais tout à fait
du côté de cette famille". Lion disait souvent
~ "René, c'est un La
FARE". D'où la préférence que me marquaient
les oncles et tantes de
ce côté et même ma chère grand'mère
de ROMEUF. Je me sentais aussi
attiré vers eux par un certain atavisme. Les ROUVILLE
n'eurent qu'une
fille, Gabrielle, qui épousa Louis, Baron de MATHAREL,
Receveur des
Finances.
La tante de MATHAREL
était comme une soeur pour ma mère.
L'on se voyait chaque jour. Habitant la même ville et même
longtemps la même maison que les ROUVILLE, il devait exister
une
grande intimité entre enfants et entre parents, comme
elle avait
existé entre nos grands parents, Louis de VILLERET et
Madame de
MATHAREL pour ma mère, Marguerite de MATHAREL et Madeleine
de
VILLERET (devenue FELIGONDE) pour mes frère et soeurs
et moi.
Il en sera bien différemment de ceux qui nous survivront
et que
nous ne connaissons presque pas. Je veux parler de la descendance
de la tante de MATHAREL. Elle n'eut qu'une fille, Marguerite,
qui épousa Ernest du VERNIN, de Clermont-Ferrand. Les
du VERNIN
étaient des amis de ma mère, comme ils passaient
l'été à
VIC-LE-COMTE, tout près de LAVAURE, nous nous voyions
beaucoup à l'époque des vacances. . Des du VERNIN,
il y eut
un fils, Jules,
tué à la guerre de 14-18, et une fille, mariée
au Comte de CERNOWITZ. Ce CERNOWITZ, officier français,
était
le fils d'un aide de camp ou chambellan du roi Georges de Grèce,
qu'il accompagnait dans ses voyages annuels en France et fut,
je crois, à ses côtés, quand le Roi tomba
sous
40
les coups d'un
assassin à SALONIQUE. Le fils CERNOWITZ et
sa femme, Catherine du VERNIN, ont été assassinés
eux-mêmes,
il y a moins d'un an, par des maquisards, je crois. C'est
à peine si je les ai connus et je ne connais pas du tout
leurs enfants
(un fils et une
fille, me semble-t-il).
4°) J'ai
laissé ma grand'mère pour terminer,
bien qu'elle fût, je crois, la seconde des enfants du
Général de VILLERET. c'était Cornélie
de
VILLERET ,appelée Nélie, elle épousa Amédée
de ROMEUF
et n'eut pas d'autre descendant que
Thérèse de ROMEUF, mariée au Comte de CHERISEY.
A ce degré
de mon père et de ma mère, il n'y a plus qu'à
se reporter
au côté paternel CHERISEY, et à nous-mêmes.
Les deux lignées
sont soudées. Je m'excuse
d'avoir été si long et assez diffus. J'ai écrit
au courant
de la plume et je ne suis plus, hélas, en état
d'affronter
une retouche ou une mise plus en ordre de ce travail. Tel
quel, si mes enfants prennent la peine de le lire, il leur
apprendra un peu d'où ils viennent et ce qui ils doivent
conserver de notre passé.
24 mars 1945,
René de
CHERISEY
41
RESUME DE NOS
PARENTES
Je crains de
m'être perdu un peu dans les détails en
décrivant toutes nos alliances. Cela paraîtra fastidieux.
Peut-être serai-je plus clair en les résumant ici:
COTE PATERNEL
D'abord les plus
proches côté CHERISEY :
1°) Enfants
de mes frères et soeurs: MEURVILLE AMONVILLE
-JABRUN -BONNAFOS
2°) Enfants
de nos cousins germains:
FONTANGES -GRASSE -BEAUVILLE -des FRANCS
3°) Enfants
des issus de germains:
Les descendants de Gérard, le Marquis actuel 1
ceux de ses soeurs: BERU -CARMEJANE -SAINT-HILLIER ; ceux
des LAPEYREY-NITOT (O'CORMAN sans enfants).
4°) En remontant
jusqu'aux CHERISEY, auteur commun, fin
XVIIIème siècle, désigné sous le
nom de Louis III, nous avons deux
grandes ramifications:
a) par la soeur
de sa femme: tous les d'AUDIFFRET-PASQUIER
et CORAL, IMECOURT
et ses soeurs, NEVERLEE ;
b) par sa soeur
: HUNOLSTEIN-BRYAS, CHEZELLES, des COURTILS, etc..
Du côté
JONCY, ma grand'mère paternelle, il ne reste
personne.
COTE MATERNEL
Ramification
par les cousins germains ou
issus de germains de ma mère, celle-ci n'ayant pas de
frère ou soeur:
l ROMEUF, VASSAL,
d'ANTHOUARD, beaucoup
d'enfants,
BAUMEFORT devenu LIMAIRAC, BELINAY, BAUDIN, de la
VALLETTE, VULLIOD.
II -VILLERET,
La FARE: FELIGONDE, LAJUDIE,
ROTON, CHANTEMELE,
CERNOWITZ, REGIS.
1Je ne parle
pas des plus jeunes, on les connaît mieux et l'on pourra
les rattacher aux noms ci-dessus. La nomenclature détaillée
complètera celle-ci en tous les points de détails.
En général,
j'ai donné quelques
indications sur les parents disparus ; je n'ai rien
dit de ceux qui existent aujourd'hui. Mes enfants ont
sans doute sur ces derniers leur opinion faite et
peuvent les juger autrement que je ne les jugerais
moi-même.
NOTA
L'usage adopté
par les maisons des marches lorraines est,
à l'exemple des familles du Saint-Empire Romain que, -le
titre
de Marquis étant dévolu à l'aîné,
-tous les mâles portent le titre
de Comte avec le prénom. Cette coutume n'existait pas
en France.
-Aujourd'hui,
hélas, il n'y a pas que fantaisie et
incohérence dans cet ordre de choses.
-Sous la Restauration,
l'on avait inventé de décliner les
titres -le fils d'un Duc de l'Empire voulant être Marquis,
etc...
-A la Cour de
Charles X , le titre de Vicomte fut
attribué à Victor, Louis, François de CHERISEY,
chef de la branche
cadette, mon grand-père. Plus tard, il redevint le Comte
Victor. Le
titre de Vicomte a été porté depuis par
le représentant du dernier
rameau. Mon père l'a conservé toute sa vie.
Il alla à
Jean, fils de Gérard, époux d'Antoinette de
LANNOY. Aujourd'hui, ce titre est porté par mon dernier
fils,
Guillaume, qui est bien le cadet de tous les CHERISEY.
Telle est l'explication
d'une anomalie qui peut
surprendre.
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